Fureur dans le bunker

Wales Interactive est un éditeur et développeur de jeux FMV. Bien qu'ils aient conçu d'autres titres par le passé, The Bunker est le premier jeu du studio dont j'ai vraiment entendu parler (et accessoirement le premier titre de l'éditeur à avoir sa page Wikipédia dédié à l'heure qu'il est). Et ça tombe bien, Humble Bundle a récemment mis en vente un bundle (ou plutôt un lot si on tient à rester dans la langue de Molière) comprenant le jeu dont il est question ici.

Étant né en 1994, sans PC ni consoles, et ma famille n'ayant aucune culture vidéoludique, je n'ai jamais connu l'époque des FMV, très à la mode durant la décennie dans laquelle je suis né. The Bunker est donc le premier titre auquel je joue provenant d'un genre duquel je n'ai pratiquement jamais entendu du bien.

Est-ce que ça valait le coup ? Franchement… non. J'ai beau ne pas être un partisan du « le gameplay avant tout » ou du « mais c'est un film lol », l'expérience que j'ai eu avec The Bunker s'est avérée relativement moyenne, en tout cas, pas vraiment intéressante. Si le format « cinématographique » pose déjà problème ne serait-ce qu'au niveau de la réutilisation de certains passages vus plus tôt, d'extraits qui sont utilisés à plusieurs reprises (ce que je suis prêt à pardonner), il en pose encore plus en ce qui concerne les choix, et même pour le dire plus simplement, en ce qui concerne l'interactivité.

C'est dommage qu'on soit dans un jeu vidéo tient.

On est beaucoup trop sur rails, les interactions avec l'environnement sont très peu nombreuses, et peu d'entre elles se révèlent intéressantes (la plupart du temps, il s'agit de documents à ramasser, d'ordinateurs à consulter, de cassettes à lire…). Pour le coup, même la formule Telltale des années 2010, elle aussi sur rails, arrive à proposer plus d'interactivité.

En ce qui concerne les choix, c'est pire. Le seul qu'on ait à faire se fait à la toute fin et les autres modifieront, au mieux, la cinématique que l'on est en train de voir d'une dizaine de secondes. Les développeurs n'hésitent d'ailleurs pas à nous empêcher d'agir lors de certains passages. Par exemple, à un moment, John, le personnage principal, tombe sur le bras et se blesse après être monté sur un escabeau branlant : l'obligeant à aller se soigner puis à devoir quitter les lieux… mais à aucun moment, on ne peut éviter ladite chute, ou amoindrir les dégâts. Le titre nous ôte la possibilité de choisir quand on aimerait pouvoir le faire justement. Le choix final est d'ailleurs vraiment ridicule. Je ne suis déjà pas bien fan du fait que l'on puisse choisir, mais le choix qui nous est proposé se révèle quant à lui complètement ridicule.

Les acteurs ne sont pas très connus, mais heureusement, ils se débrouillent plutôt bien. En tout cas, on s'éloigne du cliché du FMV nanardesque. Adam Brown a interprété le personnage d'Ori (le hobbit qu'on voit le moins à l'écran) dans l'adaptation du Hobbit par Peter Jackson ; l'actrice incarnant sa mère, Sarah Greene, a fait quelques apparitions dans des séries (Penny Dreadful principalement) ; et les autres acteurs peuvent aussi être aperçus durant quelques secondes dans d'autres séries et films, mais aucune tête d'affiche dans le tas.

En fait, The Bunker ressemble surtout à un long-métrage amateur. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose, j'ai vu un tas de courts et de longs-métrages amateurs qui s'en tiraient plutôt bien… mais en ce qui concerne le jeu dont il est question, je n'ai pas trouvé le scénario très intéressant non plus. C'est trop long pour ce que ç'a à raconter, cousu de fil blanc : bref, c'est du très (trop) classique.

Finalement, c'est à se demander si, tel un David Cage, les développeurs n'ont pas tenté le pari du jeu vidéo, car les critiques sont généralement plus clémentes concernant cet aspect-là dans ce média. Un Fahrenheit ou un Beyond Two Souls, tu les sors au cinéma, ils se font laminer tant c'est écrit avec le cul ! Paradoxalement, The Bunker a beau être mieux écrit qu'un titre moyen de David Cage (ce qui équivaut à 99 % de la production cinématographie actuelle et 80 % de la production vidéoludique), il s'est tapé des critiques globalement moyennes. La faute à pas de chance ? La presse se fait corrompre plus facilement quand il s'agit de AAA ? (oui) Quoi qu'il en soit, de mon côté, je n'ai pas trouvé cette production Wales Interactive très intéressante. C'est d'autant plus dommage, car je n'ai pas l'impression que l'équipe technique de ce jeu/film soit composé de branquignols non plus : la photographie fait le taf', les costumes et les décors (même si on sent un certain manque de budget… je serais d'ailleurs curieux de connaître le budget d'une telle production, je n'ai rien retrouvé malgré mes faibles recherches) ne jurent pas avec l'univers, et même si je n'ai pas été subjugué par le jeu des acteurs, on est à mille lieues de nombreux FMV.

Malgré tout, Late Shift, publié en 2017, ayant eu droit à des critiques plus positives, et ayant été conçues par une tout autre équipe technique, j'ai tout de même envie de laisser une autre chance aux productions Wales Interactive malgré The Bunker.