L’ultime aventure des origines de Lara Croft ou le nouveau Spiderman ? Choix difficile. Quoiqu’il en soit, l'Indiana Jones au féminin reprend du service dans un troisième et dernier volet de ses aventures rebootées depuis 2013 par l'éditeur Square Enix. Concluant la jeunesse de l'aventurière, Shadow of the Tom Raider, mature, réaliste, sombre et violent comme ces ainés, conclut-il en beauté cette trilogie renouvelant la sexy Lara Croft?
Conclusion des origines de Lara Croft
Et voila tout ce que j’aurais aimé voir dans Tomb Raider le film version 2018. Etre proche de l’héroïne d’un jeu, éprouver de l’empathie pour elle, ressentir des sensations fortes lors de séquences dangereuses, nous faire évoluer dans un univers sombre et réaliste, telle était la volonté de départ de Square Enix et leur nouvelle trilogie axée sur les origines de Lara Croft. Me jeter dans le vide sans peur, échapper à des terribles pièges en partant à la recherche d’un trésor, me la jouer cascadeur, c’est ce que je recherche dans les jeux de ce genre. On peut dire qu’avec Tomb Raider, tout du moins le premier, coté survival, j’ai eu tout ce que je voulais.
12 chapitres au total, cette nouvelle trilogie veut vous faire frémir, mettre tous vos sens en éveil comme si vous étiez sur le terrain, vous éblouir à coup de paysages criants de réalisme, vous apprendre à survivre en milieu hostile, tout en suivant la quête d’une orpheline cherchant à comprendre le mystère tournant autour de la mort de son père.
Les bonnes choses ont une fin, hélas. Il est temps pour nous d’interpréter pour la dernière fois la petite jeunette Lara avant qu’elle ne devienne cette aventurière archéologue sexy et téméraire. Mais par quel évènement est-elle devenue la femme que nous connaissons tous depuis 1996 ? Faisant directement suite à Rise of Tomb Raider, Shadow of the Tomb Raider va nous le conter.
Techniquement, entre cet épisode et les deux premiers, pas vraiment d’évolution à noter. Bien qu’il subsiste des petits passages peu glorieux donnant la désagréable sensation d’être revenu à l’âge de la ps3 (cf les séquences de dialogues entre Lara et les villageois), ça reste très beau, surtout pour les fans de paysages exotiques qui en prendront plein les mirettes. Jeux de lumières, détails des vêtements, cheveux, blessures, fluidité de la gestuelle, effets d’eau et de boue, sublimes gros plans, animation des PNJ (à la hauteur de ce qu’on peut trouver dans un Assassin’s Creed), ça reste du niveau du moteur graphique de la ps4.
Un plaisir de vadrouiller librement dans les villages pour enrichir son inventaire et crafter de nouvelles armes, explorer des temples cachés, partir à la chasse, proposer son aide à des villageois, scruter les détails minutieux des décors, ou jouer à l'aventurier. Ce Tomb Raider, tout comme ces prédécesseurs mérite son titre d’expérience vidéoludique inoubliable.
Soyons honnête, ce troisième opus, il intègre du bon, du très moyen, et du brillant. Alors que la première partie plutôt jouissive, fera le pont entre la fin de Rise of Tomb Raider et Shadow of the Tomb Raider, la deuxième partie, moins prenante, en baisse de régime sur tous les points, risque de vous faire bailler aux corneilles. On laisse tomber la manette et on revend direct le jeu ?! Surtout pas.
Passé cette purge d’arrivée au village de Paititi puis la cité perdue, passages semblants ne jamais prendre fin, voila que notre jeu bascule plus profondément dans le sombre et le prenant. C’est là qu’arrive ENFIN pour nous sauver le chapitre 10, soit la troisième partie. Troisième partie jouant la carte des révélations et poussant Lara Croft dans ses derniers retranchements. L’attente aura été récompensée parce que franchement, ce farcir plus de 6 chapitres où ni le scénario, ni les phases de gameplay ne nous amusent, c’est une honte pour une franchise comme Tomb Raider.
Ton père a créé autant de mystères qu’il en a résolus.
