Mii Maker Life en péril
Lancé en grandes pompes par Big N, Miitopia est l’enfant illégitime renié de Tomodachi Life et de Mii en péril. Je m’explique. Votre personnage sous la forme de votre Mii naît dans un royaume...
le 17 janv. 2019
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Cela fait longtemps que je n'avais pas rédigé de critique, mais tout l'amour que j'ai pour ce jeu m'encourage à le faire.
De surcroît, je pense qu'il faut justifier l'attribution d'un 10 à un jeu qui n'a été ni un succès commercial, ni une grande réussite critique sans avoir été pour autant voué aux gémonies.
Miitopia ne paie clairement pas de mine, s'inscrivant dans la continuité d'un Tomodachi Life lui aussi peu reconnu en Occident par les joueurs et les critiques, et que j'avais également adoré pour l'ambiance folle, bienveillante et tendre qui en émanait pourtant.
Je ne reviendrai pas sur les éléments les plus marquants déjà souligné dans la plupart des tests de la presse vidéoludique, à savoir que le jeu est en effet particulièrement répétitif dans son schéma global: on choisit un niveau sur la carte du monde, notre équipe de Miis le parcourt sans notre aide, et leurs pérégrinations sont souvent entrecoupées par des combats agréables à jouer, des coffres au trésor ou des événements aléatoires qui peuvent aller du piège à une petite saynète entre nos équipiers. Cela ne sert à rien de ratiociner non plus sur l'idée sympathique de pouvoir personnaliser la quasi-totalité des personnages, protagonistes comme PNJ, avec des Miis que l'on aura crée au préalable, pour l'occasion, ou que l'on aura subtilisé à l'un de nos amis, dans le cas où bien sûr on ne laisse pas SpotPass décider pour nous l'attribution de têtes fameuses partagées sur internet et qui peuvent aboutir à des situations parfois cocasses.
Tout ce qui est plus factuel à propos de ce jeu, je pense que les journalistes spécialisés le disent bien mieux que je ne pourrais le faire, et c'est pour ça qu'il me semble plus opportun d'aborder ce que j'ai vécu en jouant à Miitopia.
Tout d'abord, cela a été pour moi un véritable retour en enfance, j'ai eu l'impression d'être à nouveau ce petit garçon, armé de ses briques de construction et de ses figurines, prêt à créer les aventures de héros pour sauver le monde. Ici, on crée nos personnages et on les laisse évoluer ensemble: ils deviennent amis, se disputent, se font des cadeaux...ils font leur petite vie avec une certaine candeur, comme pouvaient le faire ces grands héros de ma jeunesse qui avait leurs côtés absurdes, eux aussi, puisque issus de l'esprit d'un petit garçon. Nos Miis sont peut-être des héros, et s'ils restent faillibles, leur enthousiasme et leur bienveillance à l'égard de leurs amis ont quelque chose de très réconfortant.
On reproche au jeu sa simplicité, notamment dans son système de jeu mais également dans son aspect graphique: je crois que c'est une de ses forces. Si j'ai beaucoup d'amour pour les choses complexes, un peu de simplicité sporadiquement, et en l'occurrence pouvoir enchaîner les combats sans avoir à précisément calculer les effets de chaque coup, mais juste en tapant le plus fort possible, c'est reposant. Pour ce qui est de la présentation, j'aime à penser que cette simplicité stimule l'imagination du joueur comme à l'époque des grands RPGs NES ou SNES: qu'est-ce qui se cache à cet endroit auquel je ne peux pas accéder ? Qui peut bien y vivre ? Alors évidemment, on ne va pas jouer à Miitopia pour le scénario ou pour son univers dense, mais je crois que le fait qu'il ait réussi à me faire poser cette question, notamment en me promenant dans les plaines d'Udébu, montre peut-être pourquoi les jeux Nintendo suscitent toujours autant d'enthousiasme: ils ne se contentent pas de montrer, ils donnent à imaginer.
Je crois qu'après les nombreux RPG que j'ai pu parcourir, aux contextes et aux récits très sérieux, que cela soit en compagnie de Geralt de Riv, à Bordeciel, ou bien en devenant Grand Inquisiteur, cela m'a finalement fait un bien fou de retrouver ce mélange très paradoxal d'une aventure épique mêlé à une grande simplicité, voire même à de la naïveté. Et difficile aussi de ne pas sentir son coeur se serrer à la révélation finale, c'est-à-dire...
