Réflexion sur l'obéissance et la narration
Loved est un jeu flash crée par Alexander Ocias. C'est une des expériences les plus intéressantes auquel j'ai eu a jouer, et vous allez vite comprendre pourquoi. Le jeu se présente sous la forme d'un plateformer en noir et blanc. Plutôt classique au premier abord. Le gameplay en lui même n'a rien d'original, vous pourrez juste bouger et sauter. Parfois, des carrés colorés apparaitrons, et envahirons peu à peu les niveaux. Les codes du jeu de plateforme sont tous la, de manière on ne peux plus schématiques (checkpoints, ennemis mouvants, pics, etc...). Le jeu commence sur deux phrases a choix. Tout cela est complèté par une musique planante, des notes tirées sur plusieurs secondes. Une ambiance basique, pas très intéressante.
Etes vous un homme ou une fille? J'ai répondu Homme. Non, vous êtes une fille. Avez vous besoin qu'on vous explique le jeu. J'ai répondu oui. Ok, ça a pas autant d'importance que dans un jeu Bioware jusque la. OH WAIT!
You Will Fail.
Cette dernière phrase est représentative de tout le jeu. Ce jeu, et son narrateur, vous hais. Vous allez avancer, peu a peu, et le narrateur va vous donner des ordres. Vous avez la possibilité de ne pas obéir. Ou si. Je vous laisse expériementer ce qui se passe en fonction de vos réponses. La partie dure entre 8 et 15 minutes, selon votre manière de jouer, mais cela suffit a faire passer le message métaphorique du jeu.
Le jeu vidéo est un média interactif, et se vante de cette singularité par rapport aux autres médias. Pour beaucoup de gens, la force du jeu vidéo, c'est la faculté d'action du joueur, et donc le fait qu'il soit acteur de son aventure, n'ayant pas toujours a subir la volonté du créateur. Des fois, c'est pratique, on sent un sentiment de liberté, de non conformiste. Quand on a plusieurs chemins, on va souvent prendre le moins évident, pour voir comment le jeu va réagir. Ron Gilbert disait qu'il détestait les joueurs car quoi que le développeur fasse pour lui indiquer des choses, le joueur va toujours pousser le jeu dans ses retranchements. La force du jeu vidéo, c'est cela, l'action. Et la désobéissance, parfois. Souvent même. Loved explore cette thématique de l'obéissance dans le jeu vidéo de manière évidente. Le paradoxe de ce média, comme je le disais, c'est qu'il se prétend supérieur aux autres grâce a l'interactivité qu'il propose mais que le joueur passe la majorité de son temps a obéir a ce qu'on lui dit. Vas ici. Tue ce mec. Va lire le dernier post de Liehd sur FF X. Vas troller David Cage car c'est cool de troller David Cage.
Ensuite, le fait de vous imposer directement le fait de jouer un personnage de l'autre sexe a été vu comme assez agressif par pleins de gens, comme si vouloir jouer un personnage masculin ou féminin, en fonction de votre choix, était systématiquement une erreur. Je trouve cela un peu exagéré, mais bon, les ressentis sont intéressants. Le narrateur est très perturbant, il va vous dégouter, vous dévaloriser constamment. En plus d'un « Good Girl » ou « Good Boy » très infantilisant, il vous caractérise souvent de «créature horrible » ou « déception ». Le jeu ne nous donne pas non plus d'indication sur le lien entre le narrateur et le joueur. On peux l'interpréter comme un dialogue métaphorique entre deux amoureux. Loved est un des rares jeu dans lequel on ne tire finalement pas de satisfaction au fur et a mesure que l'on passe les obstacles, tant le ton du narrateur est dévalorisant, et insultant, parfois. Et pour arriver a me marquer autant avec 5 mn de jeu, je dis chapeau, Mr Ocias.
Alors, jouez a Loved. Et testez. Et faites votre propre interprétation.