Singularity
6.4
Singularity

Jeu de Raven Software et Activision (2010PC)

Singularity est un FPS sortit il y a une dizaine d'années et qui m'a toujours intéressé pour la simple et bonne raison que de nombreux joueurs le comparent à Bioshock. Et effectivement, le jeu a de multiples similarités avec Bioshock : il y a de nombreux messages audio à écouter durant notre aventure, des vidéos de propagande et la présence de voyages dans le temps rappelle même Bioshock Infinite pourtant sortit 3 ans plus tard. Aussi, au niveau du gameplay on a un système similaire : la main droite contrôlant l'arme, la main gauche nous donnant des pouvoirs, ainsi que des améliorations pour les armes ou nos pouvoirs (dont le visuel n'est pas malheureusement pas modifié au fil des améliorations contrairement à Bioshock).
Cependant, si s'inspirer de Bioshock est une bonne chose (j'aime être caressé dans le sens du poil), proposer quelque chose d'intéressant et novateur est un exercice sommes toute bien plus compliqué. Car on se rend vite compte en jouant à Singularity que s'il reprend de nombreux éléments provenant de Bioshock, il n'en reprend pas forcément leurs forces et quand il lui s'agit de se forger une véritable identité et de créer quelque chose de réellement novateur l'écart avec Bioshock se fait sentir.
Un exemple tout con c'est les cartoons. Durant notre aventure on aura l'occasion de visionner quelques dessins animés propagandistes dont le style visuel n'est pas sans rappeler celui de Bioshock et de Fallout... Or, ici il y a un hic : le jeu se déroule en URSS... Et peut-être que je me trompe mais les rares propagandes soviétiques à destination de la jeunesse que j'ai eu l'occasion de voir étaient dans un style bien différent que celui qu'on retrouve dans le jeu. C'est peut-être un détail pour vous (mais pour moi ça veut dire beaucoup) mais en l’occurrence c'est bien ce genre de détail qui montre que les développeurs n'ont pas poussé leurs recherches assez loin, qu'ils ont préférés sacrifier le fond afin d'embellir la forme.


Aussi, et pour arrêter le segment de la comparaison systématique avec Bioshock : le scénario ne lui arrive pas à la cheville ! En fait non ! Le scénario ne lui arrive même pas à l'orteil. Le jeu commence alors qu'un pic de radiation émanant de Katorga 12 (une île fictive située à l'Est de la Russie) aveugle un satellite espion des états-uniens ; l'état-major décide donc d'envoyer quelques unités de reconnaissance armées survolées le secteur en question afin de vérifier que tout va bien.
Passons le fait que si j'avais envie de commencer une troisième guerre mondiale je ferais surement la même chose (je rappelle quand même que les US envoies des troupes armées sur le territoire d'un ancien ennemi sur base d’informations récoltées par un satellite espion), puisque lors du survol de ladite zone une sorte de bombe IEM explose, faisant crasher notre hélicoptère et nous obligeant à retrouver nos alliés non loin du site de crash, l'intrigue débutant réellement quelques minutes plus tard après que nous soyons pris dans une boucle temporelle.
Donc ? Qu'est-ce qui ne va pas dans le scénario de Singularity ? Pour commencer, c'est un énième produit "culturel" ressassant tous les clichés vu et revus sur l'URSS et ce sans aucune subtilité, je ne suis pas un fan du régime de Staline (un régime efficace certes car on y perd quelques kilos mais malheureusement pas aussi efface que le régime d'Hitler que l'on quitte uniquement avec de la peau sur les os) mais j'aurais aimé que le titre soit moins manichéen que ça : si c'est pour voir un héros américain tapé du Russe je regarde Rocky IV ou quelques-unes des autres œuvres hollywoodiennes propagandistes dont seuls les américains ont le secret.
Ensuite, outre le fait que le E99 (l'élément périodique fictif permettant de voyager dans le temps au centre du gameplay et des intrigues du jeu) justifie tout et n'importe quoi comme par magie, Singularity nous prouve une nouvelle fois que le voyage dans le temps c'est casse gueule : certains éléments du scénario ne sont pas très subtils (pour ne pas dire prévisibles), d'autres sont assez flous et enfin il y a pas mal de moments incohérents. Le tout se terminant par un logique (et donc non surprenant) twist de fin répondant aux quelques questions restées en suspens ainsi qu'une fin à choisir parmi trois proposées... Et qui pour le coup sont vraiment sympas à voir.
Ça m'attriste d'ailleurs de constater que le jeu n'exploite pas assez ses bonnes idées, nos actions effectuées dans le passé n'ont finalement que trop peu d'impacts une fois revenu dans le présent et le tout se révèle plat ; c'est con parce qu'encore une fois autant le voyage dans le temps c'est casse gueule, autant c'est une mécanique qui permet de varier les situations : j'aurais aimé par exemple voir l'île en feu avec les Américains d'un côté et les Russes de l'autre après un énième aller-retour dans le passé... Non, ici il y a le présent avec des démons et quelques Russes puis le passé avec des Russes et quelques démons.


