Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog.
Studio nippon au catalogue fourni, Nippon Ichi Software est notoirement connu pour sa licence Disgaea. Le RPG demeure le genre privilégié du studio qui n’hésite pas à le décliner sous plusieurs formes que ce soit le tactical ou le dungeon crawler. Si leur production demeure fort fournie, leurs titres demeurent non traduits en français ce qui peut rebuter nombre de joueurs qui, face à l’anglais, tirent la grimace. Poison Control n’échappe pas à cette règle proposant doublage japonais et texte dans la langue de Shakespeare. Ce dernier demeure accessible et, surtout, ne gêne en rien à la compréhension du gameplay.
Avec Poison Control, le RPG se couple avec un système de combat proche du shooter. Le protagoniste principal est décédé dans des circonstances laissées troubles qui, on se doute, seront élucidées durant le récit. Piégé en Enfer, le voici réveillé par une dénommée Poisonette. Créature lilliputienne, la demoiselle lui redonne un corps de chair par sa présence. Voilà un duo atypique faisant équipe pour sauver nombre d’âmes perdues et, à terme, atteindre le Paradis.
L’Enfer est pavé de bonnes intentions
L’Enfer n’a jamais été un lieu propice aux réjouissances et à la bonne humeur. Dans Poison Control, les différents cercles sont emplis de Belles Hell’s, des lieux créés par les désillusions des humaines. Oui, le jeu nous propose des traumatismes ne touchant que des personnages féminins. Pour ces messieurs, il doit exister un autre pan de l’Enfer qui leur est dédié. Chaque victime a droit à sa petite histoire que l’on découvre en avançant dans le niveau mais, surtout, en interagissant avec les fragments d’âmes visibles sous forme de fumerolles. Ces dernières dévoilent des fragments de mémoire sous formes de dialogues, voire des illustrations.
Malgré un visuel très pop, sur lequel je reviendrais plus bas, Poison Control évoque nombre de thématiques sombres comme la perte d’un être cher, la maladie, les relations toxiques… Chaque Belle’s Hell étant un reflet de la psyché de sa propriétaire, le décor se pare d’éléments évoquant aussi bien un lieu chéri de leur vivant que les traumatismes qui y sont liés. Le duo va ainsi traverser des salles de classe, une forêt saturée de pollen (sa propriétaire en est allergique) ou encore un lieu empli de sucreries géantes. Si l’idée est là, les différents Belle’s Hell traversées demeurent largement vide dans leur décorum et hormis quelques niveaux sortant du lot la plupart se ressemblent à quelques menus détails près.
Il est de même pour le bestiaire. Nommés les Kleshas, vos ennemis comptent à peine une dizaine de variations proposant aussi bien des créatures humanoïdes, des chiens ou même des ennemis volants. Certains d’entre eux requièrent une petite subtilité pour les vaincre comme ceux munis d’un bouclier. Rien d’insurmontable néanmoins, surtout à l’aide de la roulade qui s’active avec (rond) vous permettant d’esquiver les coups. Vous pouvez aussi viser leurs points faibles dont la forme peut varier selon le niveau… et c’est là la seule variation visible. Dommage.
Comme je le disais plus haut, la patte graphique de Poison Control n’est pas sans rappeler le pop art avec un usage assumé de couleurs fortes. Le rose demeure la gamme dominante, un choix qui permet d’entraîner un décalage avec le thème même des Enfers mais aussi d’assurer une certaine censure lors de quelques scènes ensanglantées. Rien de bien méchant, je vous rassure. Le jeu fait aussi la part belle à l’utilisation de symboles (papillons, crânes, points d’exclamation) ce qui confère au jeu un habillage attrayant.
Nippon Ichi Software assure toujours aussi bien le chara-design de ses protagonistes. Si celui incarné par le joueur principal est volontairement très sobre (ce qui n’est pas sans rappeler les héros des vieux jeux), et que l’ensemble du casting demeure majoritairement féminin, il demeure varié. Les humaines alimentant les “Belle’s Hell” montrent des profils diversifiés, mettant en exergue leurs péchés. Du côté de Poisonette et ses pairs, le chara-design se veut plus loufoque avec des attributs diversifiés.
La bande-sonore est dans la droite lignée du visuel conféré à Poison Control. Les pistes sont dynamiques ce qui, couplé aux tirs de nos armes, rend chaque affrontement particulièrement rythmé. Quelques musiques se veulent plus calmes lorsque l’on découvre le passé d’une humaine plongée en Enfer ou le fin mot de toute cette histoire avec Poisonette.
Le poison peut être un atout
L’Enfer révélé par Poison Control se divise en cinq cercles comportant chacun un certain nombre de “Belle’s Hell” que l’on doit purifier. Pour cela, notre protagoniste a littéralement une arme à la place du bras. Si la première demeure somme toute basique, on peut en glaner d’autres en ramassant des Poisons Gems. Ces dernières se dissimulent au sein de coffres : trois par Belle’s Hell. Une fois ramassées, vous obtenez l’arme. Cet attirail possède plusieurs systèmes de tirs à savoir normal, rapid, spread, laser et bomb. Autrement dit vous pouvez vous équiper de l’équivalent d’un shotgun, d’une mitraillette ou envoyer des bombes collantes sur l’adversaire.
