Une très belle histoire dans un très joli cadre.

Root Letter est visiblement un vn de type adventure game. La terminologie étant nouvelle pour moi, disons pour simplifier que c'est un jeu du même genre que Phoenix Wright. Ha tiens, j'ai réussi à avoir votre attention ? Bon, ben c'est parfait alors ! Sinon, c'est probablement que le jeu n'est pas fait pour vous...

On incarne un ancien correspondant à distance qui cherche tout bêtement à rencontrer la dame au bout des lettres. Armé de notre courage et de nos morceaux de papiers, on entreprendra un petit voyage dans la bourgade de Shimane pour se voir apprendre que notre chère Aya est décédée 25 ans plus tôt. Mais diantre ! On écrivait nos missives 15 ans plus tôt pourtant ?! Et c'est ainsi que débute notre recherche de la vérité.
En pratique, il y a donc une phase d'enquête durant laquelle l'analyse du décors et les dialogues nous donnent des pistes nous permettant de confondre les anciens proches de notre amour lointain via un interrogatoire.

D'une linéarité difficilement contestable -même la relecture de notre correspondance est confiée au scénario-, il n'y sera d'ailleurs pas possible d'obtenir un game over. Je trouve personnellement assez dommage de ne pas voir quelques clins d'oeil au joueur lorsque l'on décide de revisiter des lieux en dehors de la trame.
Il y a cependant une différence notable avec ce que proposait l'avocat : l'ambiance des jeux. Tandis que Phoenix Wright jouait la carte de l'humour, Root Letter est beaucoup plus mélancolique. Quelques blagues légères seront présentes mais elles ne péseront pas bien lourd face au thème général et à l'ambiance musicale de toute beauté.

Assez chiche en option, la lecture automatique est bien calibrée mais n'a pas une utilité folle vu le nombre d'interaction nécessaire à l'avancement de l'histoire. Les énigmes sont loin d'être capillotractées et une fonction "Think" est disponible à tout moment pour donner des indices si l'on sèche vraiment.
Les réponses que l'on se ”rappellera” avoir données à notre chère et tendre influenceront tellement le final que l'on finit par se demander si le grand écart n'est pas la spécialité des scénaristes ! L'incitation de revenir sur l'aventure me parait assez importante compte tenu des messages laissés par les dév's, du contenu déblocable ET du fameux mode drama.

Car le jeu propose deux enrobages graphiques, celui d'origine de type anime tandis que l'autre puise ses influences dans les dramas japonais. En toute franchise, les backgrounds et le chara design d'origine sont d'une telle qualité que je n'ai d'abord pas eu envie de tester le mode drama, aux acteurs surjouant tellement que l'on comprend instantanément que l'imaginaire n'est pas toujours fait pour être importé dans notre réalité. Puis, j'ai cédé. 
N'étant jamais allé au Japon, cette petite visite fut tout de même très agréable, notamment grâce à des photos d'excellentes qualités et d'un traitement rendant le tout presque... Irréel. La reconstitution de pas mal de détail, que se soit en dessin d'abord ou en photo ensuite, permet de mieux appréhender le résultat final. C'est un véritable travail d'orfèvre que j'ai eu sous les yeux.

Si je devais énumérer les défauts de Root Letter, il n'y en aurait pas tant que ça. Son histoire, ses dialogues, sa tronche, ses musiques, son thème... Presque tout me parait réussi au final. Mais faisons le tout de même :
- la permutation entre les modes original et drama n'est possible que dans un menu de l'écran principal. Vu qu'on parle d'un vn et d'images fixes, j'aurais apprécié de pouvoir le faire n'importe quand via une touche.
- les descriptions sont très direct : une télé, c'est une télé et baste. Il n'y a pas vraiment d'anecdotes, d'histoire en paralèlle ou de blagounettes pour inciter à se perdre dans les décors.
- les personnages à qui l'on cause disparaissent souvent dès qu'on a eu notre info. Si on rate un sujet connexe facultatif, ben c'est pas grave parce que c'est facultatif mais c'est aussi un peu dommage de reléguer le facultatif à ce point au second plan
- les images des objets du mode drama ne sont pas forcément tous refait. Notamment les photos, ce qui est foutrement dommage.
- certaines réactions, peu nombreuses heureusement, faut quand même être sacrément accroché pour les gober.
- y a une fin en particulier, je pense que les dév's auraient dû éviter la poudre. ^^'

Si vous avez 10/15h à tuer et que vous parlez anglais, je ne peux que le conseiller.