Grand fan de la trilogie Mass Effect et des productions Bioware, j’attendais Andromeda avec un mixte d’appréhension et d’excitation. Malheureusement au fur et à mesure que les mois défilaient les news se faisaient de plus en plus rares, ce qui est peu à peu venu à bout de ma hype. Entre temps, est sorti le lamentable Dragon Age Inquisition qui n’était rien de plus qu’un MMO bâtard mal assumé avec le boss provenant d’un DLC de Dragon Age 2 et dont la véritable fin est sorti un an après dans un DLC à 15 balles. Suite à cela mon manque d’intérêt s’est mué en inquiétude, je craignais vu le succès de Dragon Age Inquisition, que Mass Effect Andromeda prenne la même voie en se focalisant sur un monde ouvert triste, vide et ennuyeux.
Je n’étais pas de ceux qui hurlaient au complot féministe LGTB en voyant la gueule des personnages, je n’étais pas de ceux qui criaient au boycott suite aux éternelles provocations de cet abruti de Manveer, je n’étais pas non plus de ceux qui se plaignaient du manque de charisme apparent de Ryder et de l’équipage avant même d’y avoir joué. Je n’étais pas non plus de ceux qui affirmaient que Shepard et le Normandy étaient irremplaçables ou que l’initiative Andromède était totalement incohérente vis-à-vis de la trilogie. Seul m’importait que le jeu soit divertissant et agréable dans la veine de la trilogie et du premier Dragon Age. Après avoir cumulé près de 60 heures de jeu, je dois malheureusement m’inscrire en faux. Certes, Mass Effect Andromeda ne mérite pas un tel bashing, mais il demeure que le jeu accumule de nombreuses tares qui méritent effectivement d’être dénoncées. Ce Mass Effect n’est en lui-même pas un mauvais jeu, son plus grand tort est de finalement n’exceller en rien. Chaque qualité est systématiquement contrebalancé par un défaut, à tel point que le jeu navigue sans arrêt entre l’émerveillement et la consternation. Le fait que ce jeu ait tenté de répondre à un cahier de charge est particulièrement palpable. Bioware a ici tenté de reprendre les éléments qui ont fait le succès de chaque volet de la trilogie : L’exploration et la découverte du premier, les missions de loyauté du second, le gameplay plus orienté action et les romances plus travaillés du troisième. Leur grande erreur a finalement été de croire que piocher à gauche à droites quelques éléments populaires auprès des fans, sans pour autant insuffler une structure, une âme à l’ensemble suffirait. Mass Effect Andromeda sonne faux, son manque de finition est très criant. En outre, n’étant pas sur de sortir une suite, les développeurs n’apportent pas réellement une véritable conclusion à l’intrigue et multiplient les pistes qui ne trouvent pas de réponses. On sent d’ailleurs venir à des kilomètres à la ronde le futur DLC impliquant les quariens dès la fin (mais cette fois ne croyez pas que je verserais plus de sousous dans vos popoches les gars !).
Mass effect Andromeda n’est cependant pas dénué de qualités comme je le disais. L’idée de base en elle-même est très intéressante, cependant Bioware n’a fait que gratter à la surface de son potentiel. Si la quête principale se laisse suivre, le scénario global est particulièrement classique pour ne pas dire banal. Ce Mass Effect reprend exactement la même trame que Dragon Age Inquistion : un héros doté d’une capacité spéciale qui le rend totalement indispensable va totalement débloquer la situation en réunissant un groupe hétéroclite contre la menace ancienne à voix caverneuse (remplacez la marque de l’inquisiteur par le scanner et les failles par les interfaces et consoles reliquats et vous y êtes). Le jeu laissait pourtant présager quelques intrigues et dénouement politique entre les différents responsables de l’initiative mais tout cela est très peu développé. De même, le jeu souffre d’un arrière-gout de déjà vu avec une énième menace krogan sous exploité, une Aria T’loak et un oméga du pauvre, des Ketts qui ne sont finalement qu’un obscur mélange entre les récolteurs et les troupes moissonneurs. Rarement Mass Effect Andromeda surprend. Le jeu aurait pu être plus intimiste et humain mettant en avant la famille mais là encore, le résultat ne fait que gratter la surface. Le fameux jumeau est totalement sous exploité et absent durant les neuf dixième du jeu. Quand est il du lore ? Jusqu’à présent l’un des points forts de la trilogie. Les cinq races (galariens, turiens, asari, krogans et humains) ne sont en rien plus approfondi et ce spin off ne fait finalement qu’introduire que deux nouvelles races peu recherchées qui plus est. Les Ketts ne sont que la méchante race alien de service (d’ailleurs le twist sur leurs créations est tellement téléphoné que s’en est risible) menée en outre par un Archonte aussi peu mémorable que charismatique. Bioware semble avoir de plus en plus de mal de mettre en scène des antagonistes complexes. Les Angaras quant à eux ne sont pas très intéressants étant une espèce de mixte entre Twi'lek et Togruta. D’ailleurs si les males sont plutôt bien réussis, les femelles se voient dotées d’une apparence franchement cartoonesque.
