The Legend of Gail

Les purs Zelda II-like "modernes" peuvent sans doute se compter sur les doigts de deux mains, voire d'une main. Et si l'hebdo n°137 de Seldell ne l'avait pas mentionné, je n'aurai peut-être jamais entendu parler de cet incroyable Phoenotopia: Awakening (refonte totale d'un jeu flash aujourd'hui à priori injouable). Le jeu est même bien plus riche qu'un Zelda II, et va beaucoup plus loin dans presque tous les domaines.

Vous incarnez Gail, une jeune fille taciturne aux cheveux roses, habitant dans un paisible village de campagne. Ce monde à l'air moyenâgeux est en réalité un monde post-apo, où les "anciens humains" se sont fait la guerre jusqu'à se mettre au bord de l'extinction, pour finalement se replier sous terre afin de laisser la surface guérir. Ce n'est qu'après de nombreuses générations que de nouveaux peuples sont apparus à la surface, construisant de nouvelles villes au-dessus des ruines d'anciennes civilisations. Il y a ainsi dès le départ un univers assez riche et une ambiance un peu à la Hyper Light Drifter, puisque l'on a va souvent explorer des lieux anciens et détruits. L'histoire prend aussi très vite une tournure SF, lorsque la quasi-totalité du village de Gail se verra enlever par... un vaisseau extra-terrestre. Bref, à vous de les sauver, tout ça tout ça. Sauf que... en fait non. Arrivé au générique de fin, on est un peu étonné de ressentir que l'histoire n'est en fait pas du tout terminée. On sait également qu'il y a une énorme région mentionnée tout le long du jeu mais qu'on ne visite finalement pas. C'est à la fois un peu frustrant, et en même temps ça donne diablement envie de voir arriver une suite.

Côté gameplay, à la manière d'un Zelda II donc, vous vous déplacez en vue de côté dans les lieux importants, et en vue de dessus lorsque vous êtes sur la carte du monde. Sur cette dernière, vous êtes libre de vous rendre dans les lieux importants, de fouiller pour trouver les éventuels lieux secrets, ou de combattre des monstres (sur ce point identique à Zelda II ou encore à Elliot Quest). Les combats sont assez simples : une touche pour le corps-à-corps, une touche de saut, et une touche pour utiliser l'objet équipé, qui peut être une arme de tir, une bombe, un objet de soin, etc... Suivant vos paramètres de difficulté, certaines actions consomment de l'endurance, donc il faudra souvent faire attention à ne pas foncer dans le tas comme un bourrin. Dans les rares défauts que j'ai notés, il y a parfois un petit délai entre l'input et l'exécution de l'action, et il arrive aussi de se perdre un peu dans les contrôles, mais rien de dramatique. Dans les villages et villes, il y a un paquet de PNJ à qui parler, soit pour du lore, soit pour obtenir de petites quêtes annexes. On trouve aussi bien évidemment des marchands d'armes, d'armures et de bouffe. Le jeu est enfin blindé de secrets et d'objets à trouver. D'ailleurs, pensez à parler au moins deux fois (voire plus) à chaque PNJ pour épuiser toutes leurs lignes de dialogue (merci Dark Souls).

Graphiquement, c'est tellement beau. Les lieux sont magnifiques et ont du charme. Les musiques sont excellentes. Le jeu est en plus vraiment bien optimisé, et je n'ai pas eu besoin d'aller modifier les paramètres de résolution et autres pour que le jeu soit fluide, ce qui est très appréciable. Malgré la fin un peu tronquée, l'histoire est prenante, les personnages sont attachants, et l'écriture sait bien jongler entre humour et sérieux. On trouve même un petit côté Fez à certains moments, quand il faut savoir lire et observer l'environnement pour résoudre de petites énigmes.

Tout ceci étant dit, alors attention, le jeu est franchement dur. Et ce même dès les premières heures. Les ennemis font assez mal, et il faudra régulièrement dénicher les bonus de santé et d’endurance accessibles pour espérer survivre, sans parler d'économiser pour acheter de nouvelles armes et armures. Certains donjons sont aussi bien retors, que ce soit au niveau des énigmes ou des combats. Par contre, il y a pas mal de liberté offert au joueur pour résoudre les différentes situations. Il y a même des fois où l'on se demande si on ne triche pas un peu pour avancer, tellement l'utilisation de certaines capacités cassent le level design. Il n'y a pas de sauvegarde automatique, donc la mort peut potentiellement vous faire perdre une bonne partie de votre progression. Et dans les dernières zones, les points de sauvegarde sont bien espacés.

Bref, Phoenotopia: Awakening est sincèrement assez hallucinant. Il est rare de voir un "petit" jeu aller aussi loin dans le détail. J'ai laissé beaucoup d'éléments de côté pour conserver un peu de surprise, mais par exemple, sachez qu'il existe un PNJ vous permettant de savoir où se trouvent les objets bonus que vous auriez manqué. Je n'ai pas souvent vu ce genre de feature, sauf... dans un Zelda. En ligne droite, je pense qu'il faut bien 25h pour en voir le bout (il y a un succès qui vous demande de le finir en moins de 4h, mais n'essayez pas, vous risquez de perdre en espérance de vie). Personnellement, j'ai mis 35h pour le finir à 86%, et 40h pour le 100% (dont notamment un boss optionnel qui vous fera cracher du sang jusqu'à en mourir).

Si vous êtes fans du genre, à ne surtout pas rater ! J'espère vraiment voir arriver une suite un jour :p.