D’autres Belle’s Hell offrent des capacités de soutiens nommés Antidote et Catalyst. Le premier confère des bonus comme augmenter vos points de vie, votre vitesse ou encore votre défense. Quant au second, ils se déclinent en bonus tels qu’accroître le gain d’argent ou encore réduire les dégâts causés par les tirs ennemis.
Et s’il n’y en avait pas encore assez, il y en a encore ! Les Deliriants proposent des armes, reprenant les attaques de vos ennemis, à trouver directement dans les coffres. Leur acquisition est plus subtile que les armes de base puisque certains requièrent que vous soyez déséquipé d’un Deliriant pour pouvoir le ramasser directement. Une subtilité sur laquelle le jeu demeure, malheureusement, muet.
Si vous avez trop d’ennemis autour de vous, faites appel à la Radio Gauge ! Cette capacité spéciale se déclenche avec (triangle) créant une attaque de zone dévastatrice qui, en plus de causer des dégâts, repousse vos assaillants. Prenez garde toutefois : elle met un temps à s’activer. Si un ennemi vous frappe, le lancement est annulé.
Tout cet armement s’acquiert donc en fouillant entièrement chaque Belle’s Hell, ce qui demande aussi de les purger. En restant appuyé sur (R1), on contrôle Poisonette qui a la capacité de nettoyer les flaques de poison. Une aptitude qui permet de passer d’un personnage à l’autre et de frapper les ennemis autrement. En effet, en nettoyant une zone, si l’ennemi se trouve sur le poison au même instant, il recevra des dégâts proportionnels à la quantité de poison “aspirée”. Une méthode simple et efficace qui permet de passer d’un protagoniste à l’autre. Personnellement, cela m’aidait à attaquer directement un groupe avant de les finir au tir ou de les frapper pendant que mon arme se rechargeait. Nettoyer la zone permet aussi au personnage principal d’avancer sans recevoir de dégâts puisque non immunisé au poison mais aussi de révéler des coffres cachés.
Entre chaque Belle’s Hell, il est possible d’améliorer l’ensemble de ses capacités et armes à l’aide de l’argent dûment accumulé. Les niveaux pouvant être relancés indéfiniment, libre à chacun de relancer des niveaux précédents afin de s’améliorer et mieux se confronter aux boss et mini-boss qui jalonnent le périple. La technique permet aussi de récolter de la vie (en tuant des ennemis, purgeant le poison) afin de mieux affronter les prochains ennemis.
Au cours du récit, des discussions entre le protagoniste et Poisonette auront lieu et auront une influence directe sur les statistiques du personnage principal. En plus des classiques augmentations de point de vie, vitesse, on a droit aussi à porter plus d’armes sur soi. Après avoir conclu une première fois l’histoire, les précédents échanges peuvent être relancés indéfiniment pour monter au maximum les statistiques du personnage.
Poison Control demeure un jeu très abordable si on prend la peine d’améliorer son équipement et ses capacités. Certaines armes sortent du lot par leurs statistiques impressionnantes, et le large cheptel permet à chaque joueur de trouver la combinaison qui lui correspond le mieux. Le personnage possède plusieurs vies et tout Game Over renvoie à la carte principale laissant ainsi le choix au joueur de revenir en arrière pour s’améliorer ou de retenter l’avancée.
Nettoyeur expert des Enfers
Si la recette de Poison Control se base sur de l’exploration/nettoyage des donjons, elle demeure efficace. La répétitivité des tâches est allégée par la découverte de nouvelles armes qu’on se plaît à tester jusqu’à trouver la combinaison parfaite. Chaque niveau est l’occasion de découvrir une nouvelle histoire toujours touchante, et à la thématique pouvant être malaisante (mais c’est totalement volontaire). L’habillage pop-art du titre permet au titre de ne pas trop sombrer dans la noirceur sans compter les tirades échangés entre les protagonistes, toujours prompts à faire de l’humour.
Poison Control se permet même de proposer plusieurs fins dont un boss caché se révélant que si vous avez mené certaines actions bien précises. Le jeu vous renvoyant en Enfer quel que soit la conclusion obtenue, vous êtes libre de finir d’obtenir tout ce que recèle le jeu sans aucune contrainte.
Le titre n’est pas le plus emblématique de Nippon Ichi Software mais il recèle de bonnes petites idées. Il ne faut pas placer sur lui d’incroyables attentes dignes du prochain Disgaea, mais le recevoir comme un petit jeu qui se veut distrayant et loufoque de prime abord. Malgré les rudes histoires abordées, le ton de l’ensemble demeure léger. On peut regretter un manque de développement plus détaillé pour les décors ainsi que le bestiaire mais le système arrive à être prenant si on accroche au concept.
Chasse aux trophées tout en détente
Pour les chasseurs de trophées, voilà un platine accessible. Poison Control proposant un end game, vous pouvez profiter du jeu sans craindre de manquer un seul trophée. Afin d’améliorer entièrement les statistiques de votre personnage, il faudra relancer des niveaux pour discuter avec Poisonnette. Une gageure si on s’attaque au premier chapitre et que l’on se contente des affrontements obligatoires, sans compter que l’on peut passer les dialogues à l’aide de (R1). La fin secrète requiert quelques actions précises et un achat qui, s’il semble faramineux au vu du prix, est très accessible si vous vous équipez du Catalyst augmentant le gain d’argent dès son acquisition et l’améliorez au maximum. Comptez une quinzaine d’heures pour décrocher le platine.