Critique de Pac-Man par WithAy
Je hais Pac-Man ! S'il pouvait s'étouffer avec ses pac-gums et mourir, je pense que j'organiserais une fête, puis j'irais pisser sur sa tombe. Sale bête !
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le 20 mai 2010
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Vous ai je déjà parlé de ce pote à moi ?
Un personnage complexe et multiple sous la trompeuse apparence d'une simplicité intellectuelle et vestimentaire qui lui collait salement à la peau.
En effet sous son t-shirt "Megadeth" élimé jusqu'à la corde, son jean troué et ses Vans trop grande; sous cet air indolent et ses yeux rougis par la fatigue et les nombreuses heures passées devant ses consoles, mon vieil ami cachait un terrible secret.
Un secret qu'il tentait de masquer tant bien que mal aux yeux de sa famille, qui s'inquiétait de plus en plus pour lui. Mon vieux pote était pitoyablement tombé dans la drogue. Enfin... Dans la beuh plus précisément.
Depuis son départ pour la fac et l'obtention frauduleuse d'un appart' miteux dans une cité U en ruine, toutes les névroses et autres addictions de mon pote s'étaient décuplées.
C'est dans un studio de 8 m2 aux murs décrépits qu'il avait posé ses maigres valises. Un studio dont il avait entrepris la restauration des murs avec l'encollage minutieux de quelques posters savamment disposés. Une véritable tapisserie de Bayeux à base d'affiches pornographiques fanées.
Ce n'était pas la conquête du trône d'Angleterre par Guillaume le Conquérant, de 1064 jusqu'au dénouement de la bataille d'Hastings que l'on pouvait suivre sur cette tapisserie étonnante, mais l'historique quasi complet du X Américain démarrant de la magnifique Tracy Lords et retraçant les carrières légendaires des Victoria Paris, Jeanna Fine, Tracey Adams et autres Amber et Ginger Lynn pour arriver triomphalement au dessus de son pieu où trônait majestueusement une Ashlyn Gere au regard hautain nous exposant un fessier digne d'un marbre antique.
C'est donc dans ce vétuste une-pièce que mon pote s'adonnait à ses addictions. 8 m2 de surface dont 2 était occupé par tout un attirail fabriqué par ses soins à base de jardinières en plastique, de papier film et de spots de boîte de nuit. Une serre "maison" d'où il sortait - devançant d'une dizaine d'années la mode du "Bio" - sa propre consommation d'herbe et dont il régalait ses nombreux amis (moi, en l’occurrence.).
Mais l'herbe et les jeux vidéos n'étaient pas ses seules mauvaises manies. L'homme était également Curly-dépendant à un degré qui frôlait à chaque fois l'overdose. Une consommation déraisonnée qui lui permettait de se nourrir rapidement et grassement sans lâcher sa manette de jeu adipeuse. Une source d'énergie pleine d'huile et de cholestérol qui donnait à son ventre des formes étranges et à son canapé en faux Skaï un cirage parfait.
Depuis quelques temps déjà mon ami avait une fâcheuse tendance à la nostalgie. Il venait de faire l'acquisition de divers jeux rétro "Arcade Style" qui lui rappelait ses débuts dans le "vidéoludisme".
Space Invaders, Shinobi, Donkey Kong ou Wonder Boy étaient les nouvelles passions de mon poto. Mais c'est sur Pac-Man qu'il rongeait son os, sur cette simplicité pixelisée qu'il restait bloqué depuis un bail maintenant.
Je dois avouer que son obsession pour cette espèce de tomme de frometon découpée commençait à m'inquiéter. Ça faisait des semaines qu'il ne décrochait pas de ce labyrinthe informatique rempli de fantômes colorés et de petites boules nourricières. Rien à faire ! Il devait terminer ce jeu.
Ni mes exhortations à aller se filer quelques binouzes au bistrot du coin, ni mes trois-feuilles dégoulinants de THC, ni même le visionnage de "Viva Italia 2" qui regroupaient les grandes stars Européennes de l'époque: Tabatha Cash, Draghixa, Erika Bella, Selen et autres Julia Chanel qui sous l'égide de Mario Salieri revisitaient l'immédiat après-guerre Italien où apparemment la pénurie de petites culottes frappait le pays de plein fouet, ni même ça ne sortait mon ami de sa torpeur vidéoludique.
Mais aujourd'hui était un jour particulier. En effet j'avais, pour son anniversaire, fait l'acquisition au prix d'une semaine de diète forcée, de deux places pour le concert de Megadeth qui avait lieu ce soir même dans l'unique Zénith de la région Languedocienne.
