NBA 2K18
6.7
NBA 2K18

Jeu de Visual Concepts et 2K Sports (2017PlayStation 4)

I - PREMIER PROBLEME : la gestion de la difficulté


1 - La notion de difficulté a été confondue avec celle de "handicap".


Changer de mode de difficulté dans 2K18 ne consiste pas, comme cela devrait l'être, à simplement améliorer le niveau de l'équipe que vous affrontez. Si l'on observe effectivement une hausse des compétences dans le comportement des joueurs du camps opposé lorsqu'on passe du mode rookie au mode pro, on constate également un affaiblissement général de votre propre équipe.


En effet, dès lors que vous passez en mode pro, vos joueurs deviennent soudainement beaucoup moins adroits, de façon globale (passes, dribles, tirs, layups...). Il s'agit donc d'une façon assez étrange d'envisager la notion de hausse de la difficulté, étant donné que je ne vois pas comment l'on peut attendre autre chose qu'une augmentation des compétences de l'équipe adverse. Mais non. Dans NBA 2K18, accroître la difficulté signifie également affaiblir la votre. Très curieuse décision !


Ce nivellement par le bas, mécanique assez grossière et finalement très arbitraire, revient finalement à vous ajouter un "handicap" (chose qu'on retrouve dans certains jeux), ce qui n'est pourtant pas du tout la même chose... Quelle frustration de voir les superstars, icônes de la NBA devenir complètement nuls.


2 - Augmenter la difficulté peut vous donner l'impression d'avoir changer de jeu !


Lors du passage en mode "Pro", j'ai eu presque l'impression de jouer à un jeu différent, en raison de mécaniques auxquelles le mode rookie m'avait habitué, qui semblaient soudainement modifiées.


Par exemple, le moment où il faut attraper le ballon lors de l'entre-deux au début d'un match, ne se déroule plus de la même façon. Là où il suffisait d'appuyer sur le triangle de la mannette pour voir le joueur sauter, ce dernier se retrouve presque cloué au sol, comme s'il avait avaler une enclume.


Autre exemple, là où des superstars affichaient un pourcentage de réussite au shoot tout à fait honorable, même en l'absence d'un contrôle de balle parfait - je fais référence à la petite jauge de timing lors du tir - ces mêmes cadors du basket deviennent significativement plus maladroits - voire, carrément nuls (et je parle de pointures comme Lebron ou Irving...).


Pire, alors que la gestion de la jauge de tirs était absente en mode Rookie, la voilà qui apparaît soudainement en pleine action sous le panier !


On touche ici à la problématique majeure, tout à fait centrale, omniprésente dans ce jeu, et qui pose la question suivante : le conditionnement du talent du basketteur devrait il être assujetti à des mécaniques arbitraires, ultra sensibles, quitte à s'éloigner de la réalité, au point de transformer les superstars en zombies ?


II - SIMULATION OU CONTRE-FACON... REALISME OU BURLESQUE ?


Le principe même d'une simulation repose sur la notion de REALISME. Or, en conditionnant le talent des joueurs à ses mécaniques arbitraires ainsi qu'à la capacité du joueur à épouser ces dernières pour pouvoir obtenir un semblant de performances, le jeu prend trop de liberté et s'éloigne largement de la réalité.


Autrement dit, NBA 2K18 est auto-référent, dans la mesure où, en se proclamant comme étant une simulation, il assume alors l'idée que ce concept serait sous la coupole de son propre système. Or, ce dernier débouche sur un rendu global qui s'éloigne fortement de ce qu'on observe en regardant la NBA, s'éloignant de la réalité. Ironiquement.


Avez-vous déjà vu Lebron ne faire preuve d'aucune initiative sous le panier, au point de se faire bâcher par Antetokumpo 3 fois en quelques minutes ? Non. Avez vous déjà vu Irving ou Lebron râté plusieurs layups à la suite et des tirs après rebond sous le panier à plusieurs reprises en quelques minutes ? Non. Pensez-vous voir un jour Irving (Meneur, 93 de moyenne) perdre son ballon 2 fois de suite, et que ce dernier soit récupéré par Jaylen Brown (Ailier Fort, 76 de moyenne)... ? Pas moi.


On touche ici à la limite fondamentale entre ce qui relève de la simulation, de la fidèlité vis-à-vis du réel, et ce qui appartient au royaume du grotesque.


Que le joueur derrière sa manette ait un impact, bien entendu. Sans cela, il n'y aurait tout simplement pas de jeu vidéo. Mais, que la maladresse du joueur puisse drastiquement transformer une superstar en un quidam rentré parce qu'il a vu de la lumière, fait transiter le concept de simulation vers celui de la parodie.


Selon le CNTRL, "parodie" a pour définition, notamment : "Imitation grossière qui ne restitue que certaines apparences.". Je trouve que cette phrase résume assez bien l'expérience.


- Concernant les shoots, si votre contrôle de balle n'est pas parfait, attendez vous à voir des choses qui vous feront lever un sourcil, jusqu'à éventuellement vous poser la fameuse question qui détruit littéralement le plaisir de jouer à 2K18 : "Est-ce que ce joueur, dans la réalité, est capable d'être aussi mauvais ?".


- Concernant les réceptions de passe près de la raquette, attendez vous à voir vos joueurs se contenter parfois de lever les bras, sans bouger vraiment.


- Préparez vous à rester pantois lorsque vous constaterez que Kevin Love rentre très peu de 3 points, y compris lorsque le cadran vous affiche "Faible Défense" et que Lebron manque des layups ou des tirs sous le panier à plusieurs reprises dans un même match.


