Force est de constater que plus de quinze ans après sa sortie, l'Odyssée d'Abe reste un excellent jeu.
Graphiquement, ça tient toujours la route. Les toiles de fond sont d'une beauté époustouflante et fourmillent de détails, qu'il s'agisse des vastes panoramas naturels des crêtes de Monsaic ou de la machinerie claustrophobique de RuptureFarms™. Les tableaux qui se succèdent sont entrecoupés de brèves cutscenes qui donnent réellement l'impression de se déplacer dans un univers cohérent. Les bestioles que l'on y croise sont toutes à mi-chemin entre le laid et le grotesque, mais elles sont loin de susciter les mêmes réactions chez le joueur : les Mudokons sont attachants, les Scrabs et les Paramites inquiétants et beaux, les Sligs et les Glukkons répugnants. Bref, Oddworld est un univers vivant.
Le jeu en lui-même allie deux objectifs. Le plus évident consiste à enchaîner les tableaux ; « évident » étant à comprendre au sens de « clair » et non de « facile », car il est rare de pouvoir franchir un niveau sans mourir au moins une fois. Puisque les vies sont infinies, cela n'a pas grande importance, d'autant qu'aucun tableau n'est réellement impossible pour qui possède un tant soit peu de jugeote et un minimum d'expérience avec une manette entre les mains. La grande originalité est bien entendu l'impuissance totale du héros, qui meurt dès qu'on le touche et ne peut quasiment pas répliquer, hormis en possédant ses ennemis.
Le second objectif du jeu consister à sauver les 99 Mudokons, une tâche encore plus difficile que simplement finir le jeu. La plupart des Mudokons sont dissimulés dans des passages secrets aussi vicieusement dissimulés que délicats à résoudre. Le système de sauvegarde un peu foireux forcera le joueur à tout reprendre à zéro s'il a le malheur de mourir, ce qui pourra décourager les plus endurcis. Mais c'est bien l'un des rares défauts du jeu.
L'Odyssée d'Abe porte bien son nom : c'est un défi corsé et un voyage épique.