Les portes du pénitencier…

Raymarathon : 14/22

Si je fais ce Raymarathon, c'est certes pour rejouer à des jeux qui ont bercé mon adolescence, mais aussi pour découvrir certaines pages de la franchise que j'avais ignorées jusque-là, plus ou moins volontairement. Et si les jeux Game Boy Color faisaient partie de la catégorie "moins", la série des Lapins Crétins est clairement dans la catégorie "plus". Comme beaucoup de fans, j'ai une certaine aversion pour ces bouffeurs de carottes, mais j'avais tout de même envie de laisser une chance à ce jeu originel. En partie parce qu'il hérite de l'atmosphère semi-sérieuse que le prototype de Rayman 4 laissait entrevoir. Le jeu a beau avoir été rebooté, on croise encore dans certains mini-jeux des Lapins sales, gargantuesques ou robotiques, ou encore des ghoules possédées. Si le jeu n'était pas sorti aussi à la va-vite, il ne fait aucun doute que ces éléments auraient été supprimés pour édulcorer davantage la franchise des léporidés (que j'ai par erreur désignés par le terme "lapidés" dans une précédente critique, je présente donc mes excuses aux cailloux offensés par cet amalgame).

Manette en main, il se trouve que le scénario de la bêta est réduit à sa plus simple expression. Rayman pique-nique avec des Bébés Globox (qui ont eu droit à un redesign affreux) lorsque ceux-ci se font enlever par des Lapins Crétins. Rayman lui-même se fait piéger et est fait prisonnier dans un Colisée, où il devra faire le bouffon pour amuser les Lapins et peut-être espérer s'enfuir.
Passée la cinématique d'intro, le scénario se met en retrait (enfin, on a quand même droit à deux reprises à une cinématique où Rayman se fait chier dessus par un moineau, voilà voilà) et on se retrouve donc au coeur d'une compilation de mini-jeux. Le jeu a été pensé pour la Wii et sa nouvelle manette, et ce genre d'expérience était originale à la sortie de la console.

Et du coup, bah j'ai pas grand chose à reprocher au résultat final. Alors, c'est une compilation de mini-jeux principalement destinée pour un seul joueur, donc c'est certainement pas aussi rejouable qu'un Mario Party (même Advance, le MP le plus orienté solo, est plus agréable à refaire de temps en temps vu qu'on n'a pas à ressortir les Wiimotes et se taper une tendinite si on veut y jouer), mais c'est plutôt rigolo. Les Lapins donnent pas mal de personnalité au jeu, et on sent que déjà à l'époque ils avaient le potentiel d'être les stars de leur propre série (Rayman n'apparaît pas dans plusieurs mini-jeux, ou seulement hors-champ). Deux-trois gags sont un peu lourdingues dans l'humour (le caca d'oiseau susmentionné, le mini-jeu où il faut surveiller la porte des WC des Lapins entre deux bruits de pet…), mais c'est assez bon enfant.

Au niveau du gameplay, les mini-jeux vont du correct à la destruction de toute articulation dans votre bras. Les jeux où il faut simplement pointer l'écran ou secouer la télécommande en rythme sont parfaitement inoffensifs, mais ceux où il faut secouer la Wiimote et/ou le Nunchuk vigoureusement pendant plus d'une minute sont extrêmement cruels. Je pense au jeu où il faut pomper du jus de carotte pour noyer les Lapins ou celui où il faut surveiller leurs WC.
Le jeu se divise en 75 mini-jeux et Rayman a 15 jours pour s'enfuir. Autrement dit, chaque journée d'épreuves comprend 5 mini-jeux : 4 classiques et 1 boss. Il faut réussir trois épreuves classiques pour débloquer le boss, et le battre nous fait passer au jour suivant. Boucler les 5 épreuves n'est donc pas nécessaire, mais cela débloque des musiques et des costumes.
Certains mini-jeux passent comme une lettre à la Poste et se réussissent du premier coup (même dans les derniers jours), mais aléatoirement on peut tomber sur deux épreuves bien relous d'un coup et on souffre pour en réussir une et débloquer le foutu boss. C'est le cas du jour 2 en particulier, qui comprend les deux épreuves que je viens de mentionner. Et donc oui, j'ai passé plus de temps sur la deuxième fournée d'épreuves que sur la quinzième, tout va bien au royaume de l'équilibrage.

Notez que les 75 mini-jeux ne sont pas tous uniques. On retrouve à plusieurs reprises un jeu de rail-shooting en guise de boss, une bille à faire rouler le long d'un parcours, etc. Et il y a tous les jours un mini-jeu de rythme dont la seule variation est la musique de fond.
Transition toute trouvée pour parler de la musique donc, qui est la même que dans la version DS mais en bien moins compressée bien sûr. Et globalement je trouve la bande-son vraiment qualitative, les reprises de tubes disco-pop volent bien sûr la vedette, mais même les musiques d'accompagnement d'autres mini-jeux se laissent écouter sans déplaisir, proposant parfois une mélodie pesante qui n'est pas sans me rappeler certains morceaux de Rayman 2 ou 3. Je ne sais pas trop à quel moment du développement celle-ci a été composée, mais ça ne m'étonnerait pas qu'elle ait été bouclée avant que l'orientation party-game du titre ne soit décidée.
Lors des mini-jeux de rythme, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que le concept de jeu de rythme sur des reprises de musiques populaires serait plus tard repris dans Legends. Comme quoi, les Lapins Crétins ont (peut-être) réussi à influencer la série principale !

Le jeu a une durée de vie plutôt courte, j'ai dû en voir le bout en 4h pour une complétion de 89%. Flemme de me dézinguer le bras sur les 11 derniers.
Une poignée de mini-jeux sont tout de même jouables à 4 joueurs, mais leur rareté fait que vous ne passerez sûrement pas une soirée entière dessus. Ce choix reste un peu bizarre, mais j'imagine que c'est un autre héritage de l'époque où ce jeu devait être une aventure solo de notre héros prochainement au chômage.

Bref, un jeu amusant mais pas inoubliable, et dont la fin est étrangement déprimante. A croire que le scénariste a compris dans quelle direction partait la franchise.