- Lorsque les paniers semblent faciles (attaque à proximité du cercle, rebond offensif par un joueur puissant et athlétique qui a juste à remettre la balle dans le panier...), c'est souvent là que ça donne lieu à un résultat ridicule tant il est en lamentable. Les contre attaques sont molles, les déplacement lents, les joueurs buttent contre leurs défenseurs comme des noeuds noeuds...


- Etrangement, alors qu'en mode Bitume, les joueurs ont un comportement naturellement agressifs, prenant des initiatives et tentant d'eux-mêmes de passer leur défenseur, ces mêmes joueurs ont comme un "balais dans le c.." dès lors que vous revenez en salle. Incompréhensible et, une fois de plus, étrangement arbitraire.


III - UN GAMEPLAY ETRANGE


Si vous approfondissez et observez avec beaucoup d'attention les mécaniques de 2K18, vous remarquerez qu'étrangement, tout semble fait pour que les actions les plus fun (les contre-attaques, les percées dans la raquette...) soient celles où vos superstars (Lebron, Durant, Irving...) vous déçoivent. Et là, je me suis rappelé que nous sommes dans une époque et dans un domaine (le jeu vidéo) où le principe de cultiver chez le joueur une relation malsaine avec le jeu lui-même - à base de punition et de condescendance - est une norme fréquente.


Tout semble avoir été programmé de façon à favoriser un rapport passionnel toxique, où le joueur est accusé (implicitement) d'être responsable de l'échec de ses superstars. Mais là réside toute l'ironie et l'incohérence, qui rend ridicule une telle démarche (si telle est le cas) de la part des développeurs, étant donné que tout ce qui caractérise une simulation s'en trouve instantanément bafoué. Ainsi, le talent d'un Curry ou d'un Durant serait assujetti aux mécaniques arbitrairement décidées par EA ainsi que par la faculté du joueur à réaliser une forme de performance parfaite ?


Dans ce cas, les superstars sont davantage des pantins, réduites à la volonté des uns et à la tendance au "masochisme" de l'autre...


Dans 2K, les superstars sont comme vidées de leurs qualités. Loin d'une simulation, la réalité est occultée, pour laisser place à un exercice masturbatoire de précision extrême et de "pisse contre le vent", tant l'ensemble semble bien étudié pour maintenir le joueur en échec.


Parmi les mécaniques particulièrement exécrables omniprésentes de ce 2K18, on observe :


- Pas des pertes des balles.. Des lâcher purs et simple de balle ! En mode Pro, les joueurs - y compris quelqu'un comme K.D., ont tendance à tout simplement laisser tomber le ballon lorsqu'on tente d'attaquer de façon frontale la raquette. Pardon mais que Kevin Durant ne soit pas le meilleur dribleur de la NBA est une chose, mais qu'il lâche la balle en plein gri gri en est une autre. D'autant qu'il le faisait très bien en mode Rookie, ce qui décrédibilise la gestion de la difficulté, très artificielle.


Bref.


IV - LE MODE ROOKIE, UNE ALTERNATIVE PEU RELUISANTE


En me lisant, vous pouvez donc en déduire que votre équipe sera donc bien plus talentueuse en mode Rookie. Oui ! C'est exactement ça. Si vous voulez vous rapprocher de la réalité, jouez en mode rookie car, c'est là que vos joueurs sont frais et performants. Malheureusement, vous vous retrouverez face à une équipe adverse sous anesthésie, qui a la manie de faire des actions atrocement lentes, un peu comme si leur but n'était pas de gagner mais d'avoir la plus grosse.......... possession de balle... (je sais, vous vous attendiez à une chute différente...).


V - DES JOUEURS PATAUDS, DES SUPERSTARS LENTES, UNE IA AUX FRAISES


Je l'ai déjà évoqué mais je tiens à souligner également le fait que les joueurs me semblent clairement plus lents que dans la réalité. J'ai notamment constaté que cette lenteur généralisée se manifeste particulièrement lors des changements de direction. Steph Curry lui-même semble drôlement pataud, c'est vous dire.


Cet aspect lourdingue se retrouve également dans les contre-attaques et les sprints. Même les superstars réputées pour leur explosivité et leur vitesse de pointe semblent beaucoup plus lents qu'en réalité, me donnant la sensation qu'à moins que les joueurs adverses ne soient vraiment "aux fraises", loin derrière, le tout se finira souvent in extremis, me demandant souvent de redonner la balle au meneur pour recréer une nouvelle attaque...


L'IA est plutôt mauvaise. Même en ayant activé la fonction qui permet de déployer automatiquement une exécution de stratégies d'attaque, les joueurs font parfois des écrans à moitié dans le vide, restent de temps en temps sans rien faire...


CONCLUSION


J'ai trouvé ce NBA 2K18 étrange. Les mécaniques du gameplay dénaturent le talent normal et réel des joueurs, ce qui rend discutable le fait de qualifier ce jeu de "simulation", présentant des joueurs (y compris des superstars) globalement faibles et maladroits, avec, en prime, une sensation terrible de lourdeur et de lenteur, ainsi qu'un changement de difficulté donnant lieu à des phénomènes assez improbables et déconcertants.


Pour sa défense, je dois dire que j'avais déjà remarqué ces soucis dans d'autres volets qui ont précédé NBA 2K18.

Padmasambhelan
5
Écrit par

Créée

le 21 nov. 2024

Modifiée

le 24 nov. 2024

Critique lue 8 fois

Padmasambhelan

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