Depuis la Nintendo 64, à chaque génération de console, Nintendo nous sort un jeu afin de casser son image de compagnie familiale pleine de personnages rigolos et inoffensif. Un jeu bien bourrin, dark, crade, qui tente d'être plus "adulte que le plus adulte des jeux."Shadow Man sur N64, Killer 7 sur Gamecube, Bayonetta et Zombi U sur Wii U.
L'exemple le plus extrême reste ce MadWorld (rien à voir avec la chanson de Tears for Fears) dont le pitch semble sortir d'un brainstorm consistant à trouver le truc le plus bourrin et le plus outrageant possible : C'est une compétition sous forme de jeu télé, dans laquelle les participants doivent exploser des types de la manière la plus gore possible. Nous jouons donc Jack (280eme au classement au départ du jeu) qui en plus d'avoir une force de brute possède une tronçonneuse sur sa main droite, découpe des types, les empale sur des murs remplis de piques ou leur enfonce des panneaux de signalisation dans la tête (la liste des cruauté n'est pas exhaustive.) Le tout, commenté par des présentateurs qui placent le plus de vulgarité, de remarques sexuelles et de jeux de mots pourris possible.
Agreugreuh, je suis bourrin :
Même 10 ans après sa sortie, je me demande encore toujours par quel miracle ce jeu n'a jamais déclenché les émois des ligues de censure, là où les différents Manhunt ou GTA ont droit à leur petit scandale. Parce qu'il est en noir blanc façon Sin City que seul le sang est rouge, ce qui lui donne un côté "comic book" et donc de la distance avec ce qu'il se passe ? Parce que c'est Sega ? Ou bien.... parce qu'il est sur Wii et que personne ne jouait plus vraiment à la Wii à l'époque ?
Le jeu se présente entre un mélange de jeu de baston type Beat'Em'All (ce qui est plutôt du Kill'Em'All à ce niveau là) entrecoupé de QTE ce qui lui confère par moment un petit côté Dance Dance Revolution du massacre. Pour le coup, il s'agit d'un des rares jeux de la Wii qui a pleinement compris l'intérêt du médium, de la Wiimote et de la façon dont on s'en servait. Y compris dans la durée de jeu...
En effet, après ma première partie, j'ai jeté un coup d'oeil au site Howlongtobeat pour voir en combien de temps en moyenne on finissait MadWorld. Il m'affichait un "entre 8 et 10 heures" qui m'a plutôt rassuré. Cela permettait de faire des courtes sessions d'une ou deux heures de jeu durant une ou deux semaines sans se lasser. Plus court ça aurait été une arnaque, plus long le jeu aurait ennuyé.
Il faut dire que la difficulté est assez en dent de scie : arrivé au milieu du jeu (toute la partie "donjon" et la zone 3) celui-ci offre un pic de difficulté inattendu (notamment avec un des ennemis qui peut vous one-shoter, des ennemis bien bourrin et un boss très punitif) ce qui m'a presque donné envie d'arrêter. Toutefois, une fois passé la zone 4 le côté punitif disparait et à vrai dire, je n'ai dû m'y reprendre à une fois pour tuer le boss de fin de jeu. (Je m'attendais franchement à un boss caché après lui.)
Le cul entre deux chaises :
Après, niveau scénario, le jeu est typique du genre de production qui n'assumant pas son côté "gratuitement bourrin" tente de raconter une histoire qui a l'air en apparence "mature et complexe" qui en réalité est juste cliché. On a donc une histoire de conspiration mondiale, une fausse dénonciation du capitalisme et des médias qui s'avère être.... le lot habituel des histoires de conspirations et de télé réalité, depuis Maranthon Man à l'épisode Vengeance On Varos du Doctor Who des années 80 (et j'en oublie certainement.)
Ce qui est étrange, c'est que cette histoire est en contradiction avec le gameplay. Ainsi, on apprend dans l'histoire que les plupart des participants sont des type qui ont été obligés de s'entretuer, pourtant, dans le jeu, ils ont tous une tête de "mob interchangeable" qui nous donne aucun remord à les tuer. C'est juste des trucs à tabasser au point que le jeu les remplace par moment par des zombies, des robots ou des extra-terrestres. On a vu mieux niveau "subversif."
D'ailleurs la mort des protagonistes est traité de manière étrange. Si l'on suit le scénario, elle semble être permanente. Pourtant le personnage du Baron Noir ne cesse de revenir à chaque mini-jeu après s'être fait empalé ou décapité durant le tutoriel. Certains sous-boss reviennent et même les commentateurs soulignent ce fait avec une ou deux blagues.
Un mot sur ces derniers. Ceux-ci sont parfois assez drôles, mais hélas le gameplay fait qu'une même vanne va revenir plusieurs fois à la suite, les rendant TRÈS TRÈS RELOUS. De plus, pour avoir jeté un coup d'oeil à ce qu'ils disaient sur TvTropes, je me suis aperçu que leurs vannes étaient 100 fois plus drôle en V.O. D'ailleurs, pour une raison qui m'échappe, dans le générique de fin où ceux-ci se moquent de l'équipe technique, ceux-ci sont en V.O. non sous-titré. (Le reste du jeu alternant VOST et VF entre les phases de jeux et les cinématiques.)
Un petit mot sur la musique. Je ne l'ai pas trouvé si géniale que ça, mais pas mal de gens avouent beaucoup aimer. Il faut dire que c'est assez rare d'avoir un jeu dont la B.O. est à 100% composé de hip hop indé. Donc, disons que ça n'était pas ma tasse de thé. De plus, elle a étonnement été faite par Naoto Tanaka, le compositeur de Phoenix Wright.
(Addendum : Je relis cette critique, 4 ans après l'avoir écrit et mon opinion à changé depuis. Il m'arrive de réécouter des morceaux de Mad World et les trouver vachement chouette.)
C'est d'ailleurs assez dingue de voir les noms prestigieux qui ont bossé pour ce jeu. Il faut dire qu'à l'époque c'était un coup d'essai pour Platinium Games mais que ce "nouveau studio" comptait des vétérans de chez Capcom et Sega. On retrouve ainsi Yasumi Matsuno (Ogre Battle) au scénario Atsushi Inaba, (Viewtifull Joe) à la production et Shigenori Nishikawa (Resident evil 4) à la réalisation.
Bref, il faut voir MadWorld comme un ovni, un coup d'essai pour Platinum Games qui offre une expérience bourrine, courte et divertissante. Et c'est tout ce qu'on lui demande.