Raymarathon : 16/22
Je savais que ça allait arriver, je redoutais ce jour. A force de jouer aux jeux des Lapins Crétins, je finis par les trouver… AMUSANTS !
Je rends donc définitivement ma carte de fan de Rayman et rejoins la confrérie des Lapins. Bwaaaaah sur vous et sur vos proches.
LC3 n'est pas nécessairement un meilleur jeu que ses prédécesseurs (sur certains points c'est même le pire de la trilogie), mais visuellement c'est le plus riche car il comporte de nombreuses cinématiques en dessin animé (avec un style graphique proche de celui de la BD Lapins Crétins, ce qui m'a fait penser que Romain Pujol avait bossé dessus et en fait non, à priori c'est Stéphanie Delmas qui a fait le plus gros, et elle semble n'avoir pas percé dans le domaine de la BD ou de l'animation, dommage) et en CGI, ce qui compense la pauvreté de LC2 sur ce point. Au passage, le jeu est toujours développé par Ubisoft Paris, et un clin d'oeil à Rayman 3 s'est glissé dans le jardin de Rayman qu'on aperçoit dans quelques cinématiques.
Le scénario est comme d'habitude un prétexte. Rayman est poursuivi par des Lapins Crétins qui se retrouvent piégés dans sa télé. Au lieu de se débarrasser de son poste (et donc de ses ennemis), notre héros décide de le garder et subit pendant une longue semaine les pitreries des Lapins qui envahissent ses programmes TV préférés.
Après un épisode 2 qui nous proposait un voyage autour du monde, LC3 a donc pour thématique la télévision. Au cours des 49 mini-jeux du titre, on va donc explorer des parodies de Jackass, d'émissions sportives, de téléachat et même de séries et de films. Sans oublier bien sûr les traditionnelles épreuves de danse et de chant, maquillées sous un enrobage de télécrochet.
Le principal ajout du jeu, c'est la compatibilité avec le Wii Balance Board, le célèbre accessoire des ménagères de moins de 50 ans. N'en possédant pas, je n'ai pas pu le tester, heureusement toutes les épreuves avec lesquelles il est compatible sont jouables sans, avec parfois des instructions originales pour pallier à ce manque, comme le fait de devoir s'asseoir tout en tenant la Wiimote et le Nunchuk au niveau des hanches pour imiter une descente en luge.
Conséquence négative de cet ajout : toutes les épreuves ne sont plus jouables à 4. Eh oui, on ne peut connecter qu'un seul Wii Balance Board à la console, tant pis pour vos potes ! Et même certaines épreuves qui ne nécessitent pas la balance sont réservés au mode solo, comme les mini-jeux de shoot. On fait donc un bon gros retour en arrière, incompréhensible après l'orientation multijoueur de LC2.
Tant qu'on est dans les points négatifs pourtant corrigés par LC2, citons aussi le nombre important de redites. Presque chaque mini-jeu est décliné au moins deux fois, voire sept dans le pire des cas !
Non seulement ça pue le manque d'idées, mais aussi le manque de temps quand on voit comment certains jeux sont incorporés. Par exemple, le jeu où il faut tracer des lignes le plus vite possible a une reconnaissance de forme désastreuse, le même tracé pourra être accepté puis refusé la fois suivante, sans raison apparente. Je voudrais aussi signaler le jeu où on incarne un Lapin qui rebondit (décliné 3 ou 4 fois), qu'est-ce qu'il est chiant mon Dieu, ça dure des plombes et le gameplay ne se renouvelle pas du tout… Et puis les jeux de tir abandonnent les FMV, c'est moins original, même si la proposition d'arpenter un studio de cinéma et d'exécuter les intermittents du spectacle mal déguisés a le mérite d'être drôle.
On peut aussi citer le recul de la personnalisation. Dans LC2, on débloquait des costumes qu'on pouvait faire enfiler à nos Lapins (et Rayman) afin d'avoir un avatar unique dans les mini-jeux. Dans LC3, on débloque toujours des costumes… Et ça ne sert que pour un seul mini-jeu, quelle arnaque !
Dans les ajouts, notons tout de même l'apparition d'un nouveau type de jeu de rythme où il faut prendre la pose avec les Wiimotes. Si cela vous rappelle Just Dance, c'est bien normal, la série est également développée par Ubi Paris et le premier JD est sorti pile un an après LC3. Nos pauvres Parisiens sont depuis coincés dans la boucle Just Dance, on espère qu'ils parviendront à en sortir.
Enfin, j'apprécie aussi l'arrivée de micro-jeux, possiblement inspirés de Wario Ware, et qui servent de coupure publicitaire impromptue pendant une épreuve (c'est comme les pubs YouTube quoi). Graphiquement, elles reprennent le sympathique style 2D discuté plus haut, et elles sont vraiment tordantes. On y voit un Lapin se prendre pour un chien de la pub Royal Canin, un autre qui parodie les pubs colorées d'Apple de l'époque, on nous vante les mérites d'une pilule amincissante contenant un ver solitaire…
Franchement, c'est la partie du jeu que j'ai le plus aimé. C'est drôle, assez intelligent et ça dénonce à la fois les pubs et le fait qu'on en soit abreuvé. Les Lapins auraient presque pu devenir des mascottes anti-capitalistes, comme quoi.
Finalement, LC3 me laisse un goût un peu amer dans la bouche. Si l'enrobage est plus que réussi avec ses nombreuses cinématiques et ses parodies hilarantes, la sélection de jeux est trop en dents de scie et il y a trop de répétitions de concepts. C'est le plus faible de la trilogie, et c'est dommage car s'il avait bénéficié de la folie créative de LC2 (qui souffrait justement d'un manque de finition dans la présentation), il serait premier sans problème.
Il s'agit du dernier jeu de la série où Rayman est présent et du premier jeu où il n'est plus jouable, il n'est présent que dans les cinématiques. D'un côté c'est un peu regrettable, de l'autre on n'a plus à subir un Rayman crétinisé comme dans LC2 et cela pave la voie à la séparation des deux franchises.
Avec du recul, cette trilogie ne m'énerve pas tant que ça. Les jeux sont plutôt corrects et l'humour des Lapins Crétins est moins caca-prout que je ne le pensais, en fait c'est surtout le premier jeu qui donnait dans ce registre. Si je n'ai pas appris à aimer les Lapins, je ne les déteste plus, et c'est déjà une belle victoire pour ces envahisseurs aux longues oreilles.
Mais du coup, après avoir conquis mon coeur, quel sera leur prochain objectif ?