Les gars de chez Daedalic ont le chic pour faire de beaux Point’N Clicks, dont la qualité visuelle ne cesse de s’améliorer avec le temps. Silence, leur petit nouveau, profite donc du passage sur PS4 pour mettre à profit leur nouveau moteur graphique qui compte bien sublimer leurs précédents travaux. Mais un jeu à beau être magnifique, il se doit également d’avoir un bon gameplay et/ou un scénario un minimum aguicheur pour conquérir le cœur des joueurs… Est-ce que Silence possède toutes ces qualités ?
Si le titre français de Silence ne le laisse pas paraître, sachez que le titre original est quant à lui sous-titré, The Whispered World II. L’esprit aiguisé comprendra donc bien vite qu’il y a eu un The Whispered World premier du nom ! Celui-ci vous mettait dans la peau du clown triste, Sadwick, qui parcourait le monde fantastique de Silence, donc, situé à la frontière entre la vie et la mort. Autant vous spoiler tout de suite, puisque sinon même le pitch de Silence ne pourrait être raconté, la fin laissait le joueur découvrir que Sadwick était en fait la représentation de Noah, un enfant de notre monde malade et mourant, dans le coma. Ce dernier avait donc pu s’échapper de ce royaume après en être devenu le roi et en brisant un miroir faisant le lien entre Silence et notre monde.
Quelques années plus tard, c’est un Noah âgé de 16 ans en compagnie de sa petite sœur Renie que nous retrouvons. Le jeu commence lorsque les deux jeunes se retrouvent cloisonnés dans un petit bunker en pleine guerre, apparemment la Première Guerre Mondiale sous les bombardements des avions ennemis. La petite Renie étant apeurée, Noah lui raconte l’histoire de Sadwick pour l’apaiser, faisant office de rappel des événement du premier opus. Avoir fait The Whispered World n’est donc pas obligatoire pour comprendre l’aventure de Noah et Renie, mais cela reste toutefois un plus non négligeable pour approfondir le background du titre, comprendre les références, etc.
Ce rappel des événements passés sert également de didacticiel. Là où les premières aventures de Noah se jouaient à la façon d’un Deponia, avec ses combinaisons d’objets loufoques et leurs utilisations inattendues, celles-ci se voient totalement chamboulées pour son retour à Silence. Enfin non, quelques éléments sont restés intacts, tels que les utilisations étranges des objets et le gameplay du petit Spot, l’espèce de chenille gloutonne qui accompagnait Sadwick, pouvant s’aplatir ou se gonfler à volonté. En revanche, l’inventaire a totalement disparu et l’utilisation d’objets du décor n’a d’utilité que pour l’acte en cours. Les mélanges improbables ne se feront donc plus via votre inventaire, mais directement sur le terrain en apportant parfois certains objets à certains endroits-clés. Du coup, de nouvelles mécaniques de gameplay, certes simplistes, apparaissent : des mini-jeux d’équilibre, rapides et sympathiques, ou encore des actions nous donnant l’illusion de forcer en même temps que le personnage lorsqu’il déplace un rocher, par exemple.
Si trois personnages sont jouables (Spot, Renie et Noah), ils ne seront que rarement ensemble et seul Spot pourra être jouable en même temps qu’un des enfants, l’autre restant en retrait. Le game over est rare mais possible, et sera dû souvent soit à l’échec d’un mini-jeu, soit à un choix foireux de votre part. Parce que oui, Silence propose pas mal de choix de dialogue, même si ceux-ci n’auront pas un impact fou au niveau du scénario. Cela dit, on saluera le fait que contrairement à beaucoup de productions de Daedalic, le joueur n’a pas une énorme liste de dialogues à épuiser mais plutôt deux choix à chaque fois qui ont un impact. Un impact minime, mais un impact quand même. Bref, le jeu tient beaucoup le joueur par la main et la principale difficulté réside à la limite dans l’obtention des Trophées qui relancent l’intérêt du jeu, tant ceux-ci sont bien trouvés. En tout cas une chose est sûre, c’est que la facilité du jeu laisse une grande place à la contemplation…
Qu’on se le dise, Silence est magnifique ! Mais vraiment ! Pour l’anecdote, quand j’ai vu les premiers screenshots du jeu, j’étais persuadé de n’avoir en face de moi que des artworks et des screens de cinématiques en CGI tellement j’en prenais plein la vue. Mais que nenni, tout le jeu nous en met plein la gueule comme ça ! Le nouveau moteur graphique de Daedalic a permis à ses dessinateurs de sublimer leur art, et chaque plan du jeu est un orgasme visuel. Si, vu de près, les personnages pourraient être un chouïa mieux modélisés, leur design est toutefois original et travaillé, les expressions du visage réalistes, le doublage plutôt convainquant. Le problème reste toutefois toujours le même, hormis les protagonistes, les développeurs allemands ne travaillent pas assez les personnages secondaires…
M’enfin ! La vraie héroïne reste tout de même la petite Renie. Mignonne à souhait, originale, drôle et mature pour son âge, on sent que sa doubleuse s’est donnée à fond pour jouer le personnage. On s’y attache dès les premiers instants, au point de la mettre au même niveau d’affection qu’une Clémentine des Walking Dead de Telltale ou d’une Ellie de The Last of Us. Tant mieux, car après tout un bon personnage principal ne peut rendre son jeu que bien meilleur !
Bref ! On pourrait résumer Silence en seulement trois mots : Facile, Magique, Magnifique. Le dernier-né de Daedalic Entertainment aura certes une fâcheuse tendance à vous tenir par la main, mais ce sera souvent pour vous permettre de contempler l’art de ses designers. Ajoutez à cela le charisme de Renie et la fraîcheur qu’apporte la magie du monde de Silence, et vous avez là une poésie en jeu vidéo. Aller, on râlera tout de même un coup sur le rapport quantité/prix du soft, affichant une trentaine d’euros à sa sortie pour une durée de vie de 5-6h environ. Mais si vous n’avez pas peur de dépenser, ou si vous avez l’occasion de choper le jeu à bas prix, n’hésitez pas un seul instant et foncez découvrir cet univers onirique !