Bioware loupe également le coche avec Ryder qui est de très loin, l’avatar le moins charismatique qu’il m’ait été donné de voir dans une production Bioware. C’est bien beau de vouloir proposer un héros plus faillible, moins expérimenté mais le booster avec une IA qui lui donne accès à toutes les capacités de Shepard est quelque peu paradoxal. A aucun moment, Ryder ne s’affirme en tant que leader. Il n’est pas non plus possible de lui donner une véritable consistance, le système de conciliation/pragmatisme ayant été remplacé par un truc plutôt quelconque. Il n’est pas non plus possible de le rendre impitoyable, hautain ou brutal. Il semble être enfermé constamment dans le rôle du pacifiste diplomate. Même Hawke et l’inquisiteur avait à ce titre plus d’épaisseur avec le système de personnalité. Ryder est finalement bien fade, à tel point qu’on en viendrait à se demander si ce n’est pas l’IA SAM qui fait tout le boulot. A première vue, l’équipage m’inquiétait ressemblant à première vue énormément à celui du premier opus. Le jeu a sur ce point, su me surprendre positivement. Les compagnons ne sont pas des clones, ils ont leur propre substance. Peebee, Drack et Jaal sont assez attachants, Cora et Liam sont effectivement assez lisses mais bon pas plus qu’un Jacobs/Kaidan/Véga/Ashley j’ai envie de dire. Le pilote Kallo est également assez amusant en revanche le reste est on ne peut plus transparent. Mention spéciale à la rouquine Suivi qui ne dégage rien. Ce qui est plus dérangeant en revanche, c’est qu’importe vos décisions les personnages ne peuvent pas mourir ou quitter l’équipe ce qui tue dans l’œuf une partie des enjeux. Le joueur n’a réellement pas à s’inquiéter de ce qu’il fait vis-à-vis de ses compagnons, d’ailleurs les choix n’ont finalement pas tant d’impact que ça en fin de compte. J’ai obtenu la meilleure fin possible et en checkant la pire fin sur Youtube, force est de constater qu’il n’y a pas énormément de différence. L’écriture de certaines scènes et certains dialogues font peine à voir. Je crois que le doublage très moyen ne doit pas aider, car la plupart des vannes de Ryder tombe réellement à plat. Je me rappelle d’une scène ou une meneuse krogan nous envoie chier puis nous balance 3 quètes plus tard qu’on va tous devenir amis (mots pour mots). Bioware a visiblement cherché à renouer avec le fan service de Citadelle mais ça sonne ici faux et très forcé, notamment avec la soirée film qui fait plus grincer des dents que rire.
Au niveau du design, comme toujours Bioware réalise de superbe décors……mais désespérément vides. A l’image d’un Dragon Age Inquisition, on s’emmerde comme un rat mort sur ces éternelles surfaces désertes et si certaines planètes comme Kadara ou Harvaard sont sublimes, j’affirme haut et fort qu’il devrait y avoir des lois pour protéger les joueurs des maps comme celles de Voeld et d’Elaaden. Non parce qu’honnêtement ces interminables déserts de sable et de glace, avec d’innombrables chaines de montagne qui nous oblige sans arrêt à faire des détours avec des putains d’objets et d’objectifs qui se trouvent plantés entre deux coins de montagnes parfois quasiment inaccessible, c’est juste INSUPPORTABLE ! Bioware n’a ici pas tiré leçon de Dragon Age Inquistion. On retrouve les systèmes de campement, les zones d’intérêts, les minéraux à aller chercher, le système de compétences ou il faut foutre des points de ci de là mais qui au final n’a aucune importance ni conséquence dans le scénario.
