Metal Gear: Ghost Babel
7.1
Metal Gear: Ghost Babel

Jeu de Konami et Tose Software (2000Game Boy Color)

Metal Gear étant l'une de mes licences préférées, si ce n'est ma licence préférée, j'avais toujours eu envie de découvrir ce Ghost Babel, épisode certes non canonique, mais jouissant tout de même d'une certaine réputation.

Cependant, autant être très clair tout de suite, je ne m'attendais pas à une merveille non plus, puisque étant aux contrôles du projet, non pas Hideo Kojima, mais Shinta Nojiri, responsable des deux Metal Gear Acid (auxquels je n'ai jamais joué, notamment à cause des nombreuses critiques négatives à leur encontre), ainsi que du troisième acte de Metal Gear Solid 4, à savoir le moins bon des cinq du jeu.


Mais concrètement, que vaut ce Metal Gear Ghost Babel ? Déjà, aucun doute possible, on est bien face à un Metal Gear : à peine le jeu lancé qu'une longue "cinématique" ainsi que de nombreux dialogues nous sont présentés. Si on a l'habitude avec la saga, force est de constater que cela se révèle plutôt rare, même exceptionnel, pour de la Game Boy. La narration n'a donc pas été mise de côté, et celle-ci se révèle plutôt agréable à suivre tout du long, bien que non dénuées de défauts. En effet, ce Ghost Babel fait un peu cliché, voir parodie, du scénario d'un épisode de Metal Gear. On retrouve ainsi des éléments propres, peut-même éculés, de la saga, comme les méchants qui font un discours d'adieu avant de mourir, la présence d'un traitre au sein de notre équipe ou encore des sous-entendus bas-de-plafond (Snake étant opposé à Viper, et un certain Weasel se trouve dans notre équipe… ). En plus de cela, le titre nous perd en nommant des personnages qui ne seront à aucun moment montrés à l'écran, en plus de n'être mentionnés que dans cet épisode de la saga (en l'occurrence, John Parker et Steve Gardner). Enfin, la fin est globalement ratée :

Le traitre présent dans notre équipe, McBride, est tué hors-champ par Weasel qui s'avère être un mercenaire engagé pour tous nous éliminer, mais qui décide tout de même de nous épargner, car nous sommes des gens bien. Bien entendu, la fin est aussi l'occasion pour les scénaristes d'enchaîner révélation sur révélation, quitte à rendre le tout indigeste.

Bref, il y a un scénario, il reste agréable à suivre… mais on l'oublie une fois la console éteinte (ou l'émulateur fermé).


Au niveau du gameplay, on est très proche des deux Metal Gear publiés sur MSX, surtout le second. On peut donc ramper ou se cacher dans un carton ; on retrouve les lasers détectables grâce à la fumée de cigarette ou aux lunettes thermiques ; certains éléments du sol font du bruit et peuvent alerter les ennemis si nous marchons dessus ; on peut se faufiler dans des conduits ou se cacher sous des bureaux… bref, pour peu que l'on connaisse les premiers épisodes de la saga, nous sommes en terrain conquis.

Cela n'empêche pas le titre d'apporter quelques éléments de gameplay bienvenus. Ainsi, en plus des chiens qui peuvent nous détecter à travers les murs, certains niveaux comportent des oiseaux qui peuvent s'envoler et alerter l'ennemi si on s'en rapproche trop ; aussi, il est possible de se faufiler en passant par les hautes herbes ou en s'allongeant dans des zones boueuses… malheureusement, ces éléments de gameplay ne sont pas assez exploités et finissent même par disparaitre une fois arrivé dans la seconde partie du jeu. C'est d'ailleurs l'un des principal défaut du titre : cela a beau durer environ huit heures, ça perd en intérêt une fois arrivé à la moitié, notamment à cause d'un manque de renouvellement, que ce soit concernant son gameplay ou ses décors. De surcroit, le titre abuse parfois au niveau des allers-retours : le pire étant le niveau 5 qui nous demande de retraverser la même zone plusieurs fois, mais avec des cartons de couleurs différentes… pour peu que l'on souhaite tout visiter, on va passer un temps fou dessus.

Le pire reste tout de même les boss. Pour le coup, aucun d'entre eux n'est mémorable. L'affrontement contre Viper se révèle ennuyeux, celui contre Marionette Owl incompréhensible (je l'ai battu du premier coup sans savoir comment). Si le jeu possède tout de même un certain côté "méta" par moment, les boss se montrent en fin de compte très classique : si vous vous attendiez à retrouver l'intelligence derrière le combat face à un Psycho Mantis ou à un The End, vous allez être déçu.


Le titre possède tout de même quelques instants bien trouvés qui nous rappellent que nous avons bien affaire à un titre de la saga. Côté comique de situation, il nous est par exemple demandé à un moment de faire péter un mur au C4 afin de pouvoir libérer un prisonnier… et une fois ceci fait, on se rend compte qu'on a fait sauter le mauvais mur. Aussi, si vous avez apprécié le niveau face à The Sorrow dans Metal Gear Solid 3, on retrouve un peu de cela avant d'entamer le combat contre Pyro Bison : ce dernier énumérant le nombre de morts que nous avons fait jusque-là.

On retrouve aussi des clins d'œil aux autres épisodes de la saga. L'action ayant lieu en Gindra, autrefois nommé Outer Heaven, on peut apercevoir le Metal Gear détruit dans le premier épisode de la saga. Le mode "VR training" reprend quant à lui le thème musical de l'infiltration du premier Metal Gear ainsi que le thème VR de Metal Gear Solid. À noter que les thèmes composés pour ce Ghost Babel, sans être les meilleurs de la licence, ne s'en sortent pas si mal que ça.

Outre le mode principal et le "VR training" déjà évoqués, il est possible de refaire des niveaux au choix, soit en mode "normal", soit en mode "special", avec des conditions spécifiques comme un temps limité ou en devant retrouver un ou plusieurs objectifs spécifiques… Enfin, il est aussi possible de se lancer en versus contre un joueur possédant lui aussi une console et le jeu. Dernier détail à mentionner, il est possible de lire une histoire annexe en tapant la fréquence 140.07 sur notre codec.


Forcément, ayant en face de nous un épisode non canonique, développé pour une machine portable conçue par un fabricant qui n'est pas Sony, et, de surcroit, par ce que l'on pourrait appeler une équipe "B", on aurait pu s'attendre à ce que ce Metal Gear soit traité avec une certaine indifférence par les développeurs, qu'ils ne soient tout simplement pas donnés les moyens de produire un épisode attrayant. Et pourtant, ça ne s'avère pas être le cas. Certes, ce Metal Gear Ghost Babel n'est pas l'épisode qui a le mieux vieilli de la saga… mais comparé à d'autres jeux GameBoy Color, il est indubitable que le titre s'en sort à merveille et qu'il se révèle être bien meilleur qu'un simple produit conçu pour se faire du fric facile en reprenant le nom de la licence. En somme, une bonne expérience, mais loin d'être indispensable pour autant, y compris pour les fans de la saga.

MacCAM

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