Pokémon Méga Donjon Mystère
6.7
Pokémon Méga Donjon Mystère

Jeu de Spike Chunsoft et Nintendo (2015Nintendo 3DS)

Pokémon Donjon Mystère est une série de spin-off de la célèbre (et unique, diront les mauvaises langues) licence de Game Freak, et d’ailleurs la série de spin-off la plus unanimement acclamée par les joueurs. On y incarne un humain, amnésique comme dans tout RPG qui se respecte, envoyé dans le monde des pokémons et transformé en monstre de poche afin de sauver ce monde d’une menace imminente. Personnellement, je n’avais joué qu’au premier opus sur Nintendo DS puis abandonné cette série, avant qu’une dizaine d’années plus tard, la nostalgie ainsi qu’une jaquette qui pète furieusement la classe ne me convainquent de me relancer dans l’aventure. Je ferai donc très peu de commentaires sur ce qui a changé par rapport aux jeux précédents, notamment l’honi épisode « Les Portes de l’Infini », puisque je n’y ai tout simplement pas joué et que mes souvenirs du premier opus sont légèrement flous.


Comme la tradition le veut, on démarre donc l’aventure par le choix de notre avatar ainsi que celui de notre compagnon, parmi l’ensemble des starters des 6 générations, plus Pikachu et Riolu. Autant dire que si vous trouviez que le choix Bulbizarre / Salamèche / Carapuce était cornélien, vous allez vous retrouver devant un sacré dilemme avec ces 20 créatures. Un test de personnalité est là pour vous orienter dans votre choix, même si vous n’êtes heureusement pas obligé de le suivre. Néanmoins en ce qui me concerne ce test m’a particulièrement bien cerné puisqu’il m’a indiqué le pokémon sur lequel j’avais déjà l’intention de jeter mon dévolu, à savoir le majestueux Tortipouss.



Gameplay : réfléchir avant d'agir



Une fois ce choix effectué, vous êtes lancé dans l’aventure. Le gameplay de la série des PDM consiste à accepter des missions (sauvetages, colis à récupérer, défis à relever…) puis à explorer des donjons labyrinthiques générés aléatoirement. Ces donjons consistent en une suite d’étages, où vous devrez explorer les nombreux couloirs et salles afin de trouver les escaliers menant à l’étage suivant, jusqu’à arriver à l’étage recherché où il faudra effectuer sa mission. Évidemment sur votre route se trouveront tout un tas de pokémons sauvages et agressifs dont il faudra triompher pour continuer vos recherches. Le cœur du jeu consiste donc, avant chaque mission, à anticiper correctement dans quel type de donjon vous allez vous lancer, avec quels pokémons, et combien de temps risque de durer votre périple, afin de bien préparer votre stratégie et surtout votre inventaire : la taille de votre sac est cruellement limitée, et il faudra bien choisir quels objets emmener avec vous et combien. Les environnements ainsi que les missions sont variées, et par conséquence les stratégies à adopter le sont tout autant. Par exemple, si vous jouez un pokémon de type plante, vous ne préparerez pas de la même façon une mission consistant à aller récupérer un paquet à l’étage 2 d’une zone aquatique, que d’aller combattre un boss à l’étage 15 d’un volcan. Dans le second cas, le désavantage du type et le fait que l’on puisse rapidement être débordé dans les combats, par des ennemis qui arrivent en masse et/ou par des attaques pouvant être rapidement punitives (notamment les attaques de zones qui touchent tous vos équipiers) feront que favoriser la fuite pourra être un choix raisonnable. Plutôt que de foncer dans le tas et de prévoir tout un tas d’élixirs pour remplir vos PP, vous emporterez plutôt avec vous des objets de soin et d’autres vous permettant de localiser rapidement les escaliers dans un étages et d’éviter les combats, afin de ne pas arriver déjà en sale état devant un boss qui ne fera qu’une bouchée de vous. Il est néanmoins nécessaire de préciser que si les missions demanderont chacune une approche particulière et différente, le gameplay dans sa structure reste très répétitif : il s'agit toujours d'explorer un donjon, de traverser de multiples couloirs, de visiter de nombreuses salles en combattant ou en fuyant les montres ennemis, jusqu'à trouver les escaliers... Puis recommencer à l'étage suivant... Et recommencer à la mission suivante une fois le donjon terminé.


