Ninja Gaiden est une série avec laquelle je suis relativement familier, ayant fait en deux ans l'épisode 1 (absurdement dur, mais si bon) sur l'eShop 3DS ainsi que le jeu Game Boy.
La transition en 3D de la série sur Xbox a accouché de beat'em all ayant bonne réputation. Ayant un peu de mal avec ce genre mais étant en plein marathon Metroid, je me suis dit que c'était le bon moment de donner sa chance à cet épisode 3 avant d'attaquer Other M, par les mêmes créateurs.
Riz U
Ryu Hayabusa (dont le design dans ces épisodes 3D est ma foi fort stylé) se rend à Londres sauver des hommes politiques d'une prise d'otage. Rien de très inhabituel quand on est un héros, mais sur place rien ne va se passer comme prévu et il va se retrouver victime d'une étrange malédiction...
Le scénario n'a rien de bien excitant, il est fonctionnel mais sans grand génie, vous repérerez d'ailleurs assez vite les personnages qui vous veulent du bien et ceux qui se retourneront contre vous plus tard. Il est néanmoins assez étrange que le jeu nous tease autant une potentielle romance entre Ryu et la mère de Canna alors qu'un joueur aguerri sait que le bonhomme se mariera avec Irène quelques années plus tard (dans Ninja Gaiden 1 sur NES, qui est donc la suite de ce Ninja Gaiden 3 en HD, vous suivez ?) (et bordel, quel agent de la CIA s'appelle Irène ?).
A deux reprises, on contrôlera également Ayane, l'élève de Ryu qui...semble faire sa vie de son côté. Ils affrontent tous les deux la même organisation, mais vu qu'il n'y a aucune interaction entre eux on se demande bien s'ils savent qu'ils sont coéquipiers. M'enfin bref. Et autant les personnages féminins de la Team Ninja sont souvent un moyen de se rincer l'oeil à peu de frais, autant Hayane dans ce jeu revêt une tenue certes peu couverte, mais aussi très élégante grâce à l'ajout d'ailes de papillon qui rendent vraiment bien in-game. Ca n'est certainement pas le personnage féminin le plus profond de l'Histoire, mais j'apprécie ce juste équilibre dans son design.
Parlons gameplay. Ryu et Ayane répondent au doigt et à l'oeil et sont prêts à défourailler tout ce qui passe à portée de leur lame, à grands renforts de gerbes de sang. C'est réellement grisant d'enchaîner les combos et les finishers sur des ennemis déterminés (spéciale dédicace aux attaques suicides qui prennent par surprise au début) mais incapables de lutter (surtout avec des bras et des jambes en moins).
Et à vrai dire, la critique aurait pu s'arrêter là. Je n'ai rien à dire sur les graphismes, la musique ou la durée de vie, mais...
We need to talk about Sasuke
Qu'est-ce qui s'est passé avec les boss ?
Ou plutôt non, je reformule, qu'est-ce qui s'est passé avec le boss à la capuche rouge ?
Les boss du jeu sont généralement une plaie. Autant les niveaux se parcourent en une demi-heure, autant il n'est pas rare que le boss vous prenne 20 bonnes minutes supplémentaires, pour diverses raisons. Mais parfois, ils passent tout seul, comme le T-rex ou la femme polymorphe qui ont des patterns simples à appréhender et qui sont combattus dans des zones suffisamment larges pour esquiver sans peine leurs attaques.
Et puis, il y a le boss du niveau 1.
Après un niveau fort sympathique au demeurant, vous êtes confronté à un type en capuche rouge, qui agit comme Ryu. En gros, vous faites un 1v1 contre un autre ninja.
Et ce boss a été créé pour rendre les possesseurs du jeu fous.
Son pattern n'est absolument pas clair. Plusieurs attaques ont exactement la même animation et enchaînent parfois sur d'autres attaques (il faut alors garder ses distances)...et parfois non (c'est le bon moment pour frapper). Sauf que vu que l'animation de début est la même, comment on fait pour savoir si on peut attaquer ou non ?
