A tes souhaits !
Tchia peine à convaincre, et c'est bien dommage. Dommage car dès que l'on lance l'aventure, la note d'intention des auteurs est claire et enthousiasmante. Ce jeu à pour but d'explorer une culture...
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le 31 juil. 2023
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Me voilà dans un cas de figure inédit. Car ce jeu, je l'attendais. Depuis son annonce. J'ai pris très tôt le train de la hype. Personne ou presque n'aurait parié sur ce jeu lors de son annonce. Mais moi, il m'a charmé. Par son ambiance mais aussi tout son aspect ouvert et cohérent. Les trailers de Tchia sont passés et à chaque fois, la même envie de faire ce jeu. Et le voilà sorti, la concrétisation de toute une attente.
Je vais être honnête : je me hype très rarement pour un jeu. Pour ainsi dire jamais. Et sur les 7 dernières années, ni Breath of the wild que je considère comme un grand jeu, ni Mario Odyssey, ni Red Dead Redemption 2, ni Tears of the kingdom qui sort dans quelques semaines à l'édition de cet avis ne m'ont autant intéressé que Tchia. Alors forcément à l'aube de ce test, , il a fallu mettre de côté la hype que j'avais, effacer les pensées à me dire que le jeu est parfait et occulter les moindres défauts. C'était un exercice nouveau pour moi. Serai je à nouveau compétent pour donner mon avis sur ce jeu? Nous y sommes.
Dans ce jeu, vous incarnez la jeune Tchia, une petite fille qui vit dans une petite île avec son père, englobé dans un plus vaste archipel rappelant la Nouvelle-Calédonie. Je crois que l'une des choses qui m'a le plus enthousiasmé au fur et à mesure du jeu, c'était cet appel du large. Ce dépaysement. Et avant même de lancer le jeu, les développeurs nous en font le rappel. Une note que l'on ne voit jamais qui fait dire que ces derniers sont fiers de ce qu'ils font, de ce qu'ils ont fait. Revenons à notre préambule.
Tchia vit donc paisiblement sur sa petite île quand son père vient à être kidnappé par un bandit et emmener au tyran local, Maevora. Celle-ci, pour le sauver, demande audience à ce dernier. Audience qu'elle n'aura que si elle remplit les conditions nécessaires à la coutume, autrement dit une série d'offrandes données en échange d'un service. Très tôt dans le jeu, ces "coutumes" vous serons introduite de manière très habile...mais on y reviendra.
Et vous voilà parti, armé de votre liste de courses, votre Ukulélé et votre pouvoir permettant de vous transformer en un peu tout et n'importe quoi. Parti sur les flots. Parti sur cette gigantesque île. Et là, vous êtes libre. Vous êtes bien sûr tenu de récupérer les objets de la coutume mais libre à vous de faire ça dans n'importe quel ordre et quand vous voulez. ça ne vous rappelle rien?
Alors certains diront qu'ils ne s'agit que d'une quête Fedex et dans un sens, ils auront raison. Mais le jeu met tellement bien en place cette dite quête que je n'ai absolument pas considéré ça comme étant pénible ou un frein au jeu. La liberté vous est totale, l'espace à traverser est immense. Tout ce que vous voyez est accessible. Vous pouvez dés lors monter aux parois des murs, sortir votre "paravoile" pour planer sur de courtes distances. Chacun de vos écarts sera récompensés par l'obtention d'une figurine tressée, d'un fruit d'endurance permettant d'augmenter d'un point votre jauge. Soyez donc curieux pour être résistant. Vous y trouverez aussi des cartes aux trésors qui vous inciteront à vous rendre à certains points (bien que j'aurai trouvé un peu mieux de ne pas les faire dans un ordre précis afin de récompenser les globes trotteurs et fouineurs) et des camps de Manoa, les ennemis locaux qui vous récompenseront par quelques petits objets cosmétiques une fois vaincu. Tout peut vous appeler. La géographie du jeu, intrigante, vous pousse à l'exploration. Et quand en plus la réalisation vous offre des visuels somptueux accompagné d'une musique merveilleuse de John Robert Matz qui avait officié déjà sur le très très sympathique Wandersong...on y est. On ne peut que rester dans ce paradis.
Alors oui, la technique fait défaut à Tchia. En tout cas sur console de salon. Pas mal de clipping notamment surtout au niveau des cinématiques, quelques ralentissements (mais j'ai la sensation qu'ils se font plus discrets depuis la dernière mise-à-jour et le jeu a crashé une fois pour ma part. Dans l'ensemble, on a un jeu très très bien fini avec de très rares bugs (quelques bugs de collisions) et qui poursuit son polish d'après lancement. La version PC ne semble souffrir d'aucun soucis en revanche (Epic Game Store) ce qui est un bon signe pour un déploiement rapide sur PC je suppose. Mais en l'état, le jeu est loin d'être une aberration technique comme certains le laissait dire dans leurs avis. Et il est à rappeler que nous sommes sur un projet avec une équipe à taille réduite.
