Respirer lentement, ouvrir grand les yeux, sentir les battements de son cœur décélérer, se détendre.
Ainsi nous sommes prêts à plonger dans les abîmes d'un jeu aux mille possibilités : le Spider Solitaire.
Au début les deux couleurs posent un soucis et puis on persiste et on accompli la première mission. La dernière rangée se posant. Le feu d'artifice de Windows nous tends les bras. Joie, bonne humeur, odeur de fête tout est réuni pour le sourire et le partage.
Cependant, lorsque l'on pense maîtriser le jeu en deux couleurs, nous commençons à explorer les onglets supérieurs. Pourquoi débuter une nouvelle partie alors que l'on sait pertinemment que l'on va la réussir ? Evidemment l'on se mets alors à personnaliser son Tapis de Jeu et puis stupéfaction le -mode difficile- apparaît. Stupeur et effroi se mélangent lorsque l'on clique et que l'on lance une partie.
Pique, Cœur, Trèfle et Carreaux se mélangent sous nos yeux ébahis c'est le début d'un voyage initiatique au plus profond de nous même. La porte de la logique côtoie celle de la chance. Terminus tout le monde descend.
Les premières parties nous laissent alors épaté. Le joueur qui avait réussi autant de parties en
-mode normal- se retrouve dépourvu piétiné par les cartes fusant devant ses yeux. Et oui, le -mode difficile- demande des ressources insoupçonnées. Sens de l'observation, stratégies longuement planifiées, stress lors du tirage des cartes, chance, sentiment de progression et satisfaction lorsqu'une colonne ou lorsqu'une rangée est accomplie. ce sont les ingrédients nécessaires au plus grand Jeu de tout les temps.
Prenons le temps d'analyser le tapis de Jeu :
- 52 cartes
- Quatre couleurs (Pique, Cœur, Trèfle, carreaux)
- 10 colonnes
Voila la simplicité presque enfantine (aux premiers abords nous en conviendrons) qui cache une multitude de choses. Chaque partie est différente et unique, personnellement il ne m'est jamais arrivé de revoir une distribution similaire. Chaque erreur est fatale, il faut prendre le temps d'analyser, de constater parfois l'amer goût de la défaite pour avancer et espérer arracher la victoire.
Alors les parties se lancent, se finissent de manière expéditive et l'on cherche alors a dompter la machine, l'odeur électrique du souffre embaume la pièce, la bataille d’ego entre dans l'arène. Evidemment cette tension perpétuelle entre l'homme et la machine nous renvoie au duel de Garry Kasparov contre l'ordinateur "Deep Blue". Les sensations sont similaires, le suspens l'est tout autant. Seulement l'enjeu est inversé, car il s'agit bien là de prouver la supériorité définitive de l'humain sur la machine.
Vous pourriez vous demander "Pourquoi un Jeu présent dans l'ordinateur de monsieur tout le monde pourrait être considéré comme le plus grand Jeu de tout les temps". Car oui, c'est bien là mon opinion, opinion que je vais charger de transformer pour vous en un fait objectif et établi.
Déjà son caractère universel : un coup de génie indéniable de fournir à tous une telle oeuvre d'intelligence et d'astuce. Maintenant plongeons davantage au cœur des mécaniques du Jeu. Le Spider Solitaire -mode difficile- réalise plus que tout autre création de l'esprit humain une succession d'équilibre périlleux réalisée à la perfection.
L'équilibre hasard/action du joueur, en apparence le Spider Solitaire -mode difficile- semble d'une mécanique implacable : lors de vos premières parties, vous aurez cette sensation que les coups sont tous écrit d'avance. Vous n'avez pas de choix. Le 5 de piques ne peut aller que sur le 6 de carreau, le bloquant mécaniquement. Bientôt vous vous retrouvez face à une marée de cartes qui peu à peu remplit tout l'écran et enfin le fameux écran "jeu bloqué" fera son apparition. Cette sensation d'impuissance complète, de n'être que le jouet du hasard le plus calculateur, qui sans cesse vous envoie tout, sauf la carte nécessaire pour complèter une misérable suite, tout joueur, du plus expérimenté au novice complet l'a ressenti à un moment ou à un autre.
C'est là une des caractéristiques les plus merveilleuses du Spider Solitaire -mode difficile-. Aujourd'hui toutes les expériences ludiques que l'on nous propose sont lissés, pensés pour accompagner le joueur, le prennent par la main, introduisent mécaniques et difficultés au compte gouttes, en s'assurant que ce dernier a correctement assimilé ces dernières. Tout est offert sur un plateau d'argent, le Joueur ne découvre plus rien de lui même, à force d'essais, d'erreurs et de persévérance. Ce sentiment si grisant de la maîtrise progressive est complètement absent aujourd'hui.
Le Spider Solitaire -mode difficile- lui se présente en un mur immense, compact, de briques rouges montant jusqu'au ciel. Et c'est au Joueur, de forer à la seule force de son intellect brut, sans apparat, sans artifice, sans aide d'aucune nature, les multiples couches de savoir qu'il devra peu à peu assimiler, réutiliser, recombiner afin de progresser. Si l'on devait se représenter la courbe de difficulté du Spider Solitaire -mode difficile-, ce serait sûrement une succession de droites presque verticales, entrecoupés de plateaux de consolidations, eux-mêmes perturbés par les aléas des tirages, nous faisant sans cesse remettre en question si tel résultat est le fruit du hasard ou de notre savoir-faire. Tout comme l'existence elle-même, le Spider Solitaire imite ce questionnement fondamentaux de la condition humaine : Savoir ce que l'on mérite et ce que l'on a obtenu par la chance, savoir démêler cet écheveau si complexe est indéniablement un plaisir conséquent de l'apprentissage du Jeu.
