Mordheim… l’un des meilleurs jeu de plateau crée par Games Workshop !
Un jeu qui en 1999 tranchait radicalement avec les affrontements massifs de Warhammer Battle.
Mordheim se concentrait sur l’escarmouche en petite bande, tout en mettant l’accent sur des éléments propres au jeu de rôle : campagne, scénarios, expérience accumulée et progression des personnages, achat d’équipement, etc.
Mordheim, c’était aussi un jeu plus « réaliste » dans son approche qui tranchait radicalement avec le côté « Herohammer » du Battle V5 et ses héros surpuissants (et annonçait déjà la V6 de ce jeu un an plus tard, par le même concepteur Tuomas Pirinen).
Ce qui contribua grandement à mon plaisir du jeu de figurines Mordheim, c’était de retrouver sur plateau un peu de ce que l’on avait pu vivre en jouant au jeu de rôle Warhammer (et à sa fameuse campagne de l’Ennemi Intérieur par exemple). Bien sûr ici, on se concentrait purement sur les combats et l’on contrôlait tout nos « aventuriers » à la différence du jeu de rôle. Mais l’ambiance et le cadre étaient tout aussi excellents et dans la même veine :
Mordheim, cité maudite de l'Empire, représentait un cadre urbain médiéval sombre, distordue, glauque et étrange à souhait. Comme un savoureux mélange entre un bon film d’horreur de Carpenter et la Chair et le Sang d’un Verhoeven pour l'ambiance du cadre historique.
Une ambiance de folie horrifique dans l’essence déjà si particulière de cet univers avec la vision fantasmagorique et macabre d’un John Blanche au sommet de son art dans les illustrations du livre de règles.
Verra t’on un jour la réédition de ce jeu culte par Games Workshop comme l’excellente réédition de Necromunda ? Rien n’est moins sûr (mais rien n’est impossible non plus). Le jeu a toujours une solide base de mordus et si ça vous intéresse, je vous recommande cet excellent site en français :
https://sites.google.com/view/grande-librairie-de-mordheim/accueil
Bon ok, c’est bien tout ça mais qu’en est-il de cette adaptation vidéoludique ?
Ne tournons pas autour du pot : Mordheim: City of the Damned est un très bon jeu d’escarmouche au tour par tour. Mais disons le aussi clairement : il rebutera ou dégoûtera d’entrée les moins persévérants et les plus impatients par sa difficulté sans concession.
Le jeu est complexe et il faudra impérativement assimiler toutes les mécaniques si l’on veut espérer survivre. Les différents didacticiels, bien qu’indispensables au début, ne suffiront pas. Il faudra apprendre dans la souffrance en lançant sa première partie.
Le jeu peut surtout être cruel sur les premières marches, avec une bande fraîchement moulue, car le tout est basé sur de la RNG et des statistiques en pourcentage (comme le jeu de rôle Warhammer, par exemple).
Concrètement, cela peut se traduire par beaucoup de rage au début car on se retrouvera avec une bande de bras cassés qui pourrait rater tous jets d’actions - vu qu’on commencera forcément le jeu avec avec des statistiques et des compétences très faibles dans tous les domaines. Tout ceci au détriment d’une tactique que l’on jugeait pourtant efficace sur le moment.
Bien sûr, à mesure que le joueur et sa bande progresseront (dans la souffrance), le jeu sera bien moins aléatoire. Le hasard disparaîtra presque et l’on aura bien plus à faire à un jeu de positions avec de vraies tactiques et stratégies. On commencera donc à s’éclater une fois que la bande aura un tant soit peu d’expérience avec des personnages spécialisés dans leur rôle avec des tactiques qui porteront enfin leurs fruits grâce à la synergie des compétences de groupe ("la sainte trinité" : tank/dps/support reste un trio gagnant sur ce jeu avec un bon placement et un bon timing).
