Qu'est-ce que l'essence d'un jeu vidéo ?
Au premier abord, on est tenté de dire que c'est uniquement un moyen de s'amuser ( et n'y voyez aucun cynisme ), d'atteindre le meilleur score. Alors NieR Automata sera comparable à ces machines qui vous attaqueront en n'obéissant qu'à leur instinct qui les pousse à démembrer le moindre androïde qu'ils verront sur leur chemin. Ils ne comprennent même pas pourquoi ils doivent attaquer, mais ils le font. Dès lors, on y voit en NieR Automata un jeu tout juste sympathique, proposant un aspect action-rpg/beat'em all certes agréable mais un brin redondant, on s'arrêtera à la première fin du jeu si on est lassé, et peut être qu'on l'oubliera rapidement.
Si on tente d'y voir autre chose, alors le jeu sera tel ces machines qui se sont coupé du réseau les unissant aux autres, ces machines qui refusent d'être soumises uniquement à leur essence, et qui se cherchent une raison. Ici, NieR Automata refuse de se soumettre à sa finalité première, et continue, après une première fin, de dévoiler ses mystères.
On essaie de comprendre NieR Automata qui se veut peut-être être plus qu'un jeu dont le but est de tuer tout ce qui bouge, qui cherche à dépasser ce qu'il est. A l'instar de ces machines qui ne se préoccupent plus de tuer le premier androïde visible dans leur champ de vision, de ces machines qui, pour certaines, sont plongées dans la philosophie afin de se trouver une raison d'être, pour d'autres ont fondé une famille, ou encore d'autres qui protègent un royaume, NieR Automata dépasse ce qu'il semble être, que ce soit dans sa jouabilité où ce jeu ne se contente pas d'être un action-RPG tout court, et varie entre les phases shoot'em up, visual novel, et d'autres, ou les bases même du jeu vidéo, mêlant symbolisme avec des mécaniques aussi basiques que propre à ce domaine, comme la sauvegarde ou le spawn. Car le but ici n'est peut-être même plus de tuer le plus de machines possible, et il va falloir passer par de multiples fins pour espérer comprendre ce qu'est Nier Automata.
Le jeu n'est cependant pas sans défauts. Les machines vous le répéteront, se détacher du réseau, c'est difficile, il en ira de même avec NieR Automata. Rien de tout ce que fais ce jeu n'est parfait de manière individuelle, mais mis ensemble, ces attributs donnent un jeu unique, et sans ces défauts, NieR Automata ne serait pas ce qu'il est. La vraie force de l'oeuvre n'est donc pas d'être un très bon jeu en terme de jouabilité, mais plutôt d'entreprendre des choses, de raconter différemment. En clair, NieR Automata a compris comment lier narration et jeu, en mettant cette dernière composante au centre de la première.
Mais peut-on réellement blâmer ceux qui voient en NieR Automata un jeu tout juste bon car il est un action-rpg présentant des défauts notables ? Sûrement pas. Quelle est l'essence même de NieR Automata ? Tout comme ces machines et androïdes décideront eux-mêmes de leur propre existence en fonction de leurs propres standards, peut-être est-ce à nous seul, le joueur, de décider ce qu'on a envie d'y voir. Car si NieR Automata nous apprend quelque chose avec ses 26 fins, c'est que tout est peut être aussi une question de point de vue.
Mais finalement l'essence nous rattrape peut-être tous un jour. Peut-être ces machines qui tentent désespérément d'échapper à leur raison ne sont que belles et bien de simples lignes de codes sans aucune conscience, destinées à imiter l'humain sans jamais l'égaler. Peut-être que cette problématique autour de l'existence et l'essence n'est qu'illusion et peut-être que NieR n'est qu'au final bel et bien qu'un jeu vidéo régit et codifié comme les autres. Et ce serait tout aussi bien.
Car après tout, on n'avancera pas sans tuer. Et c'est toujours fun de jouer à NieR: Automata.