Ce jeu n'est pas fini...
Le jeu a un potentiel monstre, mais ne l'utilise pas. De beau graphisme, les mouvements du personnages sont vraiment stylé...mais...On s'ennuie rapidement, pas de saison, les PNJ ne sont pas...
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le 16 sept. 2024
Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations sur mon blog.
Les simulations vous envoyant renouer avec vos racines ont le vent en poupe, que ce soit à travers Harvest Moon, Animal Crossing ou encore Stardew Valley. Peut-être parce que le monde actuel amène, en son sillage, son lot de nouvelles anxiogènes ? Animal Crossing n’a jamais été aussi bénéfique auprès du public, que lors du confinement. Si tous ces titres envoient votre avatar besogner dans les champs et récolter de multiples éléments pour confectionner aussi bien des meubles que des vivres, Potion Permit tâche de tirer son épingle du jeu en proposant d’autres activités.
Sous la houlette de PQube, MassHive Media se lance ainsi dans la simulation après s’être frotté au RPG avec Azure Saga: Pathfinder.
Vous êtes ici transféré au sein de l’île de Moonsbury, afin de soigner Rue, fille du maire. En tant qu’apothicaire de la capitale, vous êtes le mieux placé pour secourir cette infortunée demoiselle. Vous vous en doutez : c’est là le début d’une longue liste de patients. Votre métier consiste à soigner le moindre traumatisme mais, pas seulement. Vos prédécesseurs ont si bien ruinés la flore locale que leur présence était formellement interdite. Le maire Myers n’a accepté votre arrivée que la mort dans l’âme, ayant tout tenté pour son enfant.
Vous n’avez donc pas seulement en charge les maux physiques des habitants, mais aussi leurs tourments. Car votre présence n’est guère bien accueillie, vous fermant la porte des commerces en début du jeu. Vous vous devrez de gagner la confiance des locaux. Et à Moonsbury, les actes ont bien plus de poids que les mots.
Mon expérience sur Potion Permit fut assez mitigée car, avant la sortie du patch day one, la version que je possédais n’était qu’une alpha, ne me donnant pas accès à l’ensemble des éléments. Mon début laborieux n’est donc absolument pas le reflet de l’expérience des joueurs ayant entamé le jeu à sa sortie. J’ai d’ailleurs senti la différence en accomplissant, en quelques heures, la pléthore de quêtes me restant sur les bras.
Potion Permit ne manque pas d’activités pour un jeu du genre, même si on pourra reprocher l’absence d’évènements saisonniers venant rythmer la vie de Moonsbury. Cela aurait apporté quelques petits imprévus venant briser la routine qui vient, doucement, mais sûrement, s’installer. En tant qu’apothicaire, vous possédez deux bâtiments : la potionnerie où vous concevez vos philtres (et vous servant aussi de logement) ainsi que la clinique où les rangers ramènent les habitants souffrants.
Vous avez quatre jours pour venir en aide à vos patients, sans quoi votre réputation en sera ternie. Les médicament ne se créant pas à partir de rien, il va vous falloir explorer les biomes se trouvant à l’extérieur de la ville. Ces derniers se divisent en trois : la forêt accessible dès le début, la montagne et le désert. Afin de pouvoir explorer les deux autres, vous devez prouver votre valeur au maire, mais aussi à vos supérieurs, en réussissant nombre de soins mais, surtout, en triomphant du test consistant en la confection d’un philtre spécifique. Si vous surmontez cette étape, votre badge d’accréditation augmente de niveau.
Minéraux, végétaux, parties animales : tout est utilisable dans votre laboratoire. Leur récolte n’est pas sans danger puisque les animaux sauvages peuvent vous attaquer. Heureusement vos outils (pioche, marteau, faucille) servent aussi d’armes pour les décimer… et récolter quelques éléments sur leurs cadavres. Certains d’entre eux disposent d’un bouclier vous demandant d’utiliser l’arme adéquate pour le briser. Les combats n’ont rien de difficiles. Il suffit d’esquiver à l’aide de croix : votre personnage effectue alors une roulade ce qui déstabilise l’IA ennemie. Il ne vous reste plus qu’à matraquer la touche carré pour vaincre.
Surveillez aussi vos jauges d’endurance et de santé pour ne pas finir épuisé. L’endurance vous permet de briser les rochers, trancher les arbres, combattre et couper des plantes : tout ce qui est en lien avec la récolte. Par contre, si votre barre de vie chute à zéro, les rangers vous ramènent dans votre domicile et vous vous réveillez à midi au lieu du 6 heures habituel. Votre personnage s’effondre aussi automatiquement à 2 heures du matin.
Là où les jeux de simulation basent leurs conceptions sur des recettes précises, Potion Permit choisit de transformer les sessions de créations de remèdes en mini-jeux. Chaque ingrédient est associé à une forme, façon composition Tetris, et doit être utilisé pour « remplir » la forme associée à la potion. Au bout de cinq confections du philtre, vous pouvez sauvegarder vos compositions (jusqu’au nombre de trois) afin de lancer une conception automatique.
