Parce que The Bard’s Tale est vraiment pompé sur Wizardry, mais alors quelque chose de correct. Reconnaissons qu’il y a eu un vrai effort pour améliorer pleins de concepts, mais le cœur du jeu est tellement similaire que ça en devient presque gênant (pour l’anecdote on peut même importer des personnages de Wizardry, mais comme d’habitude avec ce genre de pratiques pas très orthodoxes le résultat n’est pas génial). On est donc aux commandes de six aventuriers que vous allez faire progresser de donjon en donjon, tout en mappant lesdits donjons, à la main de préférence.
Première amélioration qui saute aux yeux : le côté technique. Les ennemis sont plus jolis, (un peu) animés, les décors sont colorés, le système de semi-permadeath est moins punitif (mouais j’aurais préféré qu’il disparaisse) et surtout les menus sont bien meilleurs que chez son modèle. On navigue beaucoup plus facilement de personnage en personnage, la vitesse de défilement du texte réglable permet d’accélérer les combats et tout répond très bien. Oh et les sorts ne se débloquent pas au hasard, ce qui est beaucoup mieux. Bon par contre, avant de vous rendre compte de tout ça il va vous falloir mourir. Un paquet de fois.
Parce que le début du jeu est d’une difficulté démentielle, que plein d’ennemis peuvent vous tuer vos six personnages comme de rien, que vous n’avez pas de sort de soin, et qu’avant de pouvoir en obtenir il va vous falloir trouver l’endroit où l’on peut augmenter de niveau si on a suffisamment d’XP, endroit caché dans une ville qu’il vous faudra des heures à mapper. Car oui, à l’instar d’Ultima II et III, les développeurs se sont dit que cacher quelque chose d’aussi indispensable au joueur était une bonne idée. Moi je trouve ça abominablement stupide, parce que tant que vous n’avez pas de sorts de soin vous passez votre temps à rebooter le jeu à chaque mort (ce qui vous fait perdre tout votre or), et ça ralentit d’autant la cartographie urbaine qui est nécessaire pour trouver ce fameux endroit. Bref, moi qui aime bien les débuts de jeu difficiles on peut dire que j’ai été servi !
Et il faut avouer que quand on arrête enfin de cracher du sang en permanence (10/15 heures pour en arriver là quand même hein), le jeu commence à s’équilibrer et devient de plus en plus agréable. Nos personnages deviennent plus puissants, on commence enfin à gagner (et à conserver) un peu d’or, on se sent fin prêt pour un vrai donjon (oui car en 10/15 heures on a juste exploré et mappé la première ville du jeu). Et on prend du plaisir à explorer ce premier donjon, à le dessiner case par case, à s’en extraire quand on commence à être un peu trop blessés, bref c’est Wizardry, mais en mieux. Bon il y a bien 2/3 ennemis lanceurs de sort trop puissants, mais globalement on s’en sort.
Par contre il y a des énigmes un peu trop difficiles pour les mous du bulbe dans mon genre (=> soluce), et un bug idiot qui rendait mon barde invincible tout en m’empêchant de progresser, ce qui m’a forcé à quelques resets à des moments où j’en avais pas du tout envie.
Le donjon suivant commence à proposer quelques spinners / téléporteurs / cases sans lumière, et honnêtement ça reste très fun. Je trouve que bien utilisé, ce genre de procédé pimente un peu le jeu et le mapping.
Mais tout part en cacahuète dans le troisième donjon, qui lui pour le coup se met à abuser de ces procédés, à tel point qu’on finit par ne plus savoir où on est la plupart du temps, et donc à ne plus pouvoir mapper. On ne peut accéder à ce donjon qu’en passant par le donjon précédent, donc il faut déjà un certain temps à chaque essai, mais en plus c’est un festival de case sombres, de téléporteurs, de spinner, et d’anti-magie qui ôtent juste tout le fun du jeu. Quand des pans entiers de donjons sont truffés de ce genre de truc, ben ça tue le mapping, qui est pour moi le cœur du jeu, et on ne s’amuse plus du tout.
Mais alors quand je dis plus du tout c’est plus du tout hein. Parce que j’ai abandonné le jeu, et que pour me faire abandonner un jeu auquel j’ai déjà joué 54 heures autant dire qu’il en faut beaucoup. Alors j’ai pas abandonné du premier coup, j’ai eu plusieurs instants d’hésitation, mais à chaque foi que j’y revenais il m’a fallu me rendre à l’évidence : le jeu était devenu injouable et ne m’amusait plus du tout.
Bref, The Bard’s Tale c’est : un début franchement difficile, une seconde partie mieux équilibrée et très amusante, et une troisième partie injouable.
12/20