Monark
6.3
Monark

Jeu de Lancarse et FuRyu (2021PlayStation 4)


Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations sur mon blog.



Co-création de Lancarse et FuRyu, Monark ne peut décemment pas ignorer l’influence émise par Shin Megami Tensei, la licence d’Atlus, puisque FuRyu compte, en son sein, d’anciens développeurs de la franchise et que Lancarse a œuvré sur l’épisode Strange Journey. Néanmoins, vouloir marcher dans les traces de ses aînés n’est pas toujours la meilleure option. FuRyu l’avait démontré avec The Caligula Effect 2, sorti chez nous en octobre 2021.


Au Japon, Monark et The Caligula Effect 2 sont sortis à quelques mois d’intervalle, et nombre de similitudes peuvent être ressentis si l’on joue aux deux opus. Je détaillerais cet aspect là dans le test.


Monark ne dispose d’aucune traduction en français mais des textes en anglais, s’accompagnant d’un doublage du même acabit ou japonais selon votre préférence.


Petit aparté mais au vu des avis émis ici et là, je me permets de corriger le tir : Monark est un tactical-RPG et non un RPG. Le comparatif avec Persona 5 n’est donc pas de mise, même si le concept même d’imagigear peut faire songer aux Persona. La comparaison s’arrête ici.



Une école pas comme les autres (encore ?)



Le milieu scolaire et les tourments adolescents sont toujours de mise à travers un avatar qui, comme le veut la séculaire tradition, est muet. Cette fois, c’est un brouillard qui emprisonne le campus et ses étudiants. Toute personne se retrouvant au sein de cette purée de poix est plongée dans un tourment sans nom, exacerbant ses terreurs. Un dôme empêche toute fuite, transformant le bahut en véritable prison.


L’introduction livre les premières clés de l’intrigue. Au sein du brouillard, des appels téléphoniques résonnent. Si vous décrochez, vous êtes envoyé dans une réalité alternative peuplée de créatures squelettiques. Le seul moyen que vous avez de survivre est d’être un Pact Bearer : une personne capable d’invoquer une imagigear (une manifestation de votre âme) qui vous octroie armure et arme.


Le concept de l’imagigear n’est pas sans rappeler les Persona de la série éponyme, mais aussi la manifestation de vos pouvoirs dans The Caligula Effect 2. Concernant ce dernier, le parallèle est encore plus éloquent à la vue de la cinématique dévoilant le potentiel de votre personnage. Un cristal traverse votre avatar, tout comme c’était le cas dans le précédent jeu de FuRyu.


D’autres Pact Bearer sont présents au sein du campus, tous liés à un péché capital. Chacun d’eux va rejoindre votre équipe. Par équipe, n’entendez pas la formule classique qu’on retrouve dans les RPG. La narration de Monark se décompose plutôt comme un visual novel. A chaque équipier croisé s’ouvre une “route” que vous ne pouvez accomplir qu’avec lui. Le reste de votre communauté se compose de Fiends, les fameuses créatures squelettiques.


Pour découvrir la véritable fin, il vous faudra vaincre le boss avec chacun de vos équipiers et ainsi conclure leurs routes respectives. Un mélange des genres original par son approche, qui nous bouscule dans nos habitudes.



La vie est un vaste échiquier



A l’instar de Caligula Effect 2, la force du titre réside dans son gameplay. Le précédent opus de FuRyu adoptait des ressentis de stratégie avec la possibilité de visualiser nos attaques et ceux de l’ennemi. Monark se classe directement dans le tactical-RPG avec des unités à déplacer sur la carte. Le titre s’inspire d’ailleurs des échecs. Observez bien et vous verrez que chaque équipier, et vous-même, êtes liés à une pièce. Si le combat est terminé suite à la mort du personnage, c’est normal puisqu’il est le roi.


Frapper en fonçant dans le tas ne sera jamais, ô grand jamais, la stratégie à adopter. Chacun de vos pions (si je puis m’exprimer ainsi) dispose de compétences à utiliser consciencieusement, puisqu’ils ont chacun des retombées sur votre personnage. Les Arts regroupent les attaques physiques qui s’exécutent moyennant votre vie (et oui !) tandis que les Authority sont des compétences “magiques” qui auront un impact sur votre jauge de folie.


Si jamais votre personnage atteint les 100% de cette dernière, il devient bien plus puissant mais incontrôlable. Il attaquera sans distinction alliés comme ennemis avant de s’auto-détruire. Une option qui peut se révéler utile en combat si vous décidez de sacrifier un de vos pions pour l’envoyer dans le camp ennemi. Veillez, par contre, à ce qu’il ne se trouve pas à proximité de votre équipe sans quoi vous allez en essuyer les retombées.


Opposée à la jauge de folie, celle d’éveil fait appel à l’imagigear de vos coéquipiers et vous-même, sauf les Fiends. Atteinte à 100%, elle éveille votre personnage qui déploie alors une attaque spéciale pouvant aussi bien être une attaque de zone qu’un boost pour votre équipe.


En plus de ces options, d’autres tactiques répondent présentes pour vous aider comme sacrifier le tour d’un pion pour l’octroyer à un autre, ou simplement patienter pour récupérer de la vie. Ajoutez à cela que des cartes disposent de pièges qui frappent tout individu sans distinction et vous comprenez que les combats de Monark ne sont jamais gagnés d’avance.



Une technique qui fleure trop l’ancien temps



Malheureusement, comme ce fut le cas pour Caligula Effect 2, Monark ne brille pas par sa technique. Si la cinématique d’introduction est prometteuse, le rendu in-game est loin d’être mirobolant. Les personnages manquent d’expressivité, rendant caduque le doublage pourtant propre. Difficile de se sentir impliqué dans le scénario et les tourments traversés par les protagonistes. La mise en scène n’aide guère. En dehors des cinématiques, elles consistent en de simples échanges verbaux où chaque participant demeure bien sagement à sa place.


