Pro Evolution Soccer 2010 par pathfinding
Après s'être perdu dans les méandres de l'auto contemplation ces dernières années, Konami et son équipe japonaise emmenée par Seabass ont décidé de redorer le blason de la série des Pro Evolution Soccer en effectuant un retour aux sources pour ce qui était le jeu phare des simulations footballistiques.
PES 2010
Un jeu embourbé.
Commençons ce test par l'enrobage de ce PES cuvée 2010. À bas le suspens, on regrette déjà de constater que les sempiternelles critiques de la saga sont les mêmes chaque année et que rien ne change vraiment... On désespère que le moteur graphique utilisé soit toujours le même depuis des lustres. Néanmoins, autant être honnête cette version est de loin la plus aboutie graphiquement. Les quelques stades présents sont mieux restitués, les dimensions mieux respectées et les textures sont plus fines. Les effets de lumière mettent en valeur stades et pelouses comme il se doit. On préfère rire des choix de configuration qui nous sont réservés sous PC : résolution écran et le choix de qualité entre faible, moyen et haut.
Une modélisation faciale très réussie.
Une modélisation faciale très réussie.
La grosse avancée visuelle provient d'une modélisation faciale des joueuses vedettes de grande qualité. Malheureusement, nous aurions aimé que plus de joueurs bénéficient de ce traitement. Si des équipes comme Barcelone, le Real, et Manchester United ont la plus grande partie de leur effectif fidèlement retranscrit ce n'est pas le cas des autres équipes. C'est compréhensible, mais si vous jouez avec un club français au mieux vous aurez 4 sosies, quelques-uns ressemblant, et le reste pas du tout. Et encore c'est si vous prenez Marseille, le PSG ou Lyon. Ce ratio est ce que l'on retrouve dans tous les autres championnats.
Moins anecdotique les joueurs présents sur la pelouse sont plus crédibles que dans les précédentes éditions. Et ce grâce à un travail de modélisation plus poussé et plus détaillé. Les joueurs ont moins l'air de robots, les courses sont plus fluides avec un découpage des animations enrichi. Néanmoins, cela ne donne toujours pas un rendu « naturel », et l'on dénombre toujours de nombreux problèmes lors des collisions entre les joueurs notamment, des changements de directions un peu bizarre parfois, etc. Mais, la gestuelle de nos joueurs bénéficie d'un éventail plus large et de nouveaux mouvements font leur apparition : un geste défensif d'urgence, des déviation rapide de la poitrine, etc. De plus, on reconnaît toujours aisément pas mal de joueurs rien qu'a leurs déplacements, accélération, courses ou prises d'élan. C'est quelque chose de très appréciable.
Une ambiance de folie ! Non je rigole.
L'aspect sonore du titre est toujours quelque chose d'assez calamiteux. Passons, vite fait sur les commentaires toujours aussi fades bien qu'en progrès. On notera que l'ambiance dans les stades est meilleure, mais on s'en lasse vite. En effet, les chants ne sont pas terribles et très répétitifs. Konami a mis une sorte de filtre sur les voix, c'est-à-dire que l'on reconnaît l'air mais on n'entendra pas clairement les paroles. Le rendu du célèbre « Aux Armes » est symptomatique de cet état de fait. Un poil énervant donc, surtout quand Konami invente des chants de supporters qui n'existent pas. C'est le cas de l'OM pour lequel vous aurez droit pendant plusieurs minutes d'affilées à un truc qui ressemble à « Marseille, Marseille », idem pour Liverpool et consort. Le nom du club ou de la ville est répété sans cesse. Et les chants différents sont peu nombreux au point d'être profondément gonflé après cinq parties. Gageons que des patchs ou la communauté donnera un peu de variété à l'ambiance de ce PES 2010.
Payes tes licences : radin !
Payes tes licences : radin !
