Le test de persévérance d'Housemarque

« Plus dur que Sekiro et Bloodborne » ... « Inaccessible au joueur moyen » ... Voici quelques-unes des inepties que l'on a pu entendre à la sortie de Returnal de la part de gens qui n'ont pas compris sa philosophie, par manque de temps ou d'envie. Car en tant que joueur moyen qui a fait un nombre d'essais inavouable sur certains boss de Bloodborne, je peux affirmer que la difficulté des deux jeux n'a rien de comparable, ayant eu à faire un maximum de trois essais sur le boss le plus difficile de Returnal. Il est évidemment plus dur que la moyenne des open worlds AAA auquel la plupart des gens sont habitués à jouer, mais ces derniers étant conçus pour pouvoir être finis par n'importe qui, quel jeu ne l'est pas ?

Le skill n'est donc pas la principale qualité de jeu éprouvée par Returnal (ou alors à un niveau moindre). Pour finir le jeu et à fortiori obtenir le platine, c'est de persévérance et de résilience psychologique dont il faudra faire preuve en premier lieu. Le jeu est composé de deux ensembles de trois niveaux (les « dômes ») et si l'on meurt n'importe où dans ces ensembles, il faudra recommencer au tout début de ceux-ci (c'est-à-dire au premier ou au quatrième dôme) avec l'équipement de base et en ayant perdu tout le stuff et l'argent amassés (hormis quelques rares objets persistants). Je vous laisse imaginer la détresse lorsque l'on perd sur les boss des trois ou sixièmes niveaux après avoir passé plusieurs heures à se stuffer sur les niveaux précédents... C'est à ce moment-là qu'il faut savoir subir et repartir. Dans le même temps, le jeu parvient à être suffisamment addictif pour permettre au joueur de se relever et de retourner encaisser des coups. Car, tout comme Selene qui en mourant et revenant en apprend plus sur son histoire, le joueur apprend au fur et à mesure à mieux utiliser les positions de couverture, à domestiquer ses armes et son matériel et à mieux se protéger des ennemis en assimilant leurs patterns.

Ce qui ressort de Returnal, c'est un niveau de qualité global très élevé. Pour un studio qui n'avait fait que de « petits » jeux, le passage à un projet plus ambitieux est une vraie réussite. La maniabilité est parfaite (chose indispensable dès qu'on propose un défi relevé au joueur). La caméra n'est quasiment jamais prise en défaut et lorsque cela se produit, rectifier le tir au stick est rapide et instinctif. La direction artistique soignée, qui emprunte beaucoup à Prometheus/Alien Covenant, est le pied de voute d'une ambiance très immersive, bien épaulée par une bande son et des bruitages permettant de repérer facilement où se trouvent les menaces. Tout fan de sci-fi et de survival horror devrait se retrouver en terrain connu et apprécié sur la planète Atropos. Au niveau purement technique, le jeu va puiser dans les possibilités de la PS5 qui parvient la plupart du temps à tenir les 60 fps, malgré un nombre d'ennemis, d'objets, de projectiles et de particules à l'écran parfois impressionnant. Les temps de chargement sont tout bonnement inexistants.

Quelques reproches néanmoins car nul jeu n'est parfait et Returnal ne fait pas exception à la règle : un scénario qui repose sur une bonne idée et qu'on saisit globalement mais qui est quand même inutilement cryptique et confus. L'absence d'une fonction de sauvegarde qui force à laisser la console en mode repos lorsque l'on ne veut pas perdre un bon run en cours (et c'est l'occasion de constater qu'elle n'est pas totalement silencieuse dans ce mode, ce qui peut se révéler pénible si elle est dans une pièce où l'on est amené à dormir). Des runs qui, comme dans tout jeu basé sur le principe du RNG, peuvent être très dépendants du stuff que vous allez (ou pas) réussir à dropper.

Mais globalement on est en face de la meilleure exclu PS5 à ce jour et probablement d'un de ses jeux les plus aboutis. Même s'il ne conviendra pas à tous les types de joueurs (par exemple les joueurs occasionnels qui prennent la manette une ou deux fois par semaine pour simplement se détendre), Returnal est à conseiller à tout possesseur de la console qui ne rechigne pas à un bon challenge et apprécie l'originalité.