Pharaoh A New Era est une version revisitée et remise au goût du jour de l’excellent city Builder Pharaoh d‘Impression Games sorti en 1999. Développé par le studio français Triskell Interactive à qui l’on doit Lethis – Path of Progress et publié par Dotemu, il est désormais disponible sur Steam depuis le 15 février 2023 au prix de 22.99€.


Si la série des Pharaoh et autres jeux de construction de ville comme Zeus sont moins connus que leurs illustres prédécesseurs à savoir les Caesar 1, 2 et 3 (mention spéciale concernant le 2 pour moi), ils bénéficient toujours d’une large popularité et d’un attrait certain que ce soit pour les joueurs dits anciens ou les amateurs de Good Old Games. C’est donc avec une réelle joie qu’à été accueillie la nouvelle d’une version plus moderne dénommée Pharaoh A New Era et qui serait de surcroit développée par un studio indépendant ayant déjà fait ses preuves en la matière.


Si leur premier jeu était un habile city builder très largement inspiré des grands classiques, la véritable question que l’on est en droit d’avoir vis à vis de cette nouvelle itération est la suivante: Est-ce que Triskell Interactive est capable d’apporter un peu de sang frais dans le genre ou alors est-ce que Pharaoh A New Era est une simple mise à jour graphique avec quelques remaniements côté gameplay afin de rassasier les fans de la licence ?


Le premier aspect du jeu qui fera débat chez les fans et même chez les néophytes du genre sera la direction artistique. En effet, celle-ci diffère très largement du jeu original en ce qui concerne les personnages tout en reprenant parfois au détail près les anciens bâtiments mais avec une plus grande précision et quelques changements bien vu.


Pour avoir suivi quelques streams Twitch de Triskell Interactive lors de la genèse graphique desdits bâtiments, il est indéniable que l’attention au détail est remarquable et que la plus haute résolution des assets rend vraiment honneur à son ancêtre. C’est un brin plus compliqué au niveau des personnages qui font un peu jeu mobile dans leur patte graphique mais il serait malhonnête de dire que le résultat est mauvais. C’est certes différent mais après quelques heures de jeu, je n’y ai plus fait attention.


Nil-histique

Notre histoire commencera donc par une campagne solo dans laquelle on contrôlera une civilisation égyptienne naissante qui tentera de se former dans la vallée humide entourant le Nil. Si les (brèves) premières missions seront dédiées à l’apprentissage des mécaniques et de l’utilisation à bon escient des différents bâtiments, on arrivera assez vite à un peu plus de liberté dans nos choix et dans la réussite ou non de notre dynastie.


Si nos premières colonies seront fort modestes avec une collection délabrée de huttes blottis au bord d’une rivière nous servant de demeures et de capitale régionale, la marge de progression de notre civilisation reste énorme et parfaitement linéaire. C’est une des belles réussite du jeu, notre toute première tâche consistera à prendre soin des besoins élémentaires de nos citoyens à savoir la nourriture, l’accès à l’eau, un abri et la sécurité.


Pour croitre en population et en qualité d’habitation, il faudra nous assurer que tout logement construit ait un accès à des sources d’eau, à un bazar local dans le but de distribuer de la nourriture ainsi qu’à des agriculteurs et autres chasseurs qui fourniront la nourriture carnée et végétale. Il faudra également bien faire attention à la stabilité de nos bâtiments ainsi qu’à leur propension au feu en prévoyant des architectes et des pompiers.


Comme tout bon city builder, Pharaoh A New Era nous offre un système des routes qu’il conviendra d’optimiser que ce soit dans leur logique mais également dans leur cloisonnement. On retrouve ici une des spécificité de Lethis – Path of Progress avec un système de borne qui aidera à optimiser la façon dont les gens se déplaceront dans notre ville, obligeant les travailleurs et autres personnels de sécurisation des rues à rester dans des zones dédiées ce qui améliorera la couverture des différents corps de métier.


Nécro-pole emploi

On retrouvera également une version mise à jour très inspirée de Zeus : les maitre de l’Olympe du système de recrutement et de migration de nos nouveaux arrivants. Si de prime abord il emménagent dans des maisons vides de votre ville, il faudra leur trouver un emploi, nul besoin désormais de créer des bassins de travailleurs proches des industries.


On disposera de recruteurs à la recherche de chômeurs à embaucher. Cette mécanique est optionnelle et si vous préférez rester sur vos anciennes habitudes, sachez que vous pouvez la désactiver.


Dès lors que l’on garde ce nouveau système dans Pharaoh A New Era, il faudra nous assurer que nos recruteurs et nos citoyens aient accès à tout, il faudra également nous assurer qu’il ne faut pas que nos recruteurs perdent trop de temps à faire leur métier. Là encore, une optimisation des poteaux sur nos routes sera obligatoire sous peine de devoir faire plus que traverser la rue pour trouver un emploi!


