Sam Fisher d'écrire des critiques courtes
4 ans ont passés depuis l'excellent "Double Agent", 4 ans d'inquiétude pour un titre qui s'était montré en 2007 avant de disparaître complètement pour finalement réapparaître 2 ans plus tard, transformé. Ce qui nous était montré comme une simulation de catcheur-clodo est devenu une transposition vidéo-ludique de 24 heures Chrono, choix pas forcément idiot.
Ainsi Sam Fisher est en colère, très en colère même et il n'est pas là pour distribuer des fleurs.
Le point de départ de ce "Conviction" est fort alléchant : les scénaristes ont gardé les choix les plus douloureux de "Double Agent" et nous montre l'ancienne machine de guerre des USA se retourner contre son ancien employeur, Third Echelon. Après avoir tué son meilleur ami, perdu sa fille et sa foi en la bannière étoilé notre héros décide de péter la gueule (et le reste) à ceux qu'il juge responsable de cet énorme gâchis. Au programme : caméra à l'épaule, headshots, tortures en tout genre et rancoeur de tous les instants. Quand je vous parlais de 24 heures Chrono ce n'était pas une image.
Seulement voilà la baudruche se dégonfle assez vite. L'un des argument principal dans cette métamorphose est très vite mis de côté par un retournement scénaristique qui ressemble à une perte de testicule avérée. Ensuite le scénario s'embarque sur une banale histoire de sauvetage des États-unis et donc du monde.
Une histoire pas trop mal pensée mais qui reste dramatiquement classique, surtout vis à vis du potentiel de départ.
Déception d'autant plus cruelle en regard de l'originalité et de la qualité d'écriture de "Double Agent" (Sam s'infiltrait dans un groupuscule nationaliste pour le compte de Third Echelon et devait sans cesse peser ses choix et ses actions pour démanteler le groupuscule sans perdre la confiance de ce dernier sous peine d'être exécuter).
L'histoire évacuée qu'en est-il du jeu lui même ?
Dans l'idée de coller au modèle Jack Bauer l'accent à été mis sur le dynamisme, ainsi Sam a réussi à décoincer un peu le balai qu'il avait dans le fondement (pas entièrement cependant, j'ai rarement vu quelqu'un courir aussi lentement) et se permet de faire des actions de folie.
Cela se traduit par LA nouveauté du titre à savoir le système de "Mark and Execute". L'idée est simple : pour récompenser un meurtre fait à main nue on a le droit de marquer des cibles de loin pour les éliminer toutes d'un coup, avec un simple et unique bouton, quand on le jugera opportun. Le nombre de cible que l'on peut marquer dépendant de l'arme équipée. Là où le système est vicieux c'est que l'on peut marquer les cible à l'avance : sur un groupe de 5 ennemis on marque 4 tête et on se rapproche du cinquième larron pour l'exécuter à main nue et enchaîner par les 4 autres illico.
La sensation est, avouons-le, grisante, le sentiment de puissance dans ces moments là est vraiment appréciable et on réalise immédiatement en quoi Sam Fisher est un super espion très dangereux.
Mais (oui il y a toujours un "mais") ce système a une faille énorme, en plus de celle de ne réclamer aucun skill particulier. L'acquisition de ce pouvoir n'est pas assez risquée, en effet tuer un ennemi à main nue est d'une facilité enfantine dans Splinter Cell Conviction. J'ai commencer le jeu en mode "réaliste" d'emblée afin de "forcer" l'infiltration.
Mais même en mode de difficulté le plus élevé on se débarrasse très facilement des ennemis avec nos petites mains et par conséquent les autres sont tout aussi facile à tuer.
Le premier problème est une IA complètement conne et visiblement suisse si on se fie au temps de réaction interminable.
Le second problème vient d'une autre nouveauté du jeu à savoir l'apparition de notre dernière position connue par l'ennemi. Un fantôme de Fisher apparaît alors et les ennemis restent désespérément fixés sur ce fantôme et ont alors des oeillères rendant leur contournement là encore trop aisé.
