Roguebook contourne et surmonte maints écueils rencontrés par Slay the Spire et ses successeurs/copies : en ajoutant au deckbuilding digital une véritable dimension d’exploration de lieux générés procéduralement et l’incarnation de deux héros à la fois, il affirme non seulement son originalité, mais offre surtout un contrôle bien plus passionnant sur ses runs, étant donné que l’on peut par exemple contourner un combat, revenir au marché, choisir de gagner des cartes, s’intéresser ou non à certaines reliques, orienter son duo de héros vers telle ou telle synergie…
Autant d’aspects ressentis comme punitifs chez ses prédécesseurs, quand Roguebook cherche au contraire un plus grand sentiment de gratification, une satisfaction de mériter son progrès et ses victoires, de décider très régulièrement de ce que l’on trouve et gagne, même si cela passe par des parties plus longues, et peut-être un peu plus répétitives à la longue, moins immédiatement jouissives.
On espère tout de même que d’autres héros paraîtront dans des DLC, un seul nom pouvant ajouter une immense rejouabilité à un titre tellement différent selon le duo incarné, voire d’autres chapitres, d’autres types d’environnements, Roguebook étant impeccable pour le prix proposé, mais pouvant inspirer l’envie de dépenser un peu plus pour bénéficier d’un peu plus.
J’en espérais beaucoup en voyant annoncé partout « le deckbuilding digital de Richard Garfield dans le monde de Faeria », et si Roguebook a donc bien la fraîcheur promise, il est possible que j’aie été un peu déçu à cause de la sortie simultanée de Griftlands, en anglais uniquement, un autre jeu de deckbuilding digital, aux runs bien plus longs mais pour le coup d’une très grande richesse scénaristique et finesse mécanique, n’ayant pas l’intuitivité de Roguebook (ou a fortiori d’un Slay) mais pouvant se présenter comme le véritable Hades du deckbuilding en ce qu’il s’empare d’une formule connue pour la renouveler bien plus radicalement.
Mais la coïncidence du calendrier a bien fait les choses, ces deux propositions cherchant à susciter des sensations très différentes, en plus de se situer dans des univers très distincts avec une technicité également propre, de sorte qu’elles sont plus complémentaires que rivales pour qui cherche des approches sincères, soignées et originales d’un genre manifestement bien loin d’avoir épuisé son potentiel !
[Ce texte n'est que la conclusion d'une critique publiée sur VonGuru : https://vonguru.fr/2021/07/08/roguebook-enfin-le-hades-du-deckbuilding-digital/]