Nostalgie nippone

"Mystical Ninja Starring Goemon" est incontestablement l'un des jeux de mon enfance. Et Dieu sait ce que j'ai galéré à l'époque, vu que je maîtrisais relativement peu... relativement pas du tout la langue de Shakespear, et que le jeu n'a jamais été traduit autrement qu'en anglais.
Bref, ce temps est passé, et je peux désormais apprécier le jeu dans son intégralité, avec les dialogues loufoques à la clé et le petit aspect RPG non négligeable. Et critiquer ce jeu s'avère complexe. Il souffre manifestement et clairement du sorte de "maladresse du débutant". En effet :

1) Les décors sont parfois risibles (le mont Fuji est littéralement creusé de l'intérieur par des gros paravents dégueulasses, certains arbres sont plats à mourir, les plaines à traverser peuvent s'avérer atrocement vides...).

2) Chez Konami, on ne savait apparemment pas encore exactement comment penser le gameplay d'un jeu en 3D. Certaines phases sont intéressantes (les donjons), d'autres amusantes (les mini-jeux), d'autres encore rigolotes (les nombreux dialogues et cinématiques), tandis que certains moments sont ennuyeux à mourir. Heureusement que les musiques sont toutes excellentes, car certaines traversées du Japon peuvent s'avérer fastidieuses comme pas permis.

3) Ce n'est pas forcément lié à la 3D, mais les personnages son bourrés de pouvoirs (miniaturisation, bazooka, bombes, marteau de viande et j'en passe) dont certains ne serviront soit à rien, soit très très peu.

4) La caméra n'est pas aussi horrible à mon goût que j'ai pu le lire sur certains sites/forums/tests, mais reste effectivement douteuse et une direction manuelle n'aurait pas été de refus (d'autant qu'on pouvait déjà le faire dans Super Mario 64 ?)
Voilà pour les aspects clairement discutables du jeu, qui s'expliquent pour la plupart par des erreurs de jeunesse : la console vient de naître, ou presque, et les développeurs doivent forcément faire leurs armes.

Passés ces constats, le jeu offre tout de même une expérience riche et dense qu'il serait dommage de bouder. Les donjons, notamment, sont un régal : si le gameplay n'est pas forcément fou, la multitude d'idées loufoques qui les composent en font de véritables réussites (un donjon sur le thème de la gastronomie où l'on nage dans la soupe, un donjon sur le thème de l'amusement où on se retrouve dans un billard géant, etc.). À coté de ça, comme on le mentionnait plus tôt, des mini-jeux très sympathiques et variés permettent de progresser dans l'aventure avec une touche de fraîcheur. Et quelle aventure ! L'ambiance de ce japon à la fois féodal et futuriste est, quoiqu'un peu naïve au vu des erreurs que nous évoquions, vraiment agréable. Les musiques sont entraînantes, les personnages rigolos, et Konami n'a pas lésiné sur la variété des lieux, des villages, des recoins à visiter. Il y a toujours quelqu'un à qui parler, une boutique à dévaliser, une quête à accomplir. Il aurait en fait suffit d'un animal, d'un véhicule, de quelque chose pour rendre les déplacements de nos héros plus rapides et l'épopée aurait été totalement jouissive.

Ajoutez à ça des combats de robots très funs quoique peu nombreux, deux chansons mémorables, des boss intéressants, une durée de vie honorable... et vous obtiendrez un classique de la Nintendo 64, à qui on peut excuser quasiment tous ses travers.