Il subsiste dans nos sociétés occidentales post-industrielles une peur du vide qu'on peut assimiler à un refus face à la mort. L'activité frénétique de nos vies ordinaires s'accompagnant tout de même de nombreuses facilités, l'individu moyen tout en étant occupé n'associe pas nécessairement l'occupation à la souffrance. Alors qu'inversement, la mort s'associe souvent au néant, d'autant plus que la religion a reculé. A la possibilité d'un au-delà diversement (des)agréable s'est substitué l'attente du rien. Le vide abyssal spirituel s'accompagne alors d'une quête de sens qui tient lieu de substitut laïc et raisonnable à la foi.
Dans ce contexte l'homo-administratus doit parfois composer avec des baisses brutales d'activité qui le laissent face à un dilemne qui exige réponse, faute de quoi l'anxiété le saisira : faut-il se dénoncer au risque d'écoper de responsabilités supplémentaires, ou est-il raisonnablement possible de générer soi-même de l'occupation ? Chacun trouve alors sa propre réponse. Depuis la nuit des temps administrative, certains hommes ont trouvé ce jeu inspiré de la chasse au javelot qui remonte aux confins de l'histoire de l'homme jusqu'à la préhistoire : le lancer de boulettes en papier. Manquait à l'homme moderne la possibilité de s'adonner à cette activité destinée à renforcer son estime de soi par l'émulsion d'une chasse virile car dangereuse en tous lieux. Car tout comme la femme d'alors se soumettait au chasseur le plus capable de nourrir cette frêle créature, le petit employé de bureau sait qu'un trois points enroulé du revers de la main lui permettra de susciter l'admiration suave de la belette.
Paper Toss permet donc de simuler la même chose dans le but d'impressionner la geekette, femme dont l'existence confine au mythique et qu'il faut s'arracher au prix d'une lutte acharnée.
Mais quand même, passé quinze minutes sur cette application, qu'est-ce qu'on se fait chier !