Trouver une composition d’équipe efficace, personnaliser et améliorer ses personnages, sont vraiment au cœur du gameplay comme dans tout bon jeu de rôle tactique. Et c’est aussi cet aspect qui rend le jeu aussi addictif et chronophage. Prévoyez des centaines et des centaines d’heures, dans le but d’établir des builds d’équipe optimisés et ainsi composer la « Suicide Squad » de vos rêves qui va tout poutrer. Trouver le bon équilibre entre défense et puissance n’est pas si simple et demandera une bonne connaissance des mécaniques du jeu. Là encore, il faudra expérimenter un maximum. A ce titre, le Character Planner, conçu par des fans du jeu, deviendra un outil plus qu’indispensable :
http://www.pyrospace.co.uk/mordheim/
Prenez garde cependant, car même avec une très bonne équipe, un excès de zèle (généralement en fin de partie quand on pense que c’est gagné) et c’est le drame inattendu, quand bien même tout le plan s’était déroulé sans accro jusqu’ici…
L’intelligence artificielle est de très bonne facture pour ce type de jeu, parfois même très vicieuse, n’hésitant pas à cibler un personnage affaiblit ou le membre de l’équipe le plus faible. Avec l’expérience on apprend à contrer ce genre de comportement avec beaucoup de prudence (progression plus lente et posture défensive systématique des personnages les plus vulnérables). Prudence, prudence, prudence ! Je recommande une équipe très défensive au début : résistance CaC, parade ou esquive, avec les postures et compétences qui vont bien.
Car oui j’ai oublié de mentionner jusqu’ici le plus important !
La cerise sur le gâteau du masochisme qui, sans nul doute, a fait « rage/quit/desintall » le jeu plus vite que tout à beaucoup : Il n’y a pas de sauvegarde manuelle !
On n’a donc pas d’autre choix que d’accepter les conséquences d’une mission, tout en prenant en compte que certains membres de notre équipe peuvent mourrir ou être blessés ou estropiés définitivement. Des conséquences tragiques qui peuvent faire échouer toute une campagne, renforcer par la pression économique du jeu (livraisons de pierres magiques dans les délais à votre employeur).
Personnellement, c’est le seul vrai point qui me dérange à ce stade, vu la longueur des parties et le temps de progression.
Un point pourtant facilement contournable par une copie manuelle du fichier de sauvegarde avant chaque mission (de la grosse triche diront certains et pas dans l’esprit du jeu). A vous de voir si vous êtes un vrai maso ou pas… Même avec cette précaution, la longueur des missions peut déjà suffire à générer suffisamment de stress d’échec au début.
Par contre, vrais défauts que l’on pourrait reprocher au jeu : son interface surchargée d’informations et pas toujours simple d’utilisation, ainsi qu’une certaine redondance des missions en dehors des missions « histoire ».
Cependant, comme au foot, si le terrain reste le même, chaque fois le match est différent. Une fois que l’on a bien assimilé les 3 différents type de missions (course à la pierre magique, tuer le membre désigné de l’équipe adverse ou voler l’idole ennemie) et qu’on connait un minimum les différentes cartes, on ajuste sa stratégie et son placement des membres de l’équipe en connaissance de cause. Cependant il faut prendre en compte que les pierres magiques à récupérer sont disposées de manière aléatoire et les cartes génèrent un positionnement d’éléments eux aussi aléatoires. Parfois on n’aura pas non plus le choix du placement au début. Bref, tout ceci pimente le jeu et fait que malgré la redondance des cartes et des objectifs, aucune partie ne sera jamais vraiment la même.
Je me répète mais à « haut niveau » le jeu est vraiment un jeu de placement et de positionnement, surtout qu’un nombre important de build d’équipe efficace peuvent fonctionner et que les parties seront bien différentes avec une équipe minimale de 4 personnages qu’avec des bandes plus importantes. Enfin une fois votre équipe bien équipée et équilibrée, vous pourriez trouver l’IA trop facile à battre. Il sera alors peut-être temps de se confronter à un ami en ligne ou avec d’autres joueurs.
Voilà, pour conclure je vous recommande chaudement ce Mordheim. Les quelques défauts que je lui reproche (répétitif, interface mal foutue, pas de sauvegarde manuelle) s’efface très vite devant le plaisir qu’il procure si vous vous accrochez. Si vous adorez les jeux de rôle tactique il devrait vous plaire mais n’oubliez pas qu’il se révèle très exigent, difficile voir cruel au début, et pire que tout : extrêmement chronophage ! Un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre…