J'étais tout petit quand mon père a acheté ce jeu pour son ordinateur. Évidemment toutes les ambiances de Shivers œuvraient de concert pour ne pas me donner envie de regarder par-dessus son épaule et j'en avais uniquement gardé le souvenir comme celui d'un jeu proprement effrayant et sur lequel je n'oserais jamais poser la main. Mon père, lui, s'en souvient comme le seul jeu vidéo qu'il a eu à cœur de terminer, ce passe-temps n'étant pas dans ses préférés.
Puis j'ai grandi, et une fois ado j'ai décidé de ressortir sa vieille galette du meuble à CD où elle prenait la poussière. Et je l'ai installée sur mon ordi.
Synopsis: vous avez fait un pari idiot avec vos amis teenagers lambdas et maintenant vous devez passer une nuit sur la propriété du musée de l'Étrange et de l'Inhabituel du professeur Windelnot. Ce lieu alimente beaucoup de légendes urbaines, car deux teenagers lambdas ainsi que le professeur lui-même ont disparu à cet endroit il y a quinze ans.Après avoir pu entrer dans le château vous vous rendez compte que l'endroit est... HAAAN-TÉÉÉÉÉ BWHOUUUUHEUHEUHEUU.
On est face à un point n' click bien à l'ancienne que les amoureux du genre qualifieraient peut-être d'un peu facile, mais de clairement joli ! Le jeu fonctionne par écrans fixes sur lesquels on clique à différents endroits pour avancer, pivoter ou activer un truc - m'enfin je vais pas vous apprendre comment fonctionne un point n' click, je suppose que vous êtes assez grands pour connaître - et autant dire que les décors sont super jolis et souvent même carrément bien détaillés, le tout appuyé par une musique menée à grands coups de synthé sur la table nous plongeant tantôt dans une ambiance pensive et propice à la réflexion, tantôt dans un sentiment de poursuite angoissante ou de mort cruelle (voilà un truc qui n'a pas changé par rapport à quand j'avais six ans, dites donc).
Une fois les petites énigmes de l'extérieur résolues on peut pénétrer dans le château et découvrir toutes les collections.du musées, inspirées de vraies légendes, croyances ou artefacts pour la plupart, ce qui ajoute un grand plus à l'immersion. Les expositions fourmillent de panneaux explicatifs et les quelques livres de la bibliothèque qui sont accessibles contiennent aussi une bonne quantité d'informations (il sera d'ailleurs capital de les parcourir plus ou moins minutieusement si on veut comprendre les énigmes les plus corsées du jeu !). Et au milieu de ces expositions se cachent les Ixupis. Non ce n'est pas un Pokémon issu de la dernière génération, mais un esprit spécialement malfaisant originaire d'Amérique du Sud. Ils sont dix au total et correspondent chacun à une substance - eau, tissu, cire, goudron, métal etc. - et possèdent par conséquent la faculté de se planquer dans des lieux propices - fontaine du hall, bandelettes d'une momie, mare de goudron, sculpture métallique etc. - pour vous bouffer ! Chaque esprit a plusieurs cachettes dans le musée et le seul moyen de les capturer consiste à combiner la bonne poterie avec le bon couvercle (il y a donc en tout dix paires de pots et couvercles) qu'on obtient en résolvant les énigmes.
J'ai pris un plaisir plutôt inédit à remettre les mains sur un jeu qui m'avait autant traumatisé à l'époque ! C'est excellent de résoudre des problèmes, d'enfin trouver le couvercle correspondant à la poterie que j'avais dans mon inventaire depuis des heures et de capturer le vil Ixupi qui se croyait plus malin que moi. J'y rejoue encore de temps en temps et le plaisir est intact... malheureusement la frustration des énigmes des ascenseurs, plus dures à chaque fois qu'on les emprunte, fait qu'on a vite fait de chercher d'autres moyens de gagner les étages et les endroits seulement accessibles en ascenseur seront rapidement délaissés... mais enfin.
Peut-être qu'il est disponible quelque part sur Internet en abandonware ou que sais-je, mais ce serait franchement triste de passer à côté de ça. Essayez-le !