Les ressources ! Ca a toujours été chiant dans la trilogie et ça l’est encore plus ici ! Vous voilà encore condamné à scanner des planètes et chercher des minéraux parce qu’il faut absolument chercher 15.000 saloperies pour faire une armure, un mods, une arme alors que bon finalement vous trouverez du matériel tout aussi performant chez le marchand du coin. On se retrouve avec les discussions à distance avec les marchands et certains PNJs, qui brisent l’immersion. D’ailleurs, en parlant des scans qui j’imagine devait être inspiré des sens de sorceleurs de The Witcher. Très franchement, j’ai l’impression d’avoir passé la moitié du jeu à scanner des trucs et appuyer sur des consoles. Vous vous rappelez du système de planète de ME3 ? Et bien la aussi, c’est encore pire ici puisque l'on vous rajoute 15 secondes d’animation chaque fois que vous allez d’une planète à l’autre.
Le système de combat est en revanche assez fun. N’étant pas particulièrement adepte du combat stratégique, je n’ai pas été trop dérangé par l’orientation plus action du gameplay. Les gunfights sont dynamiques, très vivantes et les nouveaux mouvements apportent un petit plus même si c’est parfois un peu confus en raison d’une caméra qui bouge beaucoup. Je me serais en revanche bien passé de l’orientation plateforme du gameplay nous obligeant à sautiller gaiement. L’IA des compagnons laisse un peu à désirer surtout en mode difficile où ils ont tendance à tomber comme des mouches. D’ailleurs on regrettera de plus pouvoirs contrôler leurs capacités en plein combat. Si le large éventail de capacité fait plaisir à voir à première vue, on regrettera amèrement qu’il n’y ait que 3 emplacements pouvoir. Quel est l’intérêt de nous donner accès à une soixantaine de capacités si il n’est possible de n’en utiliser que 3 ? Je ne sais pas pour les autres joueurs mais moi j’ai autre chose à foutre que de changer de classe et de capacité en plein combat. Pour couronner le tout l’interface est également assez lourdingue.
Qu’en est-il des quêtes ? Pas grand-chose à dire au niveau des quêtes principales et des missions relationnels. Le reste est malheureusement totalement inintéressant. Je nuancerais mes propos en soulevant qu’il y a tout de même quelques efforts notables vis-à-vis de Dragon Age Inquisition. Il y a beaucoup moins de quêtes fédex, davantage de quêtes secondaires scénarisées et en outre il n’est plus nécessaire de se taper un max de fedex pour avancer dans l’intrigue. Malheureusement il n’empêche que la majeure partie des quêtes secondaires demeurent totalement inintéressantes, bien que les scénaristes aient la fourberie d’enrober l’ensemble derrière une vague construction scénaristique. Bioware n’arrive toujours pas à concilier le statu du personnage avec les quêtes en cours, car une fois encore on ressort avec l’idée que le monde autour de nous est peuplé abrutis consanguins incapables de se débrouiller :
Oui vous voulez bien allez chercher ma marchandise se trouvant dans les 4 coins de la map ? Oui vous voulez bien scanner l'eau pour trouver le prédateur ? Oui vous voulez bien allez poser ce collier sur le corps de mon frère ? Oui vous voulez bien allez sur 4 planètes différentes et scanner 12 trucs pour me rapporter mes artefact ?
De même certaines quêtes se révèlent particulièrement pénibles. La quête des souvenirs de papa Ryder qui en apparence a une portée scénaristique majeure ne se résume finalement qu’à aller chercher, les deux tiers de la quête, des déclencheurs de souvenir se trouvant dans les quatrescoins de la map. Déclencheurs qui se trouvent parfois entre deux coins de montagne nous obligeant à sautiller sans arrêt comme un con et faire d’énormes détours face à d'interminable chaine de montagne. Restaurer les planètes ça consiste en quoi ? Encore une fois à se rendre sur les 4 coins de la map pour scanner des glyphes qui permettront de faire des sudokus pour ouvrir un caveau ou on passe son temps à appuyer sur des consoles et sauter d'une plateforme à l'autre. Vous trouvez que ça apporte quelque chose au lore ou au scénario ? Vous trouvez qu'il y a des choix à faire ? Que c'est stimulant ? Désolé mais non.