L’esthétique globale du titre ne participe pas à l’ambiance du titre malgré un travail accru sur les décors, bien mieux maîtrisés en termes de modélisation. Je dois dire qu’ils sont même mieux modélisés que les personnages (les cheveux de ces derniers font tâche !) et là encore les sprites 2D sont de meilleure facture. Ces derniers sont l’œuvre de so-bin, chara-designer qui a œuvré sur les illustrations des light-novel de Overlord. Je trouve d’ailleurs que le key art de Monark rend mieux justice à son travail que la modélisation 3D des protagonistes. La musique reste agréable, sans être marquante. Les connaisseurs auront reconnu Tsukasa Masuko, compositeur des premiers volets des Shin Megami Tensei.


On sent un effort de mise en scène dans certaines portions du campus plongées dans le brouillard. Je pense notamment à cette scène sur l’un des toits où l’on voit des élèves se laisser tomber depuis les hauteurs. L’ambiance du brouillard est d’ailleurs anxiogène à souhait, cherchant à distiller une pesanteur proche de l’horreur avec des élèves qui vous courent après en hurlant.


Le contraste entre les cinématiques et la modélisation in-game est d’autant plus marquante qu’elle donne l’impression d’un goût d’inachevé. Monark aurait pu être bien plus, surtout avec son scénario qui recèle quelques bonnes idées mais met bien trop de temps à démarrer. Chaque chapitre se décline en deux grands arcs, eux-mêmes découpés en trois combats. Si les révélations sont là, la structure demeure inchangée ce qui rend l’avancée hasardeuse et redondante. L’absence de VF pour clarifier un propos qui n’est pas à la portée des néophytes laissera plus d’un joueur sur le carreau.


Monark se départit de tout combat optionnel, du moins sous la forme d’apparitions aléatoires durant votre progression. Il vous faudra “invoquer” vous-même ces confrontations, sans quoi il est impossible d’avancer dans l’histoire. Si Vanitas, la mascotte du jeu, vous octroie quelques numéros, d’autres sont à trouver ou deviner par vous-même. Des appels aléatoires peuvent aussi être réceptionnés mais prenez garde : ils vous enverront, bien souvent, vous confronter à des ennemis surpuissants. J’ai eu le malheur de me retrouver face à une équipe de niveau 100 avec mes petits pions de niveau 5.


Le téléphone est l’outil qui permet de naviguer dans Monark que ce soit pour améliorer votre équipe, voyager sur la carte, lire les tâches à accomplir.. à l’image de Caligula Effect 2. C’est là un autre défaut du jeu. En dehors du gameplay, pour qui est à jour dans les productions de FuRyu, on a aura l’impression de revivre la même histoire.


Prenez aussi bien soin de vos Fiends. Contrairement au reste de l’équipe, ils ont droit à de l’équipement que vous glanez en récompense en plus des Spirit Points. Ces derniers représentent la monnaie du jeu mais, surtout, l’unique moyen de monter vos personnages de niveaux.


Monark ne délivre aucun point d’expérience. Chaque personnage possède un arbre à compétences et il faudra y dépenser vos Spirits Points. Une compétence obtenue permet de monter d’un niveau. Une approche originale qui démontre que FuRyu et Lancarse cherchent à bousculer nos habitudes de joueurs, ce que je salue.



Tout découvrir tel est ton objectif



Côté platine, Monark demeure largement accessible surtout si vous usez de certains numéros précis pour augmenter drastiquement l’acquisition des Spirit Points et ainsi monter vos personnages au maximum dès le début. Le guide de PSNProfiles vous sera fort utile pour cela. Je l’ai moi-même utilisé afin de m’aider durant mon avancée.


La liste demeure classique pour un jeu de genre avec les actions contextuelles à mener à bien (et dont la plupart seront obtenus sans même y songer) et des objectifs comme compléter tous les arbres de compétences. Si vous avez déjà dû farmer des heures pour finir le jeu, vous n’en aurez pas fini si vous cherchez le platine. Et encore, vous aurez déjà amorcé une bonne partie du chemin.


En dehors de cela, on retrouve des tests psychologiques à réaliser auprès des élèves. Des étudiants avec qui vous n’échangerez pas plus d’une ligne de dialogue mais que vous pouvez avoir en contact. (Oui, encore un petit air de Caligula Effect 2…). Autrement dit un platine requérant d’avoir compulsé à 100% le jeu, ce qui plaira à ceux recherchant à écumer entièrement un titre.



En résumé



Je ne saurais conseiller Monark à tout le monde. Par sa construction narrative, il ne saura pas attirer un large public tant le récit prend trop de temps à s’installer et que la structure demeure inchangée du début à la fin. Le scénario recèle de bonnes idées mais la mise en scène plate ne fait que masquer cet atout. Le gameplay demeure marquant, mais l’absence de combats aléatoires et la nécessité d’appeler vous-même vos combats peuvent gêner plus d’un joueur tant cela sort de nos habitudes.


Loin d’être indispensable dans sa ludothèque, Monark plaira surtout à ceux qui apprécient les créations de FuRyu et ne se lassent pas de leur formule. Si Caligula Effect 2 n’a pas su atteindre votre cœur, il en sera de même avec Monark tant les deux opus sont très proches. Un titre à réserver aux joueurs appréciant les titres atypiques ou dont le gameplay saura les accrocher malgré quelques originalités pouvant diviser.

So-chan
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le 17 mars 2022

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