Le précédent NieR (Gestalt / Replicants) a connu un succès d'estime surtout autour de sa musique (géniale), mais les avis sur le jeu étaient mitigés. La fin pourtant a marqué tout ceux qui se sont donnés la peine d'aller jusqu'au bout de l'aventure...
NieR : Automata arrive donc en terrain miné, précédé des incertitudes que lui valent son prédécesseur... Et pourtant...!! Peu sont les titres qui secouent à ce point le joueur, le genre, et le jeu vidéo en général ! C'est simple : vous n'avez jamais joué à un jeu comme NieR : Automata.
Tout d'abord, le jeu mélange les genres : tour à tour shoot'em up, hack'n'slash, jrpg... C'est un jeu qui ne rentrera dans aucune case, il est trop grand pour ça. Mais plus que de mixer les gameplays, il bouscule totalement ce qu'on sait du jeu vidéo. Et en premier lieu, parce qu'on n'est pas sur de jouer le héro, ni même le personnage principal. Il est compliqué d'en dire plus sans spoiler, mais à chaque nouvelle fin (feature habituelle de la franchise depuis Drakengard) on en vient à douter du rôle de l'avatar qu'on contrôle. Et puis ça finira mal. Qui a joué à Nier sur PS3 en a une petite idée, pour les autres, l'univers dans lequel Automata évolue ne laisse que peu d'espoir d'une happy end. On est à fond dans la mélancolie post apocalyptique, à la frontière entre deux ambiances, où la berceuse devient inquiétante et le sourire se fait rictus. Je n'avait pas accroché à Shadow of the Colossus, et je sais que nombreux sont ceux qui adorent ce titre. Et bien j'ai retrouvé dans Automata bon nombre de qualités qu'on donnait à SotC : cette mélancolie, donc, une certaine poésie désespérée, ces grands espaces dont on ne sait plus s'ils sont magnifiques ou dangereux, où la nature a certes repris ses droits, mais au prix de l'extinction de l'espèce humaine. Et puis ces créatures qu'on trucide tout en doutant, en se disant que ce qu'on est en train de faire est "mal"... Mais on continue, parce qu'il faut bien avancer, hein... Non ...? ...?
Enfin, NieR : Automata bouscule concept de "fin" et l'interroge. Qu'est-ce que c'est, "finir le jeu" ? Est ce qu'il s'agit de vaincre le boss ? De Scorer ? De finir l'histoire ? Mais alors quelle histoire ? Ainsi, le jeu boucle sur lui-même, change le point de vue, nous met dans la peau du personnage qu'on considérait comme "secondaire", puis dans celle du "méchant", à moins qu'on ait été un "méchant secondaire" depuis le début ? On verra plusieurs fois les crédits (les regarder en entier vaut d'ailleurs un "trophée"), le "start screen" changera...
Et toutes ces variations visent à nous faire nous interroger, sur le jeu, sur notre façon de jouer, sur son scénario, dont la trame principale tourne autour des humains et des machines, créer une société, partager, avoir une âme... Parce que NieR : Automata, c'est ça aussi : une fable philosophique. Un titre qui restera comme une expérience marquante de cette génération de consoles.