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Si GTA demeure un titre incontournable (la communauté attend toujours le sixième volet), plusieurs titres ont tenté d’approcher sa formule, en proposant quelques variantes pour se distinguer et attirer du public. Saints Row a ainsi multiplié les épisodes, avec un ton volontairement caustique allant jusque dans l’humour parfois un peu « cracra ». Après avoir atteint l’apothéose, Saints Row a amorcé un déclin de popularité, à tel point que le studio a annoncé un retour de la licence avec un reboot. On rabat les cartes, on fait table rase du passé et on reprend de zéro. Un coup de poker qui peut aussi bien permettre de redonner un nouveau souffle à la saga que se mettre à dos les fans de la première heure, échaudés à l’idée de voir une recette changer radicalement de saveur.
Pour ma part je fais partie des joueurs n’ayant jamais approché la licence. Cet épisode a donc été l’occasion de voir si la nouvelle recette peut plaire à un nouveau public. Si le titre n’est pas dénué de défauts, j’ai apprécié ma visite à Santo Ileso. Ce reboot ne ré-invente pas l’open world avec ambiance guerre de gangs, mais il est de ces plaisirs dénués de prise de tête avec de l’humour décalé et un seul mot d’ordre : c’est toi qui fais les règles de cette ville.
Le crime paie toujours
Ville fictive du sud-ouest des États-Unis, Santo Ileso propose une typographie variée, profitant de la frontière très proche du Mexique pour varier son décorum. Si la ville brille par cette ambiance typique des grandes cités américaines démesurées avec ses grattes-ciels, les quartiers proches du Mexique ramènent tout le parfum de ce pays. Le désert répond d’ailleurs présent, avec ses étendues sableuses, les mesa, les villes fantômes du Far West, sans compter la fameuse route 66. Le terrain se divise en quinze quartiers, sans compter le désert qui encercle Santo Ileso.
Votre personnage vivote au sein de cette cité, en compagnie de ses colocataires. Si votre personnage tâche de suivre la bonne voie (au début, du moins), vos compatriotes fricotent avec les gangs. Vous débutez ainsi tout juste chez Marshall, une milice privée qui possède une discipline de fer et une technologie futuriste à faire baver d’envie n’importe quel génie criminel. Malgré des débuts chaotiques, votre personnage arrive à se distinguer auprès du grand patron qui lui confie une mission d’importance : veiller sur le Codex du Colibri, lors d’une soirée de gala au musée. Sauf que le musée est pris d’assaut par les Idoles, un des gangs de la ville, qui vole le précieux objet. Vous voilà viré et au fond du trou. Heureusement vos colocataires vous aident à remonter la pente. Les aléas de la vie vous amenant à vous mettre tous les gangs à dos, vous décidez de créer le vôtre. Les Saints vont déferler sur Santo Ileso et dominer la ville !
Loin d’être une ville bien propre, Santo Ileso a tout d’un mic-mac où chacun trompe l’autre, et personne n’est incorruptible. Marshall en fait d’ailleurs partie : la milice est si puissante qu’elle domine la police, et sécurise la ville selon ses propres critères. Les gangs plus « classiques » sont tout aussi critiquables dans leurs méthodes. Les Idoles, sous leurs atours pimpants tout en néons et coloris rosés, sont des anti-capitalistes s’en prenant aussi bien aux grands groupes industriels qu’aux petites gens s’opposant à eux. Les Panteros ont plus de considération envers leurs véhicules que leurs propres vies, et exposent des physiques de culturistes avec tatouages en prime. La police répond aussi présente, mais fait bien pâle figure à côté de tels groupuscules.
Le scénario de Saints Row est avant tout une intrigue prétexte à des scènes où vous et votre équipe allez vous confronter à vos multiples ennemis, avec grands renforts d’explosions et de balles perdues. Ce sont surtout les pointes d’humour qu’on retiendra et qui entourent cette équipe de bric et de broc, véritable alliance d’échoués de la vie qui cherchent une nouvelle chance de briller. Le récit principal en lui-même se conclut en dix heures, laissant surtout place au end-game et au contenu annexe qui, lui, a de quoi vous occuper bien plus longtemps.
Santo Ileso est un bac à sable classique mais aussi efficace avec une variété d’activités, même si on peut déplorer que certaines soient moins affriolantes que d’autres (on y reviendra). Plus vous progresserez dans l’histoire, plus vous aurez la possibilité d’établir votre empire criminel. Tout ceci se fait via une carte dans votre QG. Vous êtes libre de déposer, où vous le souhaitez, les entreprises illégales qui vont vous octroyer de l’argent, de quoi donner un petit aspect personnalisé à l’ensemble. Afin que chaque entreprise voit ses profits augmenter, vous devrez réduire la menace qui peuple le quartier concerné, ainsi que réaliser quelques « courses » pour vos subalternes. Les activités en question dépendent de l’entreprise proposant aussi bien de braquer des bâtiments, ramener des véhicules à un endroit précis… En dehors de votre empire, des criminels à la sauvette feront appel à vos services pour des vols d’envergure en hélicoptère, faire le coursier en évitant les forces de l’ordre…
Comme de nombreux open worlds, Saints Row n’échappe pas à la chasse aux collectibles qui se fait via l’application photo de votre smartphone. La principale chasse, introduite par une mission de l’histoire, demeure intéressante. Chaque objet photographié vous sert d’élément de décoration pour votre QG. Afin de vous aider à les trouver, chacun d’eux est assorti d’une description de sa localisation. L’occasion pour le studio de glisser quelques références aussi bien sur la culture américaine que pop-culture (comme une certaine cabine téléphonique plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur…). La seconde chasse s’effectua via aussi des photos pour immortaliser certains lieux emblématiques, mais ne relève sa présence que si le joueur s’en trouve proche.
