Qui sème le vent récolte la tempête
Shadow of the colossus est à mes yeux une oeuvre majeur du jeu vidéo et de mon parcours vidéoludique, aussi l'annonce d'une refonte complète de l'aventure avec des graphismes actuels m'emplissait d'une joie sans précédent à son annonce durant l'E3 2017, bien que j'avait déja parcouru le soft quatre fois sur ses deux précédents supports (l'original sur ps2 et le remaster ps3).
Inutile de vous préciser qu'une fois la manette en main, la magie a re-opérer comme à l'époque.
En effet, Sotc est un jeu qu'on ne présente plus désormais, tout a été dit sur sa force émotionelle, son gameplay incroyablement novateur, sa poésie, et la dureté de son propos.
Cette tragédie qui met le joueur dans la peau d'un bourreau, s'avère tout aussi prenante et unique dans sa manière de faire ressentir des émotions contradictoires, cette jouissance, cette adrénaline du combat qui s'évapore peu à peu pour laisse place à un sentiment de gêne, de honte à ce moment précis où le joueur abat le colosse rendant alors son dernier souffle, cette créature majestueuse et organique à la fois animal végétal et minéral, symbole même de la nature s'évaporant alors en un nuage de fumée noirâtre, représentation de la fatalité et de la foideur de la mort, de la vie qui s'évapore en ces terres désolées.
La honte de l'humain qui par pur égoisme s'en prend à la nature, à son propre environnement dans le but de commettre un acte contre-nature (réssuciter les morts), désir qui le menera à sa perte telle une punition, condamnant le souhait d'un pauvre fou qui a voulu s'élever au dessus de sa condition d'être humain.
Rejouer à SOTC en 2018 avec ce remake c'est redécouvrir sous un nouveau jour une oeuvre unique dans l'histoire du jeux vidéo, c'est redécouvrir cet univers à nul autre pareille avec une refonte graphique qui force le respect tant certains environnements s'avèrent méconnaissables, tant l'on prends conscience d'une multitude de détails qui nous avaient échappés jusqu'alors, où dont on avaient une image faussés dans nos lointains souvenirs.
Par ex., les environements forestiers dont on avait gardés l'image de silhouettes sombres et peu détaillés d'arbres, s'avèrent ici êtres de vraies environnements naturels crédibles, immersifs et disposant d'une flore et d'une faune travaillés aux petits oignons.
Ce désert dont on avait gardés en tête l'image d' une surface plâte grisatre, vaguement beige, est sublimé ici par un orange vif parsemés ça et là par des rochers clairement définis et très détaillés.
Et surtout ces colosses qui deviennent ici des êtres véritablement vivants à l'animation bluffante de crédibilité et de réalisme et à la modélisation extraordinaire, dont on ressent encore plus le désarroi dans leurs prunelles dans lesquelles on y perçoit des sentiments aussi paradoxales que la tristesse, du vide, mais aussi une innocence doublé d'une volonté de vivre, une certaine forme d'humanité.
Dans shadow of the colossus la proie n'est pas forcément celle que l'on croie , et les jeux parvenant à faire ressentir de telles émotions et à véhiculer des messages aussi forts sont rares dans cet industrie.
Et c'est pourquoi ce remake du chef-d'oeuvre de fumito ueda s'avère être à la fois une aubaine pour les néophytes souhaitant découvrir un classique sous sa plus belle forme et recevoir ainsi une leçon de jeu vidéo émotionelle et contemplatif, mais aussi un moyen pour les fans de redécouvrir cette fable macabre, ce déchirement émotionelle.
Revivre les crimes que nous n'avons toujours pas expiés.
Ma Note est de 10/10