The Darkest Tales
The Darkest Tales

Jeu de Trinity Team et 101XP (2022PC)

Il était une fois : le désespoir et les ténèbres

Une dizaine d'heure de jeu à mon actif


Les contes populaires ! Tout le monde a déjà au moins lu, si ce n'est entendu parler, des contes retranscrits par Perrault, les frères Grimm et autre Andersen. Si ce n'est par le biais de leurs recueils, le studio Disney a très probablement permis la découverte de ces derniers (Blanche-Neige, La Petite Sirène...) tout comme le partage de quelques romans de grands noms tels que Peter Pan, Pinocchio...) offrant aux enfants du monde entier une version, certes très romancée et édulcorée, de ces petites histoires intemporelles. Car il ne faut pas se leurrer, ces contes et romans ne sont pas connus pour leurs "happy-endings", mais plutôt pour leurs côtés sombres et violents. De ce fait, pourquoi ne pas prendre parti de la véritable atmosphère des contes populaires pour en faire quelque chose d'atypique ? The Darkest Tales est un jeu de plateforme prenant place dans le cauchemar d'une jeune fille, envahie par les côtés sombres des personnages des contes populaires ; on pourrait s'amuser à le classer dans de la Fantasy Féérique, mais avec une facette plus particulière, moins joyeuse. Développé par Trinity Team, ce jeu revisite les grands contes en leur offrant une lecture pour le moins plaisante !


Nous incarnons Teddy, l'ours en peluche d'