Mais je ne voudrais pas égarer un lecteur trop impatient et vais donc passer à des considérations plus techniques, qui mieux qu'aucune autre vous aideront à vous faire le juste avis.
Je vais à présent vous détailler ici quelques stratégies notables afin que vous puissiez vous rendre compte de la profondeur du Jeu.
1. N'hésitez pas à mélanger des couleurs :
Attention cependant à ne pas commettre l’erreur de ce que j'appelle le triplet.
Un triplet est composé deux couleurs intercalées par une couleur différente. Cela bloque relativement l'avancée si la carte dont vous avez besoin se retrouve au bout de la rangée. Nous pouvons évidemment tenter de séparer le triplet en plusieurs paquets homogènes mais sans colonnes vide. la tâche vous sera rude. Ce qui m'amène au conseil suivant.
2. Les colonnes vides :
L'essence même de la victoire se trouve dans cette stratégie, le principe est simple creuser le plus possible les dix tas de cartes à votre disposition afin d'en faire des colonnes vides. Aptes à une plus grande liberté de mouvements. Il est préférable pour plus de fluidité et ainsi pour avoir un plus grand pourcentage de victoire de le faire avant les deux premiers tirages sinon la partie s’emmêle et cela devient une tâche ardue. Le mieux à faire est de créer un tas de cartes que l'on considérera futile lors du début de partie. Par exemple nous pouvons placer dans ce tas des cartes qui ne peuvent se caler dans des suites comme par exemple un sept de cœur impossible à placer avec ses comparses de la même couleur. Cette colonne, ce tas de cartes futiles semblera impressionnant au vu de sa taille. Mais si nous prenons le temps de regarder l'avantage... Il peut permettre d'ouvrir plus de colonnes possibles
3. Concevoir un tas de cartes dites "Futiles"
Pour comprendre l’intérêt de ce conseil veuillez vous référer au numéro "2."
4. Toujours commencer votre partie par les valeurs les plus importantes
Il est préférable de débuter en plaçant directement une carte de forte valeur sur une autre. En effet, la probabilité de tomber sur une carte plus forte en dessous est plus infime que de tomber sur une carte de valeur plus haute ou égale à celle-ci. Alors votre jeu sera plus facile et les avalanches de suites déferleront sous les yeux énervés de la machine.
5. Essayer d'ouvrir les tas les plus à gauche de l'écran
Les tas de gauche possèdent un avantage non négligeable : une carte de moins.
Avec ces cinq points essentiels mon ratio de victoire est de 65%.
Important : Je l'ai appris à mes dépends, en effet parfois la victoire semble impossible. Et même si une partie lancée se doit d'être une partie finie. Il faut quelque fois accepter la défaite et partir la queue entre les jambes.
Je vais donc vous lister quelques conditions d'abandon.
Notez cependant : vous et vous seuls êtes les maîtres de vos Tapis de Jeux. Les conditions d'abandons ici présentes ont été établies par moi même et ne sauraient en aucun être réplicable pour tout autre joueur du Spider Solitaire -mode difficile-. Les expériences de chacun dans les méandres sont uniques et il en va donc de ces conditions d'abandons. Toutefois, je vous les liste à titre indicatifs.
- Aucune colonne ouverte au delà du troisième tirage.
- Une ou plusieurs colonnes avec plus de 6 changements de couleur sur
cette dernière.
- Deux "ruptures" sur une seule colonne (une suite bloquée par un tirage, redémarre, mais se retrouve ensuite interrompu par un second tirage).
- Un tirage offrant moins de 5 mouvements possibles.
- Plus de trois "K" sortant lors d'un tirage (uniquement à partir du 3ème tirage).
- plus de deux "A" sur des colonnes ouvertes.
Avec ces 6 points fondamentaux mon ratio de victoire est de 65%.
J'espère avoir au cours de ce bref exposé, su poser les jalons d'une meilleure compréhension d'un Art qui doit se perpétuer depuis 1998 et sa première apparition sur Windows. Maintenant vous avez entre les mains une partie de l'argumentaire (bien d'autres éléments auraient pu être ajouté ici, l'art de la partie commentée notamment, qui permet une bien meilleure maîtrise du Jeu. J'aurais également pu mettre en opposition le Spider Solitaire -mode difficile- face à ces médiocres concurrents tel que le Freecell ou le Solitaire Classique, il s'en serait retrouvé grandit, mais par grandeur d'âme je ne m'abaisserais pas à salir d'autres jeux de cartes, qui n'ont de toute façon pas besoin de cela).
Je décerne donc la note maximale au Spider Solidaire -mode difficile- en ce qu'il est non pas un simple jeu, mais bien une école de la vie.
J'espère sincèrement que ces quelques mots vous donneront à votre tour l'envie de retourner vers cet onglet trop souvent délaissé mais renferment des mondes entiers qui n'attendent que vous.
Spider_91300