Il fut une époque où les manettes n'avaient pas de joystick analogique. Oui, je sais que c'est difficile à croire pour les plus jeunes d'entre vous, mais il y a pire : il existait des jeux qui n'utilisaient pas les joystick, alors qu'ils étaient là ! C'est le cas des premiers Resident Evil, mais aussi des Onimusha, deux séries phares de Capcom qui partagent quelques points communs. Cette critique est dédiée à tous les joysticks gauches ou droits qui ont été délaissés durant cette sombre période du jeu vidéo.
Onimusha 2 : Samurai's Destiny fait ainsi partie de ces jeux qui réussissent l'exploit d'être encore aujourd'hui tout à fait jouables, malgré un sérieux handicap de départ. Pour faire simple, imaginez un Resident Evil 2 se déroulant au Japon féodal, avec des armes blanches à la place des flingues, et des démons à la place des zombies.
Niveau scénario et intrigue, c'est franchement n'importe quoi :p. On nage en pleine série B avec des situations qui sortent de nulle part, des dialogues à mourir de rire et des protagonistes bien clichés. Là où le jeu se démarque, notamment du précédent opus, c'est dans la possibilité d'interagir avec quatre autres personnages qui pourront vous aider dans votre aventure, et que vous pourrez même incarner. Votre héros, Jubei, rencontrera en effet un tireur d'élite taciturne, un gros bourrin alcoolique, un ninja candide et une guerrière belle et mystérieuse. Vous aurez l'occasion de discuter avec eux à certains moments de l'aventure et surtout de leur offrir des cadeaux que vous trouverez un peu partout, et qui augmenteront votre affinité avec eux. Suivant votre affinité avec chacun (le "compteur d'affinité" vous est inconnu, mais il y a bien un certain nombre de points alloués à chaque objet offert), votre aventure se déroulera de manière différente, les personnages les plus proches de vous venant vous aider à plusieurs moments, et déclenchant du coup des cinématiques qui leur sont propres, en plus du scénario qui va avec. Le jeu a du coup une très bonne rejouabilité, et a la bonne idée de vous indiquer à la fin tous les embranchements que vous avez raté, et avec qui. Impossible par contre de savoir quel cadeau est plus adapté à chacun (sauf les plus évidents), ce qui obligera à trouver un inventaire sur le net. Malgré la niaiserie de certains passages, on s'attache quand même un peu à cette bande haut en couleurs.
Niveau gameplay, le jeu a surprenamment bien vieilli. C'est assez simple : un bouton pour attaquer, un bouton pour la magie, une gâchette pour parer, un bouton pour absorber les âmes des ennemis vaincus (âmes qui restaurent la santé, la magie et servent pour améliorer vos armes), et un bouton pour... juste avancer. Si vous commencez avec un simple sabre, au fil du jeu vous trouverez des armes élémentaires, comme un sabre de foudre ou un marteau de terre, pour autant de nuances de gameplay et de magie. Il est aussi possible d'effectuer un contre dévastateur avec un excellent timing. Et si au départ on craint de ne pas arriver à viser les ennemis (le stick gauche ne sert à rien je le rappelle, et il faut d'abord s'orienter avec la croix directionnelle, PUIS avancer avec un bouton :p), le jeu a l'intelligence de vous faire pivoter automatiquement en direction des ennemis lorsque vous attaquez. Bon, c'est assez difficile à décrire ici, mais manette en main ça marche plutôt bien. Seul point noir selon moi, la gestion de l'inventaire est assez lourde, et changer d'arme en plein combat est laborieux (ou alors j'ai pas trouvé le raccourci si il y en a un). Les ennemis inatteignables avec des armes à distance sont notamment un calvaire, vous obligeant à prendre votre arc ou votre fusil.
Enfin, comme avec les Resident Evil, on retrouve quelques énigmes très basiques et une petite dose de backtracking, parfois obligatoire et souvent optionnel. Il y a aussi les fameuses "zones fantômes", qui mettront vos nerfs à rude épreuve face à des ennemis sur plusieurs niveaux, mais avec de belles récompenses à la clé. D'ailleurs, il n'y a pas non plus de gestion de la caméra, tout le jeu est réalisé avec des plans fixes, qui permettent de mettre en valeur des objets à récupérer, de surprendre le joueur, ou tout simplement de montrer des beaux environnements (le jeu est plutôt beau).
Bref, Onimusha 2 : Samurai's Destiny est bien un jeu de son époque, exigeant, précis et même plutôt difficile. Et derrière son histoire complètement clichée se cache un système d'affinité intéressant et une très bonne rejouabilité (comptez entre 8 et 10h pour le finir une première fois). Si la saga est aujourd'hui un peu oubliée, l'histoire de Capcom ayant retenu Devil May Cry, qui le mérite amplement bien sûr, j'aimerai vraiment voir un nouvel épisode sur la génération actuelle ou la suivante !