Il arrive parfois qu’une oeuvre finisse par échapper à son créateur. Le milieu du jeu vidéo ne déroge pas à la règle, et la gloire d’antan peut rapidement laisser place à un profond oubli. La saga Need For Speed fait partie de ceux-là. Ghost Games parviendra-t-il à redorer la carrosserie du célèbre jeu de course ?
Née sur la 3DO de Panasonic en 1994, la série de jeux de courses automobiles Need For Speed compte à ce jour plus de 22 occurrences. Toujours chaperonnée par son éditeur historique Electronic Arts, c’est cette année aux jeunots de Ghost Games qu’échoit le défi de redonner son lustre à une série qui a fait les belles heures de la sixième génération de consoles (Gamecube, PS2, Xbox).
Si le studio suédois avait déjà développé Need For Speed : Rivals en 2013, c’est un enjeu tout autre qui se dégage de cette nouvelle mouture du jeu de courses. EA a bien compris que ce sont dans les vieux pots que l’on fait les meilleures recettes. Aussi il a décidé que le vieux pot en question gisait depuis bien trop longtemps sur l’étagère des succès critiques : Need For Speed Underground. Le premier opus à introduire des mécaniques de personnalisation poussées faisait mouche et collait pile poile avec les premiers volets de Fast & Furious au cinéma. Une pertinence et un fun immédiat qui ont depuis bien longtemps quitté la piste avec les nouveaux rejetons.
Le souci du réalisme
Histoire de faire les choses bien, Ghost Games a opté pour une scénarisation assez poussée de son jeu de courses. Dans la peau d’un jeune fou du volant, vous serez amené à vous faire un nom à Ventura Bay, la ville fictive où se déroule Need For Speed. Pour ce faire, il faudra compter sur votre crew. Amy, Robyn, Manu et Spike seront vos tickets d’entrée pour rencontrer les grands pontes de la course urbaine.
Grande nouveauté de cette cuvée nouvelle, Need For Speed implique désormais de vraies personnalités du monde de la course. Magnus Walker, Ken Block, Nakai-san, Morohoshi-san et les Risky Devils sont tous présents en jeu et vous proposeront de brûler la gomme en leur compagnie. Entrecoupée de quelques cinématiques (en images réelles, s’il vous plaît), votre épopée urbaine s’en voit forcément plus prenante.
Malgré tout le soin apporté à la mise en scène, on regrettera une propension aux clichés et aux dialogues peu inspirés. Et que dire du doublage français, sinon qu’il rend parfois ridicules des saynètes qui auraient pu être agréables ? Heureusement, la scénarisation n’est qu’un prétexte, une incitation à vous sentir impliqué dans l’aventure de votre personnage. La vraie cure de jouvence de ce Need For Speed consiste en son approche novatrice de la jouabilité.
Venez comme vous êtes
Need For Speed n’est pas un jeu de simulation automobile. Never was, never will. Une jouabilité très arcade qui privilégie le fun et l’instantanéité du plaisir de la conduite. En nouveau souverain, cette refonte de Need For Speed ne pouvait s’éloigner du modèle originel, et pousse donc encore plus loin ce plaisir immédiat. La conduite est nerveuse, les sensations de conduite sont plaisantes et la patte graphique — photoréaliste — du titre de Ghost Game rend l’expérience d’autant plus plaisante.
Comme il est de bon ton de se plier à la coutume des niveaux d’expérience dans les jeux de tout genre, Need For Speed coupe la poire en cinq. Représenté par votre réputation (Rep), votre niveau augmente à mesure que vous engrangez des points dans les différents styles de jeu : Vitesse, Style, Customisation, Crew et Hors-la-loi. En clair, rouler à bord d’un bolide tunné vous accordera des points de Customisation et réaliser de jolis drifts bien travaillés vous fera cumuler du Style. Une belle idée qui permet de diversifier les expériences et de donner envie de bricoler un peu son tas de ferraille pour en adapter le comportement à nos aspirations.
Si Need For Speed est plutôt avare en véhicules (51 au total, contre 450 dans Forza 6), c’est davantage dans les possibilités de personnalisation que l’on trouvera son bonheur. Très complet, l’éditeur de véhicules vous permettra de donner libre cours à vos envies les plus folles. Comme de recouvrir votre carrosserie de stickers de chats géants. Outre les excentricités permises par la customisation, il vous est également possible de mettre les mains dans le cambouis afin d’adapter le comportement de votre voiture à vos envies. Assez sommaire mais néanmoins efficace, cette fonctionnalité vous permet de jouer sur l’adhérence des pneus au sol, facilitant ou rendant plus capricieuse la façon dont vous abordez vos drifts.
Need For Speed relance avec brio l'intérêt pour la licence arcade de EA. Ghost Games a fait un travail fou pour offrir à son nouveau jeu un gameplay jouissif, une scénarisation sympathique et un lustre graphique techniquement bluffant. Laissant une large part à la personnalisation de l'expérience, ce Need For Speed nouveau s'assure le succès en proposant un jeu simple d'accès et au fun immédiat.
Critique publiée sur hypesoul.com