Bref, PMDM vous demandera très souvent de réfléchir intelligemment avant d’agir, et pourra se montrer très frustrant si vous insistez dans une stratégie inadaptée. Le jeu est-il dur pour autant ? Pas nécessairement. Disons que si vous comprenez bien les mécaniques du jeu, il vous donne néanmoins toutes les clés pour réussir : vous pourrez ainsi recruter rapidement des pokémons à très haut niveau. À ce sujet, le système de recrutement a lui aussi été très grandement simplifié : au travers d’un « réseau social pokémonesque » reliant les 720 monstres entre eux, il est possible de devenir ami et donc de recruter un monstre dès qu’on a exécuté la mission le concernant, voire simplement en parlant avec lui ou en étant ami avec les bons pokémons. Fini donc le recrutement aléatoire après un combat, source d’énorme frustration. N’allez cependant pas croire que cela simplifie le jeu à outrance : ces recrues ne sont pas utilisables systématiquement ; en général, après avoir engagé une recrue pour une mission, celle-ci ne vous aidera plus pendant quelques temps. Il faut donc bien choisir pour quelle mission particulièrement délicate vous souhaitez avoir un Dracolosse niveau 50 en soutien à votre starter niveau 15. Et croyez-moi, vous aurez réellement besoin de cette aide à certains moments du jeu, il s’agit donc de ne pas la gaspiller inutilement. En bref, rien d’insurmontable pour un joueur averti, néanmoins les plus jeunes joueurs habitués à la série principale et à sa simplicité risquent de se mordre les doigts.



Un scénario un peu trop présent



Cette relative difficulté est amplifiée par un scénario qui vous empêche de vous entraîner correctement. Je m’explique : à plusieurs reprises on vous imposera telle mission, car elle fait partie du scénario et qu’à tel moment le jeu veut que vous fassiez ça. Néanmoins, il est très possible que vous ayez à ce moment un niveau légèrement inférieur au niveau idéal, et que vous souhaitiez faire quelques quêtes annexes afin de gagner un peu d’expérience. Oubliez ça, le jeu est intransigeant là-dessus, et si vous n’avez pas le niveau nécessaire c’est tant pis pour vous, il faudra donc être d’autant plus prudent sur la route. J’ai personnellement trouvé qu’on manquait ainsi de liberté durant toute la durée du scénario, et malgré quelques séquences régulières où le jeu nous permet de choisir nous-mêmes nos missions, ce n’est qu’après avoir vu la fin du scénario et de son épilogue, après environ 25h du jeu que je me suis enfin dit « ça y est, je vais pouvoir jouer comme je le souhaite ! ». Cela peut être vu comme un défaut, mais témoigne également du contenu gigantesque que ce jeu a à offrir. Après tout, vous avez pas moins de 720 espèces à rencontrer, aider, et recruter, toutes réparties sur 5 continents, cela représente plusieurs dizaines d’heures de jeu.