Personnellement, je trouve que ce nouveau système facilite grandement le jeu et qu’il permet aux joueurs moins aguerris de prendre les choses à leur rythme leur permettant par la suite à se concentrer sur toute la gestion plus complexe de leur cité. Si l’on souhaite recruter, il faudra leur proposer des emplois directement accessibles, une qualité de vie décente et des salaires suffisamment élevés par rapport au reste de l’Afrique pour qu’ils daignent venir chez nous, on se croirait presque dans nos temps modernes post-COVID.


Autre changement notable de Pharaoh A New Era pendant que j’y suis, certains bâtiment doivent être placés proches d’une case des routes pour être opérationnels, auparavant, ils devaient avoir un accès direct à la route. Du coup, il faudra dès lors repenser complètement notre façon de construire notre ville si l’on était habitué à l’ancienne version.


Après avoir avancé dans le jeu on sera chargé de produire du cuivre et des pierres précieuses pour notre pharaon tout en essayant de protéger notre colonie des attaques d’ennemis. On notera également ici quelques changements en ce qui concerne la gestion de la guerre, si cette phase n’a jamais été la plus intéressante dans Pharaoh 1999 (c’était plus intéressant dans la série des Caesar) les conflits seront plus simples et on pourra désormais les résoudre automatiquement. Forcément, plus votre armée sera importante en nombres et plus vos chances de victoires seront grandes, c’est simple mais efficace à défaut d’être innovant.


En escadrille!

S’il était parfois possible de se remettre d’une mauvaise séquence auparavant, il n’en sera pas forcément de même dans Pharaoh A New Era. Comme disait quelqu’un, les emmerdes, ça vole toujours en escadrille! Une fois notre réputation trop basse, c’est Game Over car si l’on n’est plus apte à commercer, on ne pourra plus apporter d’amélioration à notre ville ce qui impliquera une dette qui se creuse et ainsi de suite!


Si la difficulté du jeu est assez élevée dans l’absolu, elle est très fortement augmentée de façon artificielle à cause de très nombreux problèmes techniques et autres bugs parfois assez sévères. Même si les développeurs sont actifs sur ce front, je préfère vous prévenir que certaines défaites viennent parfois de soucis de pathfinding et autres refus des citoyens de faire ce qu’ils doivent faire alors qu’ils y ont accès. Il m’est également arrivé de perdre ma sauvegarde à plusieurs reprises au tout début des aventures, on est plus proches de Meurtres sur le Nil que d’un City Builder des familles!


On notera également quelques gros soucis en matière de lisibilité de certains menus, la gestion des conseils est particulièrement pénible à utiliser avec une iconographie à la ramasse, un ordre des conseillers pas optimal et bien d’autres grief que je vais soigneusement éviter de notifier ici. C’est contre intuitif et sincèrement incompréhensible même avec un peu d’heures sur le jeu. On notera également des soucis de lisibilité et de compréhension d’objectifs dans certaines missions.


Le tutoriel n’est pas exempt de reproche avec des descriptions parfois sommaires de ce que l’on doit faire et d’où se trouve les différents boutons nécessaires à la création de bâtiments. Certains textes ne sont pas très clairs même pour un jeu français, c’est dommage!


Techniquement, Pharaoh A New Era est plus que correct avec une réalisation de bonne facture malgré cet aspect un peu délavé et jeu Mobile des graphismes mais l’ensemble tient la route et ne fait pas honte à la licence si chère aux amateurs de City Builder. Le jeu tourne très bien même sur une configuration modeste ce qui est plutôt intéressant.


Le jeu est jouable sur le Steam Deck sans vraiment être optimisé, je vous conseille éventuellement d’attendre une mise à jour car l’UI n’est pas adaptée et il faudra basculer en 720p pour espérer y voir quelque chose vu la taille des textes.


Le jeu est disponible en français à la fois dans les textes et dans les voix ce qui est un logique vu que le jeu est développé et édité par des habitués des productions françaises. Il est jouable en solo uniquement ce qui est logique vu la nature du jeu et il dispose dores et déjà de cartes Steam et d’une gestion parfois erratique des sauvegardes sur le Steam Cloud.


Comptez environ 30 heures de jeu pour faire un bon tour de ce que propose Pharaoh A New Era ce qui est plutôt bon pour ce genre de production. Rajoutez à cela plus de 47 succès Steam à débloquer qui devraient rajouter pas mal de durée de vie au jeu. On ne voit pas forcément le temps passé tant il y a de quoi faire que ce soit dans le mode scénarisé ou en mode bac à sable.


Pharaoh A New Era est au final un bel hommage à son illustre prédécesseur mais qui n’apporte pas assez de nouveautés que cela pour justifier à 100% un achat pour les habitués du genre. On reste dans le grand classique malgré quelques bonnes idées et aménagements en matière de gameplay bienvenus.


Soyons clair, c’est un bon jeu mais qui semble avoir été sorti un peu trop vite avec une belle brochette de bugs qui ternissent le tableau final, au lieu de nous proposer un nouveau classique du genre, Triskell Interactive nous offre simplement un excellent divertissement un brin trop sage.

LoutrePerfide
7
Écrit par

Créée

le 14 mars 2023

Critique lue 110 fois

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