J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire.
J'ai vu d'insondables nappes de lumières, couleurs rubis ou saphir, conquérir des galaxies en un lent mouvement d'expansion;
J'ai vu des colosses de gaz charriant leurs myriades de satellites, semblables à des dieux fous entourés de nains cosmiques;
J'ai vu des amants titanesques, des étoiles se tournant autour des éons durant, fusionner soudain dans un hurlement gravitationnel;
J'ai vu des bulles de vie qui flottaient dans des océans de vide et qui toisaient avec orgueil d'aveugles éternités;
J'ai vu de pâles soleils bleus chanter l'aurore sur des lignes d'horizon aussi glacées qu'un péan funèbre;
J'ai vu des comètes aux cheveux de plasma ensemencer des géantes rouges en un délire orgiaque;
J'ai vu l'univers tout entier se réduire à un grain de sable, évoquant le spectre d'un poète immense tandis que je sombrais dans un trou noir;
J'ai vu, enfin, les limites même de l'existence, d'insurmontables gouffres de ténèbres au-delà desquels il n'est plus de rêves ou d'espoir.
Tous ces moments se perdront dans l'oubli,
Comme les larmes dans la pluie.
Il est temps de mourir.
- Qu'est-ce que tu es bavard, Roy !