Toute mon organisation pour son anniversaire était remise en cause par l'addiction diabolique à cette saloperie de jeu à la con. Pas moyen de le déloger de devant cette connerie de Pac-Man.
L'addition malsaine et complexe de ses nombreux jeux vidéos et d'une misanthropie maladive qui lui faisait éviter le plus souvent possible tout contact humain rendait toute sortie vers l'extérieur délicate et dangereuse.
C'est quand je vis le cent grammes de "teushi" sur son étagère, qu'il gardait précieusement en cas de pénurie de fleur de Ganja, que me vient une idée.
Je m'emparai de la savonnette et commençai à la brûler dans l'appartement pour attirer son attention. Mon pote renifla doucement, puis plus intensément; tout à coup sa paupière droite se leva mollement. Je l'avais accroché !
Je me mis à émietter le bout de cannabis sur le sol. j’avançai dans le dédale obscur de cette cité U fatiguée en semant des grammes de teush sur le lino usé. Mon ami comme hypnotisé suivait ces boulettes à la trace et les ramassait une à une.
Il me fallait également éviter les étudiants de la cité qui appâtés eux aussi par l'odeur alléchante du morceau de Marocain torréfié commençaient à errer dans les couloirs sombres.
Je sentais la fébrilité de mon pote à la vue de ces étudiants-fantômes, je le voyais tourner dans diverses directions tentant d'éviter ces gêneurs. Le temps passait, notre concert de Megadeth s'éloignait à grand pas.
Je réfléchis. Il me fallait trouver un remède à cette misanthropie maladive, un antidote qui lui permettrait de traverser cette foule d'étudiants aux yeux rouges et d'affronter le public de Métalleux survoltés au concert de Mustaine et sa troupe. Sortir enfin de ce labyrinthe maudit.
Il me fallait quelque chose. Un désinhibiteur. EURÊKA !
Je courus dans sa chambre et pris deux bouteilles de Jack Daniel's qu'il planquait sous son pieu.
Je retournai dans le labyrinthe et disposai la bouteille sur son chemin. Mon ami continuait à ramasser ces boulettes quand il la vit. Au bout du couloir un étudiant la vit également. Ils se ruèrent dessus mais mon ami fut plus prompt.
Il en but la moitié en quelques secondes, se leva régénéré, fila un grand coup de boule à l'étudiant en face de lui et se remit à la recherche de son "teuteu" perdu avec une vélocité nouvelle.
Tous les universitaires qu'il avait le malheur de croiser, qui tentaient de chourave son Marocco, il les tatannait sévère avec une vigueur et un sourire retrouvé.
Je semai le dernier bout de shit devant la portière de sa caisse dégueulasse, mon plan machiavélique semblait marcher du feu de Dieu.
Je le vis devant l'entrée de la cité, suivant les miettes éparses de cannabis, il arrivait tranquillement jusqu'à la voiture la tête baissée et le dos courbé. Derrière lui les étudiants - dont certains saignaient encore abondamment - le suivaient tentant de récupérer un morceau à méfu pour égayer leur soirée solitaire.
Arrivé à ma hauteur, je pris mon pote par les épaules et lui mis un grand coup de pied au cul pour le faire entrer dans la bagnole. Je fermai les portières et démarrai en trombe, le majeur bien tendu à la fenêtre, laissant derrière nous ces étudiants-fantômes et leur crise de manque cannabique.
Nous étions sauvés.
Les fenêtres ouvertes, le vent s'engouffrait dans la voiture et venait rafraîchir le front transpirant de mon pote.
Tandis que je roulai à vive allure vers le Zénith, mon ami repris conscience et je lui annonçai la merveilleuse nouvelle.
MEGADETH ! MEGADETH MON POTE !! Ton putain d'anniversaire. Aujourd'hui !
Je vis le bonheur dans ses yeux rouges mais je sentis également une pointe d'anxiété. Je compris.
Sa misanthropie reprenait le dessus et l'idée d'aller affronter ces hordes d'Hard-Rockeurs chevelus ne l'enchantait guère. Il me regarda avec un petit air triste.
Je le regardai avec un petit sourire satisfait et sortit de sous le siège le remède, l'antidote à sa misanthropie, le médicament contre sa haine du genre Humain: Une bouteille de JACK DANIEL'S.
Il l'ouvrit en riant et s'en versa une rasade dans le gosier pendant que je montai le son sur l'intro de Tornado of Souls.
En avant ! Prend garde à toi Megadeth ! ! !
(RIP Nick Menza 1964 - 2016 )
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Créée
le 31 mai 2016
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