Et bien c'est simple : on ne peut pas.
Avant de le frapper, il faut littéralement lancer un dé et prier pour qu'il ne démarre pas un combo. Mais ça n'est pas tout.
Parfois aussi, il fait des attaques fortes. Leur animation est facilement identifiable : il prend un moment pour charger son attaque, lance son coup, et reste quelques instants vulnérable. Ce sont des attaques à éviter à tout prix (elles vous bouffent facilement le tiers de votre vie), mais elles sont une bonne opportunité pour contre-attaquer.
Voilà, ça c'est la théorie. Le problème, c'est la pratique. Puisque Môssieur le boss décide parfois de n'avoir aucun temps de vulnérabilité et enchaînera directement sur une autre attaque (parfois même une seconde attaque puissante !) lorsque vous êtes à sa portée. Et c'est complètement aléatoire puisqu'en frappant à priori au même moment, parfois il contre et parfois non.
Bref, qu'un boss soit un sac à PV, c'est normal. Qu'il frappe fort, pourquoi pas. Mais que la victoire face à lui soit complètement dépendante de la RNG, ça c'est non. Il n'y a aucune tactique efficace pour le battre, j'ai réessayé ce combat des dizaines de fois, et les mêmes enchaînements de bouton donnaient souvent des résultats complètement différents.
Et vous pouvez toujours essayer de bloquer, esquiver, fuir, bourriner... Généralement toutes ces tactiques ont la même issue.
Mais vous allez me dire "putain mais on s'en fout sale victime, c'est qu'un boss et y'a 10 chapitres dans le jeu, fais pas chier".
Alors oui.
Mais non.
Ca n'est pas un boss.
C'est QUATRE boss !
On affronte ce personnage à 4 reprises dans le jeu, deux fois en tant que boss et deux fois en tant que mini-boss. Et à chaque fois, j'avais beau avoir amélioré mon personnage autant que je le pouvais, le résultat était le même alors que son pattern change très peu.
Le plus rageant, c'est que je débloquais assez régulièrement de nouveaux coups. Mais le guide du jeu est très mal foutu et, puisqu'il n'y a aucune zone pour s'entraîner et tester ses nouvelles attaques, je n'avais pas l'impression d'évoluer tant que ça.
Bref, ce foutu boss c'est Un Jour Sans Fin qu'on rencontre dans presque la moitié des chapitres. Je pense qu'un bon tiers de mon temps de jeu a été passé à entendre son thème (très bon au demeurant, mais j'en suis malade) et à rager. Le pire étant que j'ai regardé un let's play au bout du quatrième affrontement pour voir s'il y avait une technique ou pas, mais visiblement le joueur galérait autant que moi et a fini par le passer après un bon jet de dé, où le boss n'a pas trop contre-attaqué.
La bonne blague aussi, c'est que ce boss est tué dans l'avant-dernier chapitre, revient on ne sait comment dans le dernier chapitre en tant qu'allié...et finit par vous affronter. Gros troll.
Alors, peut-être suis-je passé complètement à côté de quelque chose, mais en tout cas je considère ce boss du niveau 1 comme le plus dur du jeu, loin devant le boss final (qui a aussi son lot de problèmes, soit-dit en passant). Et sa récurrence au cours de l'aventure aggrave le problème.
J'ai perdu beaucoup trop de temps sur ce jeu et sur ce boss, et j'en ressors plus frustré qu'autre chose. J'aurais voulu l'aimer, la difficulté du premier Ninja Gaiden ne m'avait pas rebuté, mais entre un gameplay peut-être trop basique (en tout cas mal expliqué) et des boss trop frustrants, alliés à un genre que je ne porte pas dans mon coeur, je n'ai pas envie de découvrir les autres opus 3D de la licence. Dommage, il est agréable à l'oeil et les éruptions de sang ont un côté cathartique quand on sort d'une mauvaise journée.
C'était sans doute pas la meilleure façon de me mettre en confiance avant Other M...