Mais ce n'est pas tout. Puisque le jeu possède une autre caractéristique de gameplay : le saut d'âme. Pour faire simple, c'est une extension de ce que la chapimorphose de Mario Odyssey avait initié, autrement dit prendre possession d'un objet ou d'un animal. Quasiment tout peut être incarné dans Tchia, souvent pour l'aspect cosmétique ce qui, là aussi, est une complainte que certains lui adresseront. Ce sont surtout les animaux qui nous aideront dans notre quête que le jeu met en avant. Par exemple, le crabe peut utiliser ses pinces pour couper des chaines tandis que la gente aviaire sera très utile pour atteindre des lieux en hauteur ou en transversal rapidement. Bien sûr, il y a une limite à cette âme qu'il faudra bien prendre le soin de ménager notamment en combat pour être le plus efficace. Pour la recharger, autre trouvaille stylé, il suffit de trouver un feu de camp ou un stand de nourriture et d'y manger. Le plus fantastique reste d'enchainer tout ce que propose le jeu comme le balancier sur les arbres ou la glissade qui permet de descendre les pentes à vitesse grand V avec un saut d'âme voir plusieurs. S'élancer en glissant de la montagne, sortir sa voile, prendre possession d'un oiseau puis d'un rocher avant de faire un dernier saut d'âme et de se transformer en dauphin et faire des figures de dingos en sortant de l'eau. Quel pied.
Dernier gros point de gameplay du jeu : le Ukulélé. Vous pouvez le sortir quand bon vous semble pour jouer avec un instrument très audacieusement implémenté. Déjà les covers commencent à fleurir et il y a fort à parier que d'autres suivront. Le must reste de jouer la nuit, à la braise du feu de camp pendant qu'un crabe passe à proximité. Parlant de ça, il est dommage que les développeurs n'ait pas implémenté une fonction pour s'assoir sur un banc, 5 min avec toi. Mais c'est de l'ordre du pinaillage. Disons aussi que ce Ukulélé (que vous pourrez par ailleurs customiser aussi) fonctionne un peu comme un code de triche. Rien ne vous oblige à l'utiliser. Et il vous permettra de par exemple changer le jour en nuit et pleins d'autres choses que je vous laisserai de découvrir. Ces autres choses, il faudra les débloquer en réussissant des défis d'empilements de pierre, autre activité locale. Pareil pour l'âme. Il faudra façonner des totems et réussir ce que ces temples cachent pour obtenir une extension de cette âme. Ces totems, vous les stockeraient dans votre sac qui aurait peut-être demandé lui aussi une amélioration pour y stocker plus de choses. Cela dit, je ne sais pas si je peux vraiment considérer ça comme un défaut étant donné que le saut d'âme offre tellement de possibilité sur les lieux que je n'ai jamais pensé à me servir de mon sac si ce n'est stocké les totems et les trophées obtenus en remplissant diverses défis. Et là encore, nom de Zeus, les devs' ont même trouvé une utilité aux trophées que l'on ramasse.
Parce que mon dieu que ce jeu est cohérent et bien pensé. Il y a pleins de petites techs de game design que j'ai trouvé formidable. J'ai déjà parlé de l'introduction des coutumes, des repas, des activités en lien avec l'archipel mais ça ne s'arrête pas là. Le coup de la balise océanique qui indique l'emplacement d'un trésor, la scintillance des perles de bénitiers, une ressource très importante dans le jeu, que l'on retrouve très logiquement en des points précis, le petit marqueur sur l'écran qui dit que nous sommes proches d'un objet si on est effectivement proche de cet objet. A l'inverse, le fait que le jeu ne positionne pas Tchia sur la carte qui nous est donné à l'exception des panneaux routiers mais quelle formidable idée servant l'immersion. La boussole que l'on peut choisir d'afficher ou pas d'une simple pression de bouton. L'obtention des objets qui nous sont donnés par nos connaissances, les connaissances qu'on acquiert par le savoir des gens que l'on rencontrent. Et quels rencontres.