Le troisième problème est que l'upgrade des armes se fait à la vitesse de la lumière. On gagne des points, en faisant des actions particulières dans le jeu, que l'on échange contre des améliorations. Le soucis est que les améliorations coûtes peu et les points s'accumulent vite. Ainsi on se retrouve trop vite dans le jeu avec le Five-Seven au maximum qui est le flingue de l'abus avec ses 4 marquages, son silencieux intégré et sa précision fatale.
Ainsi ce qui aurait dû être un bonus accordé au prix de grands risques se retrouve être une capacité que l'on a quasiment tout le temps et qui transforme le périple de Sam en balade de santé. Surtout que l'on peut marquer les cibles à travers les murs au bout d'un moment, possibilité diminuant encore le challenge.
Mourir dans le jeu résulte donc souvent d'une erreur de manipulation ou d'un script vous envoyant 15 ennemis en même temps dans une pièce sans couverture. C'est d'ailleurs à ce moment là qu'on se rend compte que le gameplay a gardé ses rigidités.
Histoire de donner le change le jeu propose aussi quelques phases différentes à l'image d'une séquence souvenir en Irak, pas vraiment géniale, où on est dans du shoot pur et dur ou d'une course poursuite, bien plus réussie, où il faut éviter les obstacle et attrapé sa cible avant qu'elle ne s'enfuie.
Si là encore question gameplay ça reste assez limité ça permet de varier un peu l'expérience et d'asseoir une ambiance sympathique.
Tout comme les fameux interrogatoires dont l'interactivité est assez limité (un seul bouton donc une seule possibilité et les informations obtenues ne changeront jamais) mais qui sont vraiment rigolo à voir : éclater la tête d'un mec contre un urinoir il faut avouer que c'est kiffant sur le moment.
Splinter Cell Conviction est un jeu paradoxal, à l'image de ses idées, pas mauvaises à la base, qui ont toute un revers de médaille. Si on n'a pas le temps de s'ennuyer (car en plus d'être très facile le jeu est court) on n'a pas vraiment de raisons de revenir dessus une fois l'aventure achevée (malgré un mode multi intéressant). On garde un sentiment agréable mais diffus d'où aucun moment véritablement renversant ne vient émerger du reste.
La faute sans doute à un level design privilégiant les univers Industriels et urbains et presque à chaque fois de nuit. Le titre étant solide techniquement sans vraiment être beau on n'est jamais marqué par un décor ou par un autre.
Seul le niveau dans les locaux de Third Echelon tire son épingle du jeu de part sa portée symbolique (fortement amoindrie si l'on n'a pas fait les précédents) et par son crescendo dans les situations.
À l'arrivée Splinter Cell Conviction est un titre qui s'intègre bien dans le catalogue récent d'Ubisoft: direction artistique soignée, techniquement solide, des idées mais une exécution timide, un gameplay dilué et un résultat final étrangement tiède.
L'épisode le moins subtile, que ça soit en terme de gameplay ou d'écriture, et le moins intéressant de la saga Splinter Cell. Bien plus accessible et immédiat que ses prédécesseurs il saura faire de l'oeil au fans de jeu d'action à système de couverture (plutôt réussi d'ailleurs) . Ce qui est dommage c'est que des jeux d'action il y en a des tonnes, et de bien plus réussis alors que des jeux comme Splinter Cell "le vrai" il n'y en a pas tant que ça. Constat d'autant plus curieux que le précédent volet avait réussis, de superbe manière, à renouveler le concept sans le trahir (Les missions sans armes dans la base des nationalistes resteront parmi les plus grands moment d'infiltration du Jeu Vidéo).
Voir une licence forte perde de son identité pour séduire un publique plus large est de plus en plus courant, je ne sais pas si le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Splinter Cell Conviction n'est pas un jeu désagréable, mais oubliable, il l'est assurément.