Bien évidemment, vous n’allez pas délivrer un médicament sans savoir de quoi votre patient souffre. Ce dernier vous indique où il a mal, vous enjoignant à observer et à lancer, là encore, un mini-jeu pour définir la source de ses symptômes. Ces mini-jeux se déclinent en trois itérations : reproduire une série de symboles façon jeu Simon, frapper en rythme sur les touches ou esquiver des microbes. Si cela se relève amusant sur le début, le concept devient assez lassant, donnant l’impression de rallonger la phase d’auscultation et confirmant une volonté du titre : le rendre accessible au jeune public, tout en lui retirant un aspect de véritable progression.
Potion Permit ne présente aucune difficulté ce qui, en soit, n’est nullement un défaut. Un titre de simulation se voulant à la fois reposant et accessible, loin de toute contrainte, est à saluer. Néanmoins, on se retrouve rapidement à ressentir une lassitude, avec un enchaînement de jours n’étant véritablement rythmés que par l’arrivée de vos patients et les activités annexes.
Vous n’avez nullement le temps de chômer au sein de Moonsbury. Si le titre possède une histoire centrée sur votre personnage devant redorer le blason des apothicaires, cet élément est très rapidement remisé au second plan. Pour tout vous dire, à l’heure actuelle, je ne sais pas si j’ai véritablement terminé l’histoire, ou si je dois effectuer une action précise pour déclencher une ultime quête. Soigner des patients, restaurer la flore locale : voilà en quoi consiste ce récit qui aurait pu être bien plus étayé.
Au sein de la mairie, chaque lundi, le tableau communautaire se remplit de missions à accomplir, effaçant tous ceux ayant été affichés la semaine dernière. Récolter des ingrédients pour la communauté, nettoyer les alentours sont là les tâches que vous devez accomplir. Rapidement, ce sont les mêmes qui reviennent, renforçant cette impression de lassitude, voire d’être enfermé dans une boucle temporelle puisque le principe même de saisons n’existe pas. Et pourtant, cela aurait pu amener à des variantes dans le décor et activités à réaliser.
On retrouve aussi cette impression au sein des travaux à temps partiel, petits boulots durant deux heures in-game consistant en de menues tâches. Préparer des colis au bureau postal, brasser le raisin pour le vin de messe de l’Eglise et trier les pots au commissariat sont autant de mini-jeux à exécuter, basés sur le rythme ou l’observation. Amusant la première fois, mais très vite lassant puisque les mini-jeux n’apportent aucun challenge malgré le chronomètre, ni ne proposent de variations.
Moonsbury étant, avant tout, une communauté soudée, entretenir de bonnes relations est un passage obligé pour rendre votre existence plus douce. Trente personnages vivotent au sein de ce microcosme, chacun avec son caractère et dont la fonction peut se révéler vitale. Si vos débuts vous font côtoyer la famille Myers, vous allez croiser aussi la route de Reyner le menuisier, Coeur d’Opale la forgeronne, ou encore Xiao le secrétaire du maire.
Chaque jour, vous pouvez discuter avec eux afin d’améliorer votre relation mais aussi offrir des Gousses de Lune, des objets offerts en récompenses de quêtes et par vos patients lorsque vous les soignez. Chaque relation se divise en trois jauges d’amitié. Chacune de ses jauges doit être « validée » par la résolution d’une quête. Selon la fonction occupée par votre partenaire, vous serez alors récompensé aussi bien par des objets, que par des améliorations de leurs commerces, vous proposant alors des services plus étendus. Ainsi aider Reyner vous donne accès à des meubles pour décorer votre intérieur. C’est d’ailleurs auprès de lui que vous pouvez améliorer vos bâtiments et avoir accès à une cuisine pour confectionner des plats savoureux. Ces mets permettent de vous soigner, mais aussi emplir votre jauge d’endurance.
Au sein de ces trente hères, six d’entre eux sont célibataires. Une fois l’amitié maximale atteinte, il vous faudra offrir une Broche de Lune à votre futur(e) aimé(e) pour entamer une relation amoureuse. Cet objet s’échange contre trois Gousses auprès de Nova, la tailleuse du village. Néanmoins, la romance ne donne rien de plus que des rendez-vous (un par jour) qui consistent en de petites scénettes. Oh et votre choix de partenaire est définitif ! Donc choisissez judicieusement.
MassHive Media a opté pour un visuel pixel pour son titre ce qui n’est nullement dommageable. Dans le même genre, Stardew Valley s’en sort fort bien et tire parti de son attrait autrement qu’à travers les graphismes. Le charme opère aussi dans Potion Permit avec des personnages aux caractéristiques physiques bien différents donnant l’illusion d’un village regroupant, en son sein, différentes générations. Notre personnage côtoie aussi bien une famille, que des couples ou des individus célibataires, chacun ayant déjà des liens plus ou moins étroits avec d’autres habitants. La ville est assez vaste pour regrouper tout ce petit monde sans en faire un étalage vide, composition que l’on retrouve aussi dans les biomes. Potion Permit préfère rester humble dans sa composition plutôt que se perdre dans un semi monde ouvert bien trop vaste à gérer, ce qui est à saluer.