On l'a dit, ce jeu est une lettre d'amour à sa terre. Les paysages, les lieux, les musiques. Il faut savoir qu'il est pour grande partie doublé en Drehu, une des nombreuses langues de l'archipel. Le doublage est je trouve inconsistant mais il apporte un charme fou, presque une insouciance à notre périple. Cela est renforcée par les quelques passages musicaux qui ponctuent l'aventure et le scénario que l'on pourra choisir d'accompagner ou de juste regarder pour le plaisir de s'immerger. Le jeu fera aussi intervenir quelques mythes et légendes locales dans son récit en évitant poliment de les aligner ce qui aurait pu le desservir. Il y a une telle sincérité dans ce projet. ça se sent, ça se ressent et ça fait bien longtemps que je n'avais pas senti ça.
J'ai parlé d'aspect de customisations d'ailleurs plus tôt. Sachez que le choix vous sera offert puisqu'au milieu des costumes traditionnels, vous pourrez habiller Tchia avec diverses accessoires plus ou moins modernes ou loufoques. Votre bateau pourra lui voir sa voilure et son pont changer. Le bateau, un accessoire indispensable à votre traversée. Qui aurait mérité lui aussi une amélioration pour la vitesse mais là encore, à l'inverse d'un Wind Waker, je n'ai pas trouver ça comme étant problématique. Peut-être aussi parce que les traversées entre les différentes îles de l'archipel sont rares. Et gare à vous si vous allez trop loin, le Cyclone gronde.
On reprend le large et on atterri sur une autre île. Et là, on découvre un autre dessein. Une terre modernisée, désolée, polluée. C'est un autre monde. Il y a bien quelques splendeurs pour nous rappeler que nous sommes dans un lieu autrefois fantastique mais le ton est donné. Le jeu se rappelle alors au bon souvenir de Beyond Good and Evil en un peu plus simple. Sans doute l'aspect que j'ai le moins apprécié du jeu notamment ce coup des foreuses. Les détruire en un coup devant sans doute suffire.
C'est ici que l'on se rend compte aussi que le système de combat montre quelques faiblesses dans la variété de ce qu'il peut proposer. En effet, défaire les Manoa demandera d'utiliser une source de chaleur. Ces sources n'étant pas toujours illimité, il conviendra alors de prendre soin de se préparer quelques peu. Cela ne retire pas toujours l'aspect répétitif de ces affrontements même si on cherchera à éliminer les Manoa avec le plus de style possible, le saut d'âme offrant une option permettant de catapulter un objet à un endroit précis. N'ayez crainte, le jeu est guère punitif. Si vous vous faites attraper, vous recommencerez à partir d'une cage dans le camp dont vous vous échapperez vite. Parce que Tchia, ce n'est pas qu'une simple ôde à la liberté et à la beauté. C'est aussi un jeu qui s'oppose avec un scénario, convenu en apparence mais qui offre une lecture très intéressante. Tchia ne s'épargnes rien, Tchia n'épargne rien et il le fait avec énormément d'élégance bien qu'un peu plus de dialogue n'aurait pas été de trop...il est presque un peu trop poli Tchia et enchaine parfois ses scènes sans véritables liants. Il est toutefois une formidable fable sur le passage à l'âge adulte avec quelques retournements de situations vraiment surprenants et un certain sens de la symbolique vraiment audacieux. Et encore une fois cette fin mais quelle bonne idée, quelle bonne idée !
A la conclusion de ces lignes, soyez sûr d'une chose : je reviendrai sur Tchia. Comme Breath of the wild avant lui, comme A Short Hike avant lui, j'ai été conquis par la création des studios bordelais d'Awaceb. Il n'est pas une pâle copie de ce qui s'est fait, Tchia à son âme. Il n'est pas juste un jeu dépaysant . Il est un jeu aussi avec un côté obscur. Il est un jeu audacieux et peut-être le jeu indépendant le plus audacieux qu'il m'a été donné de faire. On aurait pu croire que cette audace perdrait Awaceb. Mais il n'en est rien. Parce que j'ai trouvé le jeu brillant sur bien des aspects. Des défauts, bien évidemment qu'il en a dont certains au niveau technique qui se corrigeront avec le temps et se corrige déjà. Mais se dire que 9 personnes sont parvenus à réaliser à leur échelle un jeu aussi sincère et grandiose, ça force le respect et sincèrement...je vois pas comment le jeu aurait pu être mieux. Et je pense que certains jeux vont regarder cette copie parce qu'il y a des choses très intéressantes à y prendre. ça me donne envie de prendre mon appareil photo (comment, j'ai pas parlé de l'appareil photo?) et d'y retourner.
Evidemment, certains ne seront pas en résonnance avec ce que le jeu veut offrir. Mais je suis persuadé que ceux qui y plongeront garderont cette parenthèse calédonienne bien longtemps en mémoire. Pour ma part, mon voyage prend fin pour un temps. Oleti Tchia.
Créée
le 29 mars 2023
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