Quelques mots sur le scénario en lui-même d’ailleurs. Dans le tout premier jeu déjà, on incarnait un starter, avec lequel on bottait les fesses de plusieurs légendaires, et il était assez incongru de voir un Bulbizarre vaincre un Electhor. Dans cet opus également vous incarnez un starter, mais ici le jeu prend en considération le fait que vous êtes un « enfant pokémon » et construit un scénario cohérent par rapport à cet état de fait. Avant d’être officiellement dans une guilde on démarre par une introduction de plusieurs heures dans laquelle on est un simple élève dans l’école d’un village paumé, et si par la suite on bat effectivement quelques gros monstres, le scénario justifie habilement cela par quelques deus ex machina qui nous permettent de remporter le combat. Sans faire les combats à notre place, rassurez-vous, néanmoins j’ai trouvé que cela nuisait à l’intensité des combats, que le scénario nous rappelle gentiment que « nan mais t’excites pas en vrai contre Entei ton Tortipouss il tiendrait pas 30 secondes ». Oui c’était ridicule dans le premier jeu de battre une divinité avec un pokémon tout juste sorti de l’œuf, mais c’était notre combat, on le menait jusqu’au bout et on en était fier ! En fait j’ai l’impression que tout cela vient d’une volonté des développeurs de nous garder au stade de starter tout le long du scénario. Il est en effet impossible d’évoluer avant d’avoir terminé le jeu, et je ne sais pas si ça vient du fait que les starters sont plus vendeurs auprès du jeune public ou quoi, mais c’est un parti pris que je ne peux m’empêcher de trouver bizarre. Après tout sur la jaquette plusieurs sont à des stades évolués, on pourrait être en droit de s'attendre à ne pas rester tout le temps avec un Salamèche quand un Dracaufeu prend la moitié de la boîte.



Les éphélites : une nouveauté bienvenue



D’ailleurs, de la même manière qu’il est radin au niveau des évolutions, il l’est encore plus en ce qui concerne les méga-évolutions, qui donnent pourtant son nom au jeu (dans la version française). Dans ce jeu, celles-ci se déclenche grâce à un tout nouveau système : les éphélites. Les éphélites sont des gemmes que l’on trouve dans les donjons et qui, une fois équipées, offrent des bonus très plaisants, voire indispensables à la survie dans un donjon. C’est une fonctionnalité qui a été très bien intégrée dans cette licence puisqu’il est impossible de s’en passer, que leurs effets sont variés et les combinaisons nombreuses. Et donc parmi ces éphélites se trouve une qui permet de méga-évoluer, ou de passer en état de transcendance pour les pokémons ne pouvant pas méga-évoluer. Et si l’effet de telles éphélites est à la hauteur de l’appellation « méga » (c’est sérieusement monstrueux les dégâts que l’on peut infliger avec), elles sont aussi extrêmement rares. Pour tout dire, je n’en ai trouvé qu’une seule en une petite trentaine d’heures de jeu. Le jeu aurait donc sans doute gagné à les rendre moins puissante mais à mettre cette mécanique un peu plus en avant. Cela dit, encore une fois, avec des avatars coincés au plus faible stade d'évolution, ça n'aurait de toute façon pas été très intéressant.



Conclusion



En conclusion, PMDM est un très bon jeu qui s’insère très bien dans sa série et montre que les PDM sont d’excellents de spin-off offrant un gameplay différent et rafraîchissant à une série à laquelle on reproche souvent de trop peu changer sa formule. Il possède une bonne difficulté et saura offrir un certain challenge sans être trop frustrant pour autant, mais je ne peux pas vraiment comparer ce point avec les autres jeux : « Équipe de Secours Bleue » sur DS m’avait paru plus difficile, mais après tout j’avais 10 ans de moins quand j’y ai joué. Son scénario un peu trop infantilisant en rebutera sans doute certains, mais il a le mérite d’exister et est plus un parti pris qu’un réel défaut, et surtout il serait injuste de juger le jeu sur cela quand ça ne représente qu’une portion d’un gigantesque contenu. Bref, tout ça pour dire que si vous êtes un fan de Pokémon et que vous souhaitez un RPG dans cet univers qui sorte de la formule « 8 badges / une team ennemie / un légendaire / la ligue », et que l'aspect répétitif de par la nature du soft ne vous fait pas peur, vous pouvez foncer sur ce jeu.

Créée

le 9 mars 2016

Critique lue 910 fois

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eipiplusun

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