Quand Lara Croft nous la jouait John Rambo
Sa personnalité à certes évoluée, les mouvements de Lara, eux ne changent pas. On court, on sprint, on rampe, on glisse, on saute, on escalade, on pousse/tire des objets, on utilise ses deux piolets, son arc, on se fabrique un couteau avec une partie de l’hélice d’un avion (prends ça dans ta tronche Macgyver), on casse du petit bois pour se construire des flèches pour son arc, on cueille des plantes pour sa santé, on améliore ces aptitudes et ses armes, on change de fringues au coin du feu.
Nouveauté, Lara, en plus d’avoir droit à une corde pour descendre en rappel comme une vraie chasseuse de trésors, peut se couvrir de boue et se la jouer Rambo dans la jungle. Oui, terminé les séquences je fonce dans le tas, place à cette bonne vieille infiltration où on utilise des pièges, son arc, son couteau ou sort ses gros flingues si le cœur nous en dit pour zigouiller du Trinitaire. Comme Rambo je vous dis ! Autre nouveauté : un arbre de compétences plus fourni (mais compliqué à utiliser si on a zappé l’explication). A noter que certaines compétences seront déblocables uniquement en complétant quêtes annexes et visite de tombeaux.
Dans Rise of Tomb Raider, le coté survival du premier opus commençait lentement à s’estomper. Va-t-il totalement disparaitre dans cet épisode ? Oui et non, disons que c’est différent. Shadow of the Tomb Raider, bien que s’orientant vers ce qui a fait le succès de la franchise des premiers Tomb Raider, à savoir de la pure aventure comptant, exploration de tombeaux et résolution d’énigmes, escalade, sauts et plongée, n’abandonne tout de même pas ses petites séquences de gun fight gentiment empruntées à la franchise Uncharted. Cet opus réussi à jongler entre ses parties, les parties énigmes, exploration et escalade. Lara, poissarde comme Nathan Drake a fait encore pire que son compère : elle a déclenché la fin du monde prédit par les Mayas. Oui, vous avez bien entendu. On exploitera donc cette conséquence pendant toute la durée du jeu.
Des séquences catastrophes où il faut foncer et se la jouer fine pour éviter de se faire écraser, empalé ou tout simplement mourir dans d’horrible circonstances, ne seront jamais loin. Ah et oui, la Lara criant de douleur en se faisant bobo (retires tes paluches de son pantalon !), les effets de sang, les tirs et explosions réalistes, les séquences style survival-horror, reviennent d’une façon différente. Mais CHUT, surprise…
Parfois le courage d'une seule personne vaut plus que la lâcheté d'un
groupe.
I'm a survivor, i'm not gonna give up
A tous les fans d’adrénaline, préparez vous. Rien que la première heure de jeu assouvira votre soif de sensations fortes. Et ce n’est qu’un début. Arrivé au Pérou, vous vous enfoncerez dans la jungle et ferez la connaissance de la faune et de la flore. Et là, c’est l’éblouissement. Des singes, des lapins…des jaguars, notre jungle truffée d’animaux exotiques donne envie de s’y arrêter pour faire quelques photos. Problème : les jaguars, peu accueillants, il va falloir les affronter, sous les yeux des singes visiblement bons spectateurs du haut de leurs branches/lianes. L’envie de leur coller une flèche entre les deux yeux vous titillera souvent.
Pour partir sur une bonne note, Shadow of the Tomb Raider privilégiera la psychologie des personnages plutôt qu’enchainer bêtement les séquences spectaculaires. Rien de tel qu’une conclusion émouvante pour marquer un joueur. Le passé tragique de Lara sera exploré en profondeur, tout comme la vie personnelle de Jonah, le samoan, son partenaire et ami, celui qui l’a suivit depuis le début de la trilogie. Parce que oui, l’une des grandes qualités de ces origines de Lara Croft, c’est le fait d’être face à une jeune femme plus humaine, plus fragile, qui doute d’elle-même, de ces choix. Là encore, on poussera le personnage à bout, lui faisant passer de douloureuses épreuves pour l’endurcir.