Concernant le gameplay, le E99 nous permet, comme évoqué plus haut, d'avoir accès à quelques pouvoirs plutôt sympathiques à utiliser : ça va de la classique télékinésie, au vieillissement accéléré tout en passant par la bulle temporelle (appelé cadenas). Les pouvoirs sont cependant clairement inégaux, là où le vieillissement se révèle inutile sur la moitié des créatures, utiliser le cadenas (la bulle temporelle) contre celles-ci nous facilite tellement la tâche qu'on pourrait presque appeler ça de la triche, la plupart d'entre-elles (excepté une) attaquant uniquement au corps-à-corps, il suffit alors de tirer ledit cadenas à nos pieds puis tuer un à un les ennemis s'agglutinant sur notre belle petite barrière protectrice. En fait, les soldats sont l'une des seules unités à pouvoir faire quelque chose même une fois ce pouvoir lancé (leurs balles arrivant au ralenti sur nous mais pouvant quand même nous occasionner des dommages) mais ce sont loin d'être des ennemis particulièrement retors : on les tue par grappe sans trop de difficulté.
Le jeu est de toute façon très simple même en difficulté maximale, j'ai dû mourir moins de 5 fois durant les 7 heures qui m'ont été demandées pour terminer le titre, et encore, si j'avais été moins économes quant à mon utilisation des kits de soins (que l'on trouve en abondance), j'aurais sans doute pu mourir encore moins de fois durant l'aventure.
Concernant les armes, on a beau avoir du classique et d'autres armes plus exotiques, je n'ai utilisé que trois d'entre-elles, à savoir le fusil d'assaut, le pompe et le sniper durant l'intégralité de l'aventure : à quoi ça sert d'utiliser le spikeshot (une sorte de railgun) quand à côté on a un fusil sniper qui fait autant de dégât que cette arme, dont les tirs n'ont pas besoins d'être chargé et qui bénéficie en prime d'un ralentissement du temps quand on vise à la lunette ? Idem pour le minigun qui ralentie l'utilisation de nos pouvoirs ou le lance-grenade qui se révèle très imprécis ?
Les sensations de shoot ne sont pas mauvaise, on n'est clairement pas dans Doom mais on est bien au-dessus de ces dizaines d'autres FPS pourtant bien plus populaire comme Halo ou Borderlands nous donnant l'impression d'utiliser un nerf à la place d'une véritable arme à feu.
Il faudra juste penser régler le FOV via Widescreen Fixer si on veut avoir l'impression de ne pas contrôler un nain équipé de jumelles.


Sortit en 2010, Singularity est sorti pile-poil à l'époque où les FPS étaient à la mode sur consoles (j'ai toujours des hauts-le-cœurs quand je dis ça), et coche sans aucune surprise quelques-unes des cases que ce devait de cocher les FPS de l'époque : on parcourra donc sans surprise des couloirs baignant dans un marron/gris dégueulasse (du coup vous avez surement compris que le jeu tourne sur l'Unreal Engine 3), même si petite originalité ça passe au bleu quand on revient dans le passé, le tout bordé par d'inimitables murs invisibles et avec en prime des ennemis qui continuent à bouger quand ils meurent, ce qui fait qu'on a très souvent tendance à leur tirer dessus alors que ça ne sert à rien (on a même pas droit à une petite animation d'exécution)... Mais à notre grande surprise, Singularity n'a pas de QTE ; ce qui selon moi excuse tout de même quelques-uns de ses égarements cités plus haut.


Singularity est-il donc, comme je semble le décrire, juste bon à jeter ? Non. Mais pour tout vous dire, à moins que soyez en manque de Bioshock (ce qui serait carrément compréhensible) ou en manque de FPS tout court (ce qui serait pour le coup beaucoup moins compréhensible vu le nombre de jeux du genre qui sortent chaque années) le jeu ne présente plus grand intérêt aujourd'hui : c'est un FPS daté très symptomatique de sa génération et qui ne propose finalement pas grand-chose de réellement intéressant. Les trois fins restent tout de même sympas à voir et il y a quand même quelques bonnes idées dans le gameplay (mais qui sont je le rappelle mal exploitées)... Mais sont-ce des raisons qui justifient de passer sept heures devant ce jeu ?


Points positifs :
+ Un Bioshock-like
+ Quelques bonnes idées liées au voyage dans le temps...


Points négatifs :
- ... Mais malheureusement mal exploitées
- Un FPS qui se coltinent les tares de sa génération (couloirs, murs invisibles, marron/gris dégueu)
- Beaucoup trop facile mais surtout pas très bien équilibré

MacCAM
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le 10 mars 2020

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MacCAM

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