Jouer à Shiren c'est apprendre à mourir
Par Martin Lefebvre
Entrez dans un magasin de jeu vidéo, de préférence une grande enseigne, dirigez-vous crânement vers le premier vendeur de 18 ans venu, et demandez-lui si Shiren est en stock. Un rogue-like, par l'équipe derrière Pokémon : Donjon mystère, équipe de secours... Vous rougissez sans doute un peu. Ca fait toujours ça, un adulte qui parle de Pokémon. Non vraiment, il ne voit pas. Shiren the wanderer, remake d'un classique de la SNES sorti au Japon en 1995, est arrivé en France dans le plus grand anonymat, et le rogue-like est un genre réservé aux plus déterminés des nerds. Les dérivés de Rogue (1980) constituent une vaste famille de RPG à la recette éprouvée : générez un donjon aléatoirement, remplissez-le de monstres et de trésors, jetez-y le joueur désarmé et sans nourriture, avec un seul but : atteindre le dernier niveau, au fond du souterrain. Le gameplay est strictement au tour par tour : chaque pas, chaque action qu'entreprend le joueur entraîne une réaction des créatures qui l'entourent. Pour survivre, il faut la dextérité mentale d'un joueur d'échecs, et l'erreur ne pardonne pas : lorsque le personnage meurt, on reprend du début. Pour parfaire le tableau, il faut rappeler que sur PC le genre se caractérise habituellement par des graphismes en ASCII et une interface qui a la fâcheuse habitude d'utiliser toutes les touches du clavier.
Le miracle de Shiren est de rendre le genre accessible grâce à une interface limpide. On sent bien que les développeurs de Chunsoft ont fait leurs classes chez Enix : le jeu a la clarté d'un Dragon quest, des menus bien pensés et des graphismes aux traits simples mais efficaces. Shiren s'inscrit tranquillement dans la tradition du rogue-like, loin de l'exubérance baroque d'un Dwarf fortress. Seules concessions à la modernité, la possibilité de stocker des objets précieux dans les entrepôts qui parsèment le jeu, et l'introduction d'une forme de progression : en accomplissant des quêtes secondaires ponctuées de mignonnes saynètes, le vagabond Shiren s'adjoint des compagnons de route, un mendiant en cosplay de Zatoichi, une jeune fille au caractère de gorgone, un frère benêt et glouton. Les sprites et la musique, à peine retouchés, ont la fraîcheur bucolique des RPG classiques de la SNES : un moment de l'histoire vidéoludique conservé dans sa pureté. Pourtant, Shiren n'a rien perdu sur DS de sa redoutable efficacité, et s'adapte parfaitement à la portable. On peut interrompre la partie et replonger directement à tout point de l'aventure sans être désorienté. (...)
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