A Blast to the Past

Bomberman est une série que j'affectionne tout particulièrement, quand bien même je n'ai touché qu'à 3 ou 4 jeux de la licence. Reposant sur un concept simple et addictif, c'est avec une joie non mesurée que j'attendais un épisode de la série sur 3DS. Las, le jeu annoncé dans la période de sortie de la console n'est jamais sorti, la faute au rachat d'Hudson Soft par Konami et à la direction discutable prise par l'éditeur (qui a depuis 2010 largement délaissé les jeux sur consoles au profit des jeux mobiles et des pachinkos).
Ainsi, voir Bomberman ressortir de sa tombe lors de la conférence d'annonce de la Switch m'a mis un énorme sourire aux lèvres. Et 3 ans plus tard, c'est avec une joie non dissimulée que je me suis lancé dans un playthrough complet de Super Bomberman R (pour "Reborn" ou "Returns" selon les développeurs), en co-opération avec un cousin.

La première innovation de ce jeu est en effet la possibilité de jouer l'intégralité de la campagne à deux. Une évolution somme toute logique pour cette série qui a fait les beaux jours du jeu à plusieurs.
A deux, l'action est forcément très chaotique, mais également très drôle. Elle permet un semblant de stratégie et de coopération entre les joueurs, qui finit toujours par tomber à l'eau dés qu'un bonus est volé.
La campagne est d'une durée honnête (6 mondes de 8 niveaux + un boss), mais elle est assez difficile. J'ignore comment ça se passe seul, mais à deux il est quasiment impossible de finir un monde sans utiliser plusieurs Continue. Heureusement, le jeu est généreux : s'il vous fait payer 300 pièces les 2 premiers Continue, les suivants sont gratuits.
Les cinématiques sont plutôt amusantes, mais le doublage de Bomberman manque cruellement de dynamisme. Heureusement, ceux de sa fratrie et des méchants sont plus convaincants et communiquent bien leurs différentes personnalités.

Une constante du jeu, que ce soit dans le mode Histoire ou en Bataille, c'est que la caméra n'est pas ouf. C'est mon premier Bomberman en 3D donc je ne sais pas si c'est un problème hérité de l'ère N64, mais celle-ci a tendance à trop zoomer sur l'action quand les personnages sont proches, ce qui empêche de voir des ennemis en embuscade. De même, elle dézoome à fond lorsque les personnages s'éloignent, et sur le petit écran de la Switch on ne comprend absolument plus rien. Notons aussi qu'en mode Histoire, on a une vue de 3/4, donc pas toujours facile pour comprendre dans quelle direction incliner le stick. On s'y fait, mais des erreurs arrivent encore au bout de plusieurs heures de jeu.
Outre le mode Histoire, on a un mode Tournoi, assez anecdotique mais qui permet de jouer avec des règles uniques (secourir des otages, ramasser des gemmes...) dans des matchs en équipe. Pourquoi pas.

Evidemment, le vrai intérêt du titre est son mode Batailles...assez vide au lancement du jeu ! On n'a le droit qu'à 6 ou 7 arènes, et c'est tout. De quoi s'amuser, mais on reste sur sa faim et on se demande ce qu'il s'est passé.
Un tour dans la boutique apporte la réponse à cette interrogation : tout doit être acheté. Konami n'a pas poussé le vice jusqu'à proposer des terrains disponibles uniquement avec du vrai argent, mais en tout cas vous devrez dépenser de fortes sommes d'argent virtuel pour pouvoir compléter votre sélection de terrains. Malheureusement, on amasse de l'argent très lentement (la méthode la plus efficace est de faire des parties multi à 1 manche, ce qui ne vous donne que 150 pièces), ce qui augmente très inutilement la durée de vie du jeu. J'aurais préféré que les terrains se débloquent au fur et à mesure du mode Histoire ou Tournoi.

D'autant que Konami a rajouté plusieurs personnages de ses franchises cultes (Castlevania, Goemon...) au fil des mises à jour...et ces personnages sont eux aussi payants ! Certains ne valent que la modique somme de 10 pièces, mais la plupart en coûtent 1000.
Dommage, dans le principe ça rappelle les grandes heures de Bomberman Saturn qui permettait d'incarner Takahasi Meijin ou Bonk. Qui n'a jamais rêvé de voir Solid Snake balancer des bombes à Pyramid Head après tout ?

Bref, je n'ai pas calculé le montant total d'argent qui doit être dépensé dans la boutique pour tout avoir à 100%, mais on dépasse à coup sûr les 100.000 pièces. A 150 pièces la partie, vous allez devoir farmer des heures et c'est pas très fun.
Un rapide mot sur la musique, très sympa mais pas forcément mémorable. J'ai tendu l'oreille pour voir si je ne reconnaissais pas le thème principal de la série (je vous le mets en version 1h, ça me fait plaisir), mais je ne l'ai pas entendu. Dommage, il est dans mon Panthéon personnel de la musique vidéoludique.
Par contre, il y a un remix de Vampire Killer. Tout est pardonné.

Bref, Bomberman est une formule qui marchera toujours (sauf quand elle fait un cross-over avec Wario ou qu'elle tombe dans un délire ultra-réaliste chelou), donc le jeu est parfaitement serviable pour les soirées entre potes et c'est un plaisir de revoir ce petit terroriste qui m'avait tant manqué. Néanmoins, passée la découverte des différents modes, on se retrouve à devoir farmer pour pouvoir enrichir le très restreint mode Bataille.
Je peux passer outre la difficulté ou la caméra capricieuse, mais ce gros défaut m'empêche de considérer ce jeu comme digne de Bomberman 2 sur DS, le dernier gros jeu de la série avant son coma, et certainement le plus ambitieux grâce à sa customisation poussée et son excellente utilisation du double-écran.

J'espère un Super Bomberman R2 qui corrigera les défauts de celui-là tout en conservant le contenu. La base est solide, et parfaitement adaptée au public et au concept de la Switch !