Dernier aspect celui du respect des ligues et des compositions d'effectifs. Konami ne fait aucun efforts de ce côté également trop habitué à ce que la communauté le fasse pour eux probablement. On a encore droit à certains clubs aux noms douteux, Seabass n'a pas l'ensemble des licences et cela se voit. Plus grave encore, le non-respect de certains transferts. En effet, on retrouve dans les clubs quasiment tous les joueurs qui ont pourtant étaient transférés pendant la dernière semaine du mercato et quand on sait qu'il finit le 31 août, on se dit qu'une personne aurait pu prendre la peine de tenir cela à jour. On ressent aussi un certain amateurisme dans la composition des équipes. Mettre sur le banc marseillais, M'bia et Lucho qui ont coûté 30 millions d'euros sur les 47 dépensés par le club on préfère en rire. Idem, pour le positionnement des joueurs sur la pelouse (des ailiers droits à gauche, etc.), et la plupart des caractéristiques des joueurs moins connus que Messi sont très mal retranscrites. Ce travail de charretier nous fait espérer un patch communautaire pour corriger cela.
L'éditeur du jeu pour nous sauver.
On touche aux gros points noirs de tous les PES. Certes, ce n'est pas le principal dans une simulation de foot, mais depuis le temps que ces critiques sont formulées on pourrait s'attendre à ce qu'elles soient un minimum prises en compte... De ce point de vue l'éditeur fournit avec le jeu est comme d'habitude indispensable, complet et plutôt bien foutu. Mais, nous payons au prix fort un jeu qui n'est pas terminé. Comme chaque année Konami est adepte de la philosophie du moindre effort. Pourquoi changer en profondeur son titre, faire de lourdes dépenses quand quelques changements suffisent à faire vendre par palettes de mille sa poule aux œufs d'or ?
Et 1, et 2, et 3-0.
Et 1, et 2, et 3-0.
Une jouabilité réajustée
Passons, maintenant à ce qui est primordial dans une simulation de foot et qui a placé la série des Pro Evolution Soccer au panthéon des jeux de foot : le gameplay.
Le jeu est en progression par rapport aux deux derniers opus pour le moins énigmatiques. On retrouve certaines sensations perdues depuis le sixième épisode. L'accent a été mis sur la défense avec une vitesse du jeu sérieusement ralentie au profit d'une construction plus posée. Testé en difficulté maximale nous avons constaté que la physique du ballon est toujours très bonne, on ressent d'excellentes sensations. La puissance des frappes ressort très bien même si l'on notera un délai plus long pour déclencher un tir. Les contrôles de la balle sont plus difficiles, il n'est pas rare de rater un contrôle à la réception d'une passe. L'amortie parfaite et systématique n'existe plus. Les contrôles orientés sont plus exigeants.
Le respect des attributs physique d'un joueur est un autre point positif. Un joueur puissant pourra récupérer ou gagner un duel grâce à sa puissance. La conquête du ballon est plus prononcé qu'auparavant. Même si les joueurs grands et puissants sont avantagés, on peut s'en sortir avec un joueur vif et rapide. Bref, c'est plus réaliste, mais cela nécessite un temps d'adaptation.
Le prochain ballon d'or
Le prochain ballon d'or
Dans le domaine défensif, l'arrière-garde bénéficie d'un placement beaucoup plus pertinent et cohérents. Par exemple, deux défenseurs ne se précipitent plus bêtement vers le porteur du ballon, l'un d'entre eux reste en couverture. Ceux qui le souhaitent peuvent réduire la stat « dédoublements » pour être à peu près sûr que chacun tient son poste. On notera qu'il est plus difficile de marquer en centrant par les ailes. On préférera repiquer vers le centre. À cet effet, mettre un ailier droit gaucher et un ailier gauche droitier et une bonne technique pour marquer plus facilement aux abords des surfaces. Les défenseurs sont plus incisifs et agressifs, ils montent assez vite sur le porteur du ballon. Il est beaucoup plus difficile de leur faire des feintes de frappes. Cela ne marchera plus à tous les coups. Ils anticipent mieux les dribbles également. Il faut dire aussi que l'inertie aberrante complique très vite les choses dès que l'on souhaite accélérer le jeu, se retourner ou tout bonnement dribbler en anticipant la réaction de l'adversaire. Le gardien est toujours déboussolant, réalisant des parades spectaculaires par moment, le tout enrobé de quelques boulettes.
