Après avoir joué à Persona 3 et 4, et pendant que j'alternais mes heures de jeu entre Persona 2 et Persona 5, je savais qu'il en resterait un à faire. Oui, ce fameux jeu nommé "Persona", opus oublié, grand fondateur de la série maintenant très appréciée d'Atlus. Et même si une partie de moi était intéressée et impatiente de jouer à ce jeu, une autre s'inquiétait de toucher à ce jeu paraissant trop vieux et daté.
L'histoire commence quand vous et vos amis de classe avez la bonne idée de faire un jeu nommé le "Persona Game". Après exécution, tout le monde s'écroule et vous rencontrez Philémon, un homme vivant dans un sorte d'univers alternatif. Il vous sort que le monde va mal et vous envoie vous et vos amis sauver le monde ou quelque chose comme ça. Ouais ça parait cliché mais vous verrez.
Il y a bien une force à ce Persona 1 que l'on doit reconnaître, c'est bien son scénario. Très bien tissé, il aborde avec excellence les principaux thèmes Carl James Yung (c'est d'ailleurs l'opus de la série qui le fait le mieux). Ajoutez à cela des personnages très intéressants, car évoluant avec vous durant le jeu, et dont les relations sont elles aussi très fortes durant votre partie (notamment Nanjo et Mark : bien que je ne sois pas fan de Mark, on ne peut nier le fait que l'évolution de leur relation est très bien ressentie dans le jeu). De plus, les dialogues de vos persos varient en fonction de ceux que vous avez mis dans votre équipe, donc vous pouvez refaire une partie afin de voir toutes les différentes interactions.
Les personnages de Maki ainsi que de Kandori, rôles clé dans l'histoire principale (dit SEBEC route) sont également très pertinents dans leur façon d'être ainsi que dans ce qu'ils font pour atteindre leurs objectifs. Même si on devine qui est le méchant, le jeu arrive tout de même à nous mettre du côté de l'autre afin de mieux saisir leurs points de vue et leurs buts personnels.
Je vous conseille dans votre première route (quitte à utiliser un guide) à y inclure Reiji, personnage optionnel de cette route. Il est tellement important (et cheaté) que je trouve ça très dommage qu'on puisse le louper. Surtout qu'il a les meilleures interactions avec Kandori, Nanjo arrivant peu après lui.
Dans le fond, Persona 1 est un jeu indéniablement réussi. Très intéressant à analyser, son casting arrive également à nous attirer plus en profondeur dans le jeu.
Parlons maintenant du gameplay. Persona repose sur un système original : vous devez placer vos persos sur des sortes de case. L'intérêt, c'est de savoir placer les persos afin qu'ils puissent toucher le plus d'ennemis de manière optimale (vous devez le faire en vous basant sur la portée des attaques de base, de votre pistolet et de votre Persona). Et là aussi c'est une force du jeu, l'aspect stratégique est très important et une fois maîtrisé il paraîtra tellement jouissif.
Parlons des Personas : ces créatures se débloquent en fusionnant des démons avec des cartes. Le problème c'est d'obtenir les dites cartes. En effet, vous devrez négocier avec les ennemis pour en obtenir (comme dans un SMT). Sauf que là où SMT n'a que quelques choix de dialogues, souvent logiques, Persona a, sachant qu'il y a 5 membres max dans la team, 20 possibilités de négociation différentes. Ça peut paraître sympa, mais c'est beaucoup trop aléatoire et vous devrez alors avoir besoin de la chance pour espérer tomber sur la bonne négociation. C'est dommage car ça plombe le rythme du jeu (il est très lent de base, et encore je joue sur la version PSP qui est accéléré par rapport à la version PS1) sachant qu'il est nécessaire d'améliorer souvent ses Personas sans quoi vous aller vous faire défoncer h24 (sachant que ce jeu est dur mais on verra après). Persona 2 Innocent Sin avait aussi ce problème de possibilités (il en avait même plus) mais en contrebalance vous pouviez très facilement finir le jeu avec seulement les Personas obtenus via le scénario.
Enfin, le défaut final de Persona 1, celui qui m'a fait moyennement apprécié l’œuvre, c'est sa difficulté. Encounter rate à la limite du harcèlement, des ennemis souvent trop forts, des statuts vous empêchant de bouger qui s'enchaînent ou qui vous infligent masse de dégâts, voilà ce que vous servira Persona 1. Ajoutez à cela un level design complètement sadique et cruel (la forêt, le Kama Palace, vraiment des donjons horribles). Le plus gros doigt du jeu restera la Grotte d'Amala, puisque vous allez vous taper un donjon très long, presque labyrinthique avec plein de cul de sac, avec seulement 2 pauvres persos disponibles. Super. Le lubrifiant avant de m'entuber n'était pas au programme ?
De plus, la SQQ (une autre histoire disponible dans P1) est le summum du pinacle de la stupidité en terme de difficulté. La tour de Thanatos, elle ne respecte aucune règle, sachant que tu peux même pas sauvegarder en plein milieu. Si tu meurs, Game over, tu te retapes tout. Et le donjon final j'en fais encore des cauchemars. Je vous donne la [carte] histoire de vous montrer à quel point c'est dur à en crever. Comble du désespoir, cette route pourtant prometteuse a un scénario très peu intéressant, et un boss final ironiquement facile. Merci le jeu.
Et c'est ça qui m'a un peu ruiné mon expérience de jeu sur P1. C'est sa trop grosse difficulté. Car bordel, avec son histoire, ses persos et son gameplay, il a tout pour être un des meilleurs RPG du monde. Dommage que ce remaster a seulement repris la version de base au lieu de modifier certaines choses.
J'aurais un dernier mot à ajouter sur l'OST de ce remaster. Elle est composée principalement de J-Pop. Malgré que j'aime bien cette nouvelle OST, elle n'a malheureusement pas grand lien avec le jeu, si fait qu'on perd drastiquement en ambiance. Et on a au passage Voice, qui est très certainement le moins bon des endings de la série, il ne m'a transmis aucune émotion alors que tous les autres l'ont fait.
En bref, si ce jeu vous fait envie et que la difficulté ne vous fait pas peur (ou que vous suivez un guide) je vous encourage à jouer à Persona 1, l'histoire vaut vraiment le coup. Si en revanche la difficulté vous rebute, vous pouvez toujours essayer de lire le manga, qui malgré un petit rush et des choix scénaristiques douteux à la Inazuma Eleven, reste sympa à lire.
J'espère tout de même qu'Atlus ou un fan essayera de refaire le jeu, il ne faut pas grand chose pour que je puisse lui mettre une note de 8/9.