… mais ce n'est pas à prendre comme un point positif. À vrai dire, je ne sais pas dans quel cas comparer une œuvre vidéoludique à une drogue peut véritablement être perçu comme un argument de vente.
M'enfin, analogie vaine ou non, effectivement, Slay the Spire est une drogue. Mais il me semble important de préciser laquelle, car, j'ai beau ne pas être un amateur (et pour le coup, je me connais, je sais que si je plonge dedans, j'en testerai le maximum en une semaine avant d'atteindre le nirvana), j'ai déjà vu des reportages sur le crack, et Slay the Spire semble curieusement s'en rapprocher : on devient très vite accroc, elle est relativement accessible… mais c'est quand même une belle grosse merde, encore plus que les autres qui plus est.
Pourtant, ça ne commençait pas si mal. Les quatre personnages présentés sont originaux, variés, chacun se jouant à sa manière ; on débloque très souvent de nouvelles cartes et reliques, ce qui fait qu'on n'a jamais vraiment l'impression d'avoir totalement perdu, qu'on a envie d'y replonger ; on apprend pas mal de trucs en début de jeu ; on peut même jouer au jeu en espéranto… puis très tôt, je me suis retrouvé dans une impasse, très tôt, j'ai eu l'impression d'être confronté aux limitations du titre… et c'est là où je me suis fait avoir par Slay the Spire. C'est à ce moment-là que j'aurais dû désinstaller le programme de mon SSD, voir le supprimer de mon compte Steam (bon, j'exagère là, c'est vrai), passer à autre chose une bonne fois pour toutes. Car, naïvement, face à cette impasse que j'ai eu aussi tôt devant moi, et face à ses nombreux adeptes à côté, j'étais persuadé que j'étais dans l'erreur, qu'il y avait un truc que je n'avais pas saisi, assimilé. Cette impasse, c'est le nombre limité de stratégies : je ne pouvais pas croire qu'un jeu avec un tel succès se révèle aussi limité, et pourtant, c'est le cas, Slay the Spire est bien ce qu'il est, un jeu (pour) limité.
Niveau stratégies, Slay the Spire nous en présente grosso merdo 3 à 4 par personnages, avec, heureusement, la possibilité de faire quelques combinaisons entre elles, le tout étant basé sur une logique de synergie somme toutes des plus classiques. Histoire de ne pas vous faire perdre trop de temps, une fois que vous avez consulté cet article, vous êtes au fait de la majorité des stratégies employables dans Slay the Spire (il y en a bien quelques autres, basées sur les cartes incolores, m'enfin, si vous croyez que je vais perdre mon temps à rentrer dans les détails…).
Malheureusement, et c'est ça le pire, Slay the Spire a réussi à me rendre addict durant une grosse cinquantaine d'heures (je comprends enfin un petit peu qui sont ces gens qui postent des avis négatifs sur Steam après y avoir passé des milliers d'heures dessus). En fait, Slay the Spire est une sorte de gros bâtard, il vous donne toujours une raison à votre défaite : soit vous avez fauté niveau stratégie et vous avez immédiatement envie de recommencer afin de rectifier le tir ; soit votre stratégie était la bonne, ça s'est joué à un rien, et vous avez envie de recommencer, cette fois-ci en espérant échapper à ce petit rien… trop tard ! Vous vous êtes fait avoir ! Cette dose vous a été fatale ! Car la prochaine partie que vous subirez ne sera pas la même que la précédente. L'engrenage est en marche ! D'un certain point de vue, le club Dial a trouvé ici son adaptation en jeu vidéo.
Ironiquement, ce cher Slay the Spire a fini par se détruire lui-même, s'autofrag, se suicider… bon, vous avez compris où je voulais en venir. Car malgré tout le côté addictologique (de l'hôpital Marmottan, qui a reçu 300 patients), le fait est qu'un autre défaut du titre a pointé de plus en plus son nez, au point où il a fini par me sevrer de mon addiction. Ce défaut, c'est là encore sa limitation, non pas de son trop faible nombre de stratégies, mais de son bestiaire et de ses embranchements. Pour le dire autrement, j'ai fait une overdose de l'acte 1, au point où, je crois que je pourrais me mater two girls one cup en mangeant une raclette périmée sur les chiottes d'une aire d'autoroute abandonnée que ça me donnerait moins envie de vomir que de me retaper cet infâme premier acte (j'éditerais cette critique le jour où je tenterais l'expérience). On finit par rencontrer les mêmes ennemis, dans le même ordre, à passer systématiquement par les mêmes événements aléatoires qu'on finit presque par devenir omniscient, à savoir après seulement quelques minutes de jeu si cette run sera potable ou s'il faut déjà tout recommencer (parce qu'aléatoire oblige, c'est pas nous qui choisissons, faut pas déconner non plus)… et donc se retaper l'acte 1 ! Quel enfer ! La boucle, encore une fois ! Quitte à s'inspirer de FTL, fallait le faire bien.
Mais le pire, c'est qu'il y a un autre truc à côté de ça ! Le mode principal du titre étant le mode ascension, un mode dans lequel on débloque un nouveau malus à chaque fois qu'on accomplit une run, on pourrait s'attendre à ce que chaque run nous impose à changer complètement notre manière de jouer, ou à ce qu'au minimum les niveaux parcourus en ascension soient communs à tous les personnages… bah même pas : faut se taper les 20 putains d'ascensions avec les quatre personnages si on veut aller au bout du jeu ! Et ce, sans aucune possibilité de raccourci. Vous vous foutez de moi ? À bien des égards, Slay the Spire s'éloigne de Darkest Dungeon, et pourtant, j'ai l'impression d'être tout aussi bien pris pour un con (le pire, me connaissant, c'est qu'il y a 10 ans, j'aurais fait le 100 %, que j'étais un bien triste personnage à cette époque).
Voilà, c'était pas terrible. Vous noterez que je n'ai pas évoqué la direction artistique dégueulasse jusqu'à présent (c'est chose faite, je n'avais pas envie de m'éterniser dessus). La prochaine fois que je tombe sur un jeu comme ça, même pas, je le termine. Je lui fous un 2 ou un 3 sur SensCritique et on n'en reparle plus… dans le pire des cas, si un fanboy discute, je baisse la note. Ce sera tout ce qu'il mérite.
Dans une optique de conclure cette critique sur quelque chose de positif, et dans un but de vous élever vers de nouveaux horizons, je ne peux que vous recommander de jouer à Pawnbarian, lui aussi est un rogue-lite, lui aussi possède un système de cartes, lui aussi une sorte de mode ascension, à la seule différence, contrairement à Slay the Spire, qu'il y a un vrai bon jeu jeu derrière l'appât.