Néanmoins, le titre n’est pas sans défauts. Si la composition musicale est agréable durant les premières minutes, elle semble se répéter tant et si bien qu’on finit par lui préférer d’autres fonds sonores. De Potion Permit se dégage de très bonnes idées mais que des écueils et l’impression de n’effleurer que la surface d’un petit monde viennent noircir le tableau. Le charme de Moonsbury figé dans un temps révolu finit par s’effacer alors que les mêmes actions se répètent. Pourtant, au cours de l’histoire, le village reprend des couleurs, des portions sont restaurées. En devenant ami avec les habitants, les commerces prospèrent. Mais impossible de connaître la finalité du récit qui répète le même schéma : découverte du biome, flore restaurée.
De même, si un chien nous accompagne depuis le début de l’aventure, sa présence est très anecdotique. Comme avec les habitants, il est possible d’améliorer notre relation avec notre toutou en le caressant et en le nourrissant quand il réclame à manger. Néanmoins, ses actions vont seulement consister à nous aider à dénicher le PNJ avec lequel on veut parler, ainsi que creuser à des lieux précis sur la carte pour dénicher des ressources inaccessibles autrement. Il n’est d’aucun soutien durant les combats, et reste inactif la plupart du temps, se contentant de nous suivre.
Plusieurs bugs viennent aussi émailler le parcours du joueur. Si beaucoup ont été corrigés avec le patch day one, il en reste encore quelques notables. Ainsi un voyage par point de téléportation peut amener votre personnage à être coincé dans une portion du décor. Si je veux retourner à Moonsbury, je ne dois utiliser que le point de téléportation placé à côté de mon domicile. Sinon mon personnage est bloqué, et il m’est impossible de continuer. De même, une quête ne s’est pas validée alors que j’ai donné l’objet requis et qu’il m’est impossible de re-concevoir l’item, la recette ayant disparu. Potion Permit ne disposant d’aucune sauvegarde manuelle, et les sauvegardes automatiques ne s’effectuant que lorsque votre personnage dort (ce qui change de journée), il est regrettable de devoir recommencer une journée entière à la suite d’un bug.
Potion Permit respire l’univers bon enfant mais peut-être trop naïf pour une portion des joueurs. Une routine finit par rapidement s’établir : soigner les patients le matin, récolter le reste de la journée, prendre les requêtes le lundi, et ainsi de suite. Bien entendu, on peut améliorer son outillage, pêcher pour agrémenter ses repas, faire ami-ami avec les villageois mais on n’a pas cette sensation d’un village qui évolue dans le temps. Concernant les auscultations, j’ai même pu soigner dignement un patient sans auscultation approfondie, ce qui donne l’impression que l’action ne sert à rien !
Le platine n’a rien d’inaccessible mais appuie cette impression d’actions se répétant sans chercher à varier quoi que ce soit, amenant même le joueur au farming. Un concept de jeu avec lequel j’ai beaucoup de mal, surtout lorsqu’il prend plus de place que le plaisir de découverte et d’avancée au sein du jeu.
Obtenir les trophées de Potion Permit revient à s’essayer à l’ensemble des activités proposés par le titre, sans pour autant se préoccuper de l’histoire. Mais c’est surtout le nombre d’actions à accomplir qui rend la progression poussive, et pourra qu’accentuer les défauts du jeu. Concevoir 150 potions, récolter 3 000 pièces de bois, 10 000 pierres, couper 1 000 plantes et tout autant d’arbres et ennemis… Potion Permit tombe dans le piège de multiplier le nombre d’actions pour pousser les joueurs à rester plus longtemps sur le jeu.
Dommage car avec une liste misant moins sur la quantité, certes le platine aurait été plus simple d’accès, mais concorderait avec l’ambiance générale du titre : se détendre et apprécier, sans prise de tête.
Pourtant, mon expérience de Potion Permit est loin d’être mauvaise. Simplement, je pense que MassHive Media peut développer davantage la recette pour rendre Moonsbury plus attractif. Il manque un petit quelque chose en plus pour dynamiser le tout. Pourquoi pas un cycle des saisons entrecoupé d’évènements, un développement plus approfondi des relations aussi bien amicales que amoureuses ? Des jeux comme Stardew Valley jouent sur l’affinité des personnages pour certaines ressources, tandis que Animal Crossing les envoie vous rendre visite. Il y aurait là de quoi s’inspirer pour renforcer l’impression que votre apothicaire est devenu un pivot de la communauté.
Au vu des messages laissés sur les forums de discussion Steam, le studio semble préparer de futurs ajouts et améliorations pour leur titre. Je ne peux que les encourager car Potion Permit peut se révéler plus attrayant qu’il ne l’est actuellement. Il est, pour l’heure, à réserver à ceux recherchant un petit jeu prompt aux courtes sessions, voire à un jeune public plus conciliant que moi.
Créée
le 6 févr. 2023
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