Daté

J'aime les walking simulators malgré leurs défauts et je suis triste que le genre ait si vite disparu des radars. C'est donc avec surprise et enthousiasme que j'ai accueilli l'arrivée d'Open Roads dans le Game Pass.

L'originalité du titre repose sur son mélange 2D/3D qui, disons-le clairement, ne fonctionne pas. Il ne fonctionne pas car le passage de l'un à l'autre n'a rien de fluide, les dialogues en 2D viennent sans cesse interrompre l'exploration en 3D (qui se résume à marcher et cliquer sur des objets, soit dit en passant), cassant ainsi le rythme et l'immersion. En outre le chara-design est immonde et l'animation en fait des caisses pour compenser le fait que les séquences ne soient pas intégralement animées. On observe également un vilain flou lorsque le jeu zoome sur les personnages, bref c'est pas maîtrisé et les graphismes semblent davantage résulter de contraintes (techniques, budgétaires...) que de véritables choix artistiques.

De leur côté, les environnements 3D sont très jolis mais les lieux en eux-mêmes ne m'ont pas marqué, la faute à une narration environnementale maladroite. Open Roads nous fait par exemple visiter une maison de vacances abandonnée depuis plusieurs décennies, où certaines choses ont été laissées telles quelles sans que l'on comprenne vraiment pourquoi. Genre les tiroirs sont vides mais il y a de la vaisselle qui traîne, des jeux pas rangés, des poubelles pas sorties etc... Pourquoi ? Ok les membres de la famille ont cessé d'utiliser cette maison secondaire, mais ils sont pas partis comme des voleurs au milieu de la nuit alors pourquoi tout est en bordel ?

Et pourquoi trouve-t-on des lettres, dessins ou mots importants laissés bien en évidence un peu partout dans ce jeu ? Je sais pourquoi : parce que c'est pratique pour raconter une histoire. Pratique mais artificiel et ennuyeux, or je m'attendais à ce qu'un studio sortant un walking sim en 2024 ait identifié les principaux défauts du genre et soit capable de proposer une narration plus dynamique et immersive.

Certes il y a bien des choix de dialogues mais ceux-ci sont assez anecdotiques, en tout cas je n'ai jamais ressenti qu'ils avaient un véritable impact sur la conversation ou sur mon personnage et encore moins sur le scénario mais ça c'est pas un problème. Puis les dialogues sont un peu superflus, cheesy, pas toujours naturels et l'humour n'a pas fonctionné sur moi. Le doublage est bon, c'est déjà ça.

Côté scénario on a droit à une énième histoire de famille parlant de secrets, de relations parents/enfants etc, avec quelques petits twists parfois trop tardifs et un certain manque d'enjeux. C'est pas particulièrement mauvais mais là encore il s'agit d'un walking simulator, l'histoire constitue l'essentiel de l'expérience donc celle-ci a intérêt à être solide et un tant soit peu originale.

Bref, Open Roads sort bien après la mode des walking simulators et pourtant il semble n'avoir rien retenu du succès d'Edith Finch ou de Firewatch. Niveau rythme, narration et interactivité on est revenus 10 ans en arrière et ni le scénario ni la direction artistique ne sont en mesure de faire oublier ces défauts.