Dans Shadow of the Tomb Raider, on veut que le joueur soit content d’avoir déboursé 70euros. Pour ça, on va jouer la carte du spectacle en essayant si possible de faire aussi bien qu’un Uncharted, tout en évitant la copie. De l’escalade à ce la péter comme Tom Cruise, plus d'exploration sous marines avec son lot de petites bestioles tentant de vous emporter dans les eaux (additionné au manque d’oxygène, ça va stresser dans les chaumières ! ), des énigmes plus originales et difficiles, un univers semblant plus dense, plus oppressant comme ce que l'on avait ressentit dans le premier opus.
Comme le dernier Uncharted sortit, Shadow of the Tomb Raider se veut tourner vers l'épopée où l'on vivra une aventure personnelle passionnante. La jungle Péruvienne, les tombeaux Mayas truffés de pièges et de squelettes, les profondeurs de lacs souterrains, la manette, on l'a crispe, impatient de découvrir l’issue de cette conclusion. En partant du joli village de Paititi à la cité perdue, lieu où se trouve la boite d’argent, le jeu basculera dans le gore, le glauque, le cradingue (mouches inclues), à coup de rituel sacrificiel et de bêbêtes pas franchement commode. Que ça sent bon Indiana Jones et le temple maudit même si on aurait aimé faire un petit tour dans un wagon.
On appréciera le fait de pouvoir régler la difficulté sur plusieurs niveaux : les affrontements avec peu de munitions et des ennemis plus solides, les énigmes plus ardues, et bien entendu, le célèbre niveau de difficulté générale. A vous de voir. Truffé de références historiques, Shadow of the Tomb Raider se voudra ludique à coup de petites anecdotes certes scolaires MAIS appréciables.
Nous craignons tous notre destin…
Gloire au grand Kukulkan
A chaque Tomb Raider, il y a un passage marquant. Une cinématique, une phase de jeu. Pour le premier Tomb Raider version 2013, la phase de jeu marquante, c’était entre autre, la première scène voyant Lara kidnappée puis ligotée dans une caverne, pour le second, le passage dans la prison soviétique. Qu’en serait-il du premier ? Et pour cet épisode 3 ?
Shadow of the Tomb Raider : un air de nostalgie ? En tout cas, cette scène où vous glisserez dans le rôle de Lara, âgée d'une dizaine d'années, vadrouillant déjà comme une future aventurière casse-cou et passionnée d'histoire dans le Manoir gigantesque des Croft, donnera cette sensation. (Non, toujours pas signe de vie du majordome que l’on pouvait enfermer dans le garde manger). Ce n’est pourtant pas que cette séquence qui m’aura le plus marquée.
En troisième partie de jeu, un évènement majeur pour le moins étonnant risque d’en surprendre quelques uns au point de leur coller quelques frissons de plaisir, découvrant une facette bien bad ass de Lara. Il aura fallut ce seul passage pour que ce Tomb Raider remonte enfin dans mon estime. Quand a la suite, on ira de surprises en surprises, comme ce dernier quart d’heure de jeu nous plongeant dans un véritable enfer cauchemardesque d’une beauté renversante. Nous sommes bel et bien dans une histoire parlant d’apocalypse Maya et de prophétie.
Dernier point : la vf. La doubleuse Alice David cède malheureusement sa place à Anna Sigalevitch (déjà doubleuse de Lara dans le film Tomb Raider de cette année), pour un timbre de voix un peu plus adulte. On ne perd pas au change, néanmoins, bien que ça reste similaire, je resterai grand fan du travail d’Alice David plus douce, plus naïve, plus fragile.
Que le soleil s’éteigne, et que l’obscurité efface le monde connu.
Au final, un cran au dessus du moyen mais pas mauvais Rise of Tomb Raider, ce dernier opus contant les origines de Lara Croft nous offre ce que l’on attendait : phases de gameplay variées, scénario plus fouillé, rebondissements, frissons, immersion, éblouissement, séquences dignes d'un film et émotion. On aurait malgré tout aimé un peu plus d'évolutions de mouvements par rapport aux 2 précédents épisodes, plus d’escales, et un peu plus de liberté. Surtout pour un monde supposé être "ouvert". Pour la durée de vie, comptez une petite douzaine d’heures, format classique pour un jeu de ce genre. La conclusion restera dans le ton de cette trilogie, épique, exploitant comme il le fallait son nouvel univers sombre, touchant et réaliste avec une héroïne doutant d’elle-même et finalement, trouvant confiance. Lara Croft reviendra…