Je ne m’attarderais pas trop sur le créateur de personnage qui est effectivement inférieur à celui de Dragon Age Inquisition, ce qui est tout de même un comble, ce dernier étant sorti deux ans plus tôt sur le même moteur. Le joueur était tout de même en droit d’attendre un créateur de personnage d’une qualité équivalente à celui de DAI. Non seulement il n’est plus possible de changer la forme du nez, des yeux, de modifier les oreilles et la gorge, de changer l’emplacement des cicatrices mais en plus les presets sont tellement immondes qu’on a l’impression de faire face aux descendants des rescapés de Tchernobyls. Les animations faciales, axe principal du bashing, datent effectivement d’un autre age. A ce stade, c’est presque scandaleux d’avoir un rendu pareil. Car Bioware s’en tirait mieux avec Dragon Age Inquisition. Il est consternant de voir que les asaris jonglent entre 3 faces modèles, on se croirait dans l’attaque des clones. Il est consternant de voir que les animations faciales ne sont mêmes pas meilleures que celles de Mass Effect 3 pourtant sorti 5 ans plus tôt sur Old gen. Outre, le regard de poison que partagent la majeure partie des personnages, certains sont presque terrifiants à voir notamment Addison qui garde la même expression faciale tout le jeu durant. Certains prétendent que ces animations ne sont pas si importantes. C’est pourtant particulièrement important dans un jeu qui où priment l’immersion et le relationnel entre les personnages. C’est comme mater un film ou les acteurs jouent comme des pieds. Comment prendre la mort d’un personnage centrale au sérieux quand votre personnage sourit comme la dernière des andouilles ? Cela dit les problèmes d’animation ne touchent pas que les faciès des personnages. Bioware ne sait visiblement toujours pas animer les femmes qui marchent comme des camionneuses. Certaines scènes sont même involontairement hilarantes comme Peebee qui tient son flingue à l’envers, une bagarre de bar ou les protagonistes frappent à coté et un combat de krogan qui ferait même hurler de rire les catcheurs de la WWE.
https://www.youtube.com/watch?v=0W0dL5ersL8
https://www.youtube.com/watch?v=sUfZMocgHKc
Le tout pourrait encore aller s’il n’y avait pas autant de bugs. De ce côté-là j’ai été servi. Equipier qui reste les bras en croix en plein champs de bataille, porte qui ne s’ouvre pas, personnage qui reste bloqué sur un flanc de montagne. Ce jeu comporte d’ailleurs deux des bugs les plus mémorables qu’il m’ait été donné d’expérimenter. Le premier où mon personnage fusionnait littéralement avec Peebee dans la soiré film ou le second où mon personnage est carrément tombé du Tempest en s’approchant trop de la carte stellaire. J’imagine bien évidemment que le tout sera patché mais tout de même sortir des bugs pareils après 5 ans de développement ça fait mal.
Je conclurais sur les romances. Comme pour Dragon Age, les développeurs se sont sentis obligés de rajouter un cœur dans les dialogues romantiques au cas où vous seriez trop idiot pour comprendre que choisir l’option « vous avez quelqu’un ? » équivaut à draguer. Cependant je dois dire que j’ai apprécié le fait que Bioware assume en fin son statut de jeu adulte, osant soulever le tabou de la nudité. Certaines scènes sont d’ailleurs quasiment du niveau de The Witcher. Le plus surprenant est qu’honnêtement les scènes de sexe de Cora et Peebee sont très sensuelles et romantiques sans être racoleuses mais qu’en plus elles sont bien mieux animées que 95 % des scènes du jeu. A croire que Bioware avait le sens des priorités. Malheureusement pour eux même les derrières absolument divins de Cora et Peebee ne rendent pas le jeu plus agréable pour autant.