En attaque nos partenaires ont tendance à privilégier les appels. Il faudra leur donner la balle dans un timing très précis. On regrettera néanmoins, et c'est assez paradoxal que lorsqu'il y a un trou géant ils ne s'y engouffrent que rarement. Disons qu'en contre-attaque ils réagissent bien, et que lorsqu'on pose le jeu ils stagnent dès fois alors que l'on a fait un décalage et que l'on aimerait qu'ils en profitent.
Il y a du mieux, l'équilibre entre l'attaque et la défense est cohérent. Ce n'est pas parfait mais le plaisir y est.
Tactique et stratégie.
Un effort a été fait au niveau tactique et stratégique. On remarquera l'arrivée d'un système de cartes qu'il est possible d'assigner ou de retirer à chacun des joueurs. Ces cartes ont pour but de remplacer les capacités spéciales des footballeurs en leur attribuant des compétences bien particulières. On peut par exemple demander à un attaquant de multiplier les faux appels dans le dos de la défense adverse, dire au latéral Daniel Alvès d'arrêter de monter systématiquement alors qu'il faut tenir le score. Si l'idée est bonne, il n'a que quelques cartes qui sont réellement utiles. Quel intérêt d'enlever la capacité dribble à Messi ? Le problème est aussi que le nom de chacune des compétences n'est pas vraiment explicite et qu'il faut mettre le jeu en pause pour accéder à ce menu.
Arrêtes de monter satané Alvès.
Arrêtes de monter satané Alvès.
L'une des autres caractéristiques stratégiques est la possibilité de modifier à n'importe quel moment son système de jeu. Au travers d'un menu, le joueur peut régler huit capacités en prenant soin de jongler avec chacune d'entre elles. Soutien au porteur du ballon, changement de position des ailiers, pressing, jeu en bloc... Ces nombreux réglages apportent une véritable influence sur le jeu. Il ne s'agit donc pas d'une option superficielle, mais bel et bien d'un véritable atout majeur pour tous les utilisateurs méticuleux qui veulent régler la stratégie de leur équipe comme ils le souhaitent.
A l'ouest rien de nouveau
En termes de modes de jeu, PES 2010 propose la même chose que ces prédécesseurs. On notera que seul la Master League évolue et en bien. La gestion financière a été amplifiée avec la possibilité de modifier à sa guise les salaires du staff technique, de l'entraîneur, des recruteurs en passant par le préparateur physique ou le médecin du club. Il faudra atteindre ses objectifs pour avoir de nouveaux sponsors ou pour les garder. Cet élément de management un poil plus prononcé apporte un brin de fraîcheur bienvenue au mode le plus intéressant du jeu.
Pour le reste c'est du très classique, rien de moins de ce que l'on peut attendre d'un tel jeu en 2010. Le online a été légèrement modifié. C'est moins galère qu'avant, on regrettera que contrairement à son concurrent FIFA, nous ne puissions pas jouer à plus de 4 simultanément.
On est obligé de tout corriger par l'éditeur.
On est obligé de tout corriger par l'éditeur.
PES 2010, meilleur jeu de foot PC faute de mieux.
En conclusion PES2010 reste le seul jeu de foot respectable sur PC. En effet, depuis deux ans, le portage PC des FIFA est calamiteux et c'est peu dire. C'est autant de bras d'honneur dirigés envers la communauté pcistes par EA qui nous pousse à lorgner du côté de Konami. Si ces derniers ne se foulent pas trop non plus, le studio a le mérite de proposer une version PC proche des versions consoles. L'ajout d'un patch communautaire pour avoir un semblant de réalisme et de travail fini semble indispensable, l'avantage de PES est que le gameplay est plutôt bon et les modifications à apporter sont d'ordre esthétique, ce qui n'est pas le plus dur à réaliser grâce à l'éditeur cependant, nous réduisons la note du fait des licences manquantes et de l'ambiance pas toujours géniale. Mais en tout cas, sur PC, c'est PES ou rien.