A l’image de GTA, Saints Row dispose de quelques éléments cachés au sein de sa carte. Libre ainsi au joueur de fouiller des balises météo, des poubelles ou autres éléments signalés sur la carte afin d’ériger des véhicules atypiques, ou obtenir des armes non conventionnelles. Au sein de votre armurerie, n’hésitez pas à voir les différents visuels conférés à chaque arme car ceux-ci s’accompagnent de changements jouant sur le gameplay même de l’arme. Ainsi une simple matraque peut se transformer en bâton pour pinata, une épée longue en Keyblade… En relevant le défi associé à l’arme, vous débloquez une capacité signature qui octroie des bonus. Il en est de même pour les véhicules. Autant dire que vous avez quoi de vous amuser si vous souhaitez découvrir tout ce que recèle Santo Ileso.
Y a un serpent dans ma botte !
Pour autant, Saint Rows n’est pas dénué de défauts. Je n’irais pas jusqu’à considérer le jeu comme étant un échec, contrairement à ce que nombre de commentaires sur les réseaux sociaux laissent penser. Mais, soyons honnête : non cet épisode n’est pas là pour concurrencer GTA, ni même être un ersatz de GTA 6. Je pense que ça a été là l’erreur de nombre de joueurs d’y placer d’aussi grosses espérances. Saints Row est avant tout un défouloir avec de la castagne dans tous les sens, avec pour cela des armes et véhicules improbables. Si vous cherchez un opus dénué de prise de tête, Saints Row saura vous occuper, sachant qu’il faudra compter entre 50 et 60 heures pour réaliser l’ensemble des activités.
Même si vous adhérez à la recette proposée, les limites techniques du jeu pourront venir gâcher la fête. Un patch récent a corrigé la plupart des bugs. Néanmoins, Saint Rows sur Playstation 5 est loin d’être une pépite visuelle. Il reste dans la moyenne avec une topographie variée et colorée, mais dont les textures bavent sur certains éléments du décor. Sans compter les images façon jpg qu’on peut voir à travers les fenêtres des bâtiments. La modélisation réussit d’ailleurs mieux sur les véhicules que les PNJ dont les expressions faciales peuvent se montrer dérangeantes, de part une animation assez sporadique. Ce sont surtout les personnages principaux qui ont pu profiter d’un bon traitement. C’est bien dommage car la direction artistique demeure plaisante avec des quartiers qui possèdent leur propre identité visuelle, et brisent ainsi la monotonie qui aurait pu s’installer au sein du décor. Il en est de même pour l’identité conférée à chaque gang qui permet d’en reconnaître les membres dès qu’on les croise dans la rue.
L’opus s’assortit aussi de quelques coquilles de traduction, voire de termes qui ont été copiés tels quels de l’anglais. Je pense notamment à certains collectibles dont le terme français ne correspond pas à l’objet qu’on a sous les yeux. Les sous-titrages se montrent aussi bien plus rapides que le débit des personnages, ce qui ne permet pas de suivre posément les échanges. Même en modifiant la vitesse de lecture des sous-titres, le souci persiste. C’est bien dommage. Certes l’intrigue n’est pas des plus rocambolesques, mais on aurait aimé pouvoir profiter des dialogues sans ce couac. J’ai aussi eu affaire à plusieurs plantages du jeu qui s’est éteint soudainement, souvent en pleine confrontation. Heureusement les sauvegardes automatiques sont multiples, mais ça reste un défaut qui mériterait un correctif.
Concernant les trophées, Saints Row demeure classique avec une liste amenant le joueur à nettoyer les quartiers à 100%. Ce qui revient à développer votre empire à son maximum, effectuer toutes les activités, collecter toutes les photos, etc. Il existe bien quelques actions annexes mais elles demeurent surtout anecdotiques, ou se recoupent à d’autres objectifs de plus grande envergure. En plus des missions, il existe des défis que votre personnage peut réaliser pour, en échange, obtenir quelques atouts comme regagner de la vie, obtenir plus de munitions, etc. Pour l’un des trophées, il vous faudra réussir 46 défis dont 4 dédiés à la combinaison de vol. Heureusement le jeu en dispose de 79, ça vous laisse une certaine marge de manœuvre même si quelques défis demeurent pointilleux. Une cinquantaine d’heures vous attend pour décrocher le platine. Rien de bien difficile mais ça demande de l’investissement et parfois un peu de patience, si vous êtes victime de bugs.
En résumé
Avec une technique plus peaufinée et d’ultimes correctifs pour nettoyer les dernières traces du crime, Saints Row a de quoi plaire à un public recherchant juste un open world avec une ambiance de guerre de gangs. Le titre possède un humour décalé, ne versant jamais dans le trash ou l’humour pipi caca, ce qui pourra aussi bien déplaire à une partie de la communauté qu’en attirer une autre, dont je fais partie, qui recherche juste un jeu sans prise de tête. Saints Row a cette saveur du sandwich un peu gras, pas forcément bon pour la santé, mais qu’on aime s’accorder de temps à autre, simplement pour le plaisir. Reste à voir si le studio développera l’aspect coopératif du jeu, pour en développer un online afin de continuer à faire perdurer le titre. Quoi qu’il en soit, je suis partant pour un nouvel épisode dans la même veine, mais qui saura corriger ses défauts.