...que le "méchant" ne l'est devenu qu'à cause de la solitude. J'ai vu un article sur internet critiquant ce choix, en affirmant que l'Esprit maléfique l'est devenu parce qu'il se trouvait laid et que par conséquent en étant laid et seul on devient méchant et que c'est diffuser des concepts nauséabonds, mais je ne pense pas que cela soit l'idée du jeu; au contraire, c'est sans doute pour illustrer que la solitude peut détruire des vies et des mondes, le visage n'étant abordé que par le système du jeu qui veut qu'ils aient leur importance puisque nous incarnons des Miis, dont le principal intérêt et que nous leur créons un visage. Les héros s'inscrivent en antithèse de l'antagoniste, parce que malgré leurs différences, ils s'entraident et avancent. Cela reste simpliste et enfantin, j'en conviens, mais cela s'inscrit à la fois dans cette impression de nostalgie que le jeu m'a donné, tout en offrant une conclusion convenable et optimiste pour les plus jeunes joueurs auxquels le titre s'adresse sans vraiment faire de mystère.
Je tiens à placer ici une petite remarque sur la réalisation, que j'ai trouvé simple (comme le reste du jeu), mais néanmoins de très bonne facture, avec des environnements globalement colorés et charmants même si plus de détails auraient été les bienvenues, peuplés d'ailleurs par des ennemis qu'Earthbound ne renierait pas et auxquels les visages apposés donnent souvent un effet très cartoon et ridicule, des objets et équipements souvent décalés par rapport au style de jeu et qui décrochent un sourire (mention spécial d'ailleurs pour la localisation française, je crois que l'équipe mérite une augmentation de salaire pour tous les jeux de mots délicieux que l'on peut trouver dans les descriptions des plats dont peuvent se nourrir les héros); surtout, l'aspect sonore, qui a été assez décrié à ma grande surprise par le test de JV.com, est remarquable: les bruitages, y compris ce que baragouinent nos Miis, sont mignons comme tout, mais surtout, les musiques sont tout à fait surprenantes, et n'ont parfois rien à envier aux productions plus "sérieuses" comme celles de Square Enix par exemple (pour ne pas spoiler, disons, entre autre, le thème du grand méchant lorsqu'il apparaît).
Et pour parler de Square Enix, j'ai beaucoup apprécié la façon dont le jeu tourne en ridicule les poncifs du RPG que l'on doit depuis plusieurs décennies à cette entreprise pour qui j'ai beaucoup d'affection tout de même. Je crois que la critique la plus évidente se fait en direction de Bravely Default, et je me permets une petite partie spoiler pour les plus frileux:
En effet, dans Bravely Default, vous refaites littéralement plusieurs fois le jeu au cours d'une même partie pour accéder à la vraie fin, ce qui a crée beaucoup de mécontentement parmi les joueurs qui ont pris ça pour une augmentation artificielle de la durée de vie. Miitopia vous oblige par deux fois (et avec une excuse complètement bidon) à changer d'équipiers, mais également de classe pour votre personnage principal. En somme, vous refaites plus ou moins la même chose, ceci dit dans des environnements et contextes différents.
Je ne sais pas si c'était volontaire, mais le tacle m'a paru à la fois justifié et amusant. Ceci dit, il ne faut pas y voir qu'une attaque, puisque le jeu rend hommage à ses aînés, et c'est clair qu'on a le sentiment de jouer à l'un des premiers Final Fantasy, même si l'humour et l'univers tout en rondeur rappellerait presque plus un Dragon Quest.
Je pense qu'il serait raisonnable de m'arrêter là. J'ai conscience que ma critique n'énumère pas vraiment des faits, et que les observations que je fais sont particulièrement partiales, sans compte que les liens que je fais, par exemple avec Bravely Default, ne viennent que de ma propre réflexion.
Concluons: Miitopia est un jeu gentil, généreux, et plein de nostalgie. Il ne vous propose pas l'aventure la plus tortueuse, les personnages les mieux écrits, les lieux les plus sidérants. Il veut juste vous offrir, pendant une quarantaine d'heures, un retour en enfance, lorsque vous viviez de grandes aventures, si excitantes et pourtant si simples, en compagnie de quelques jouets ou de vos amis. Il n'a pas plus d'ambitions que ça, ne le cache pas, mais le fait avec une immense bonne humeur et une bonne volonté constante.
Et lorsqu'on nous offre le plaisir de retomber dans l'innocence, peut-être pour une dernière fois, c'est bien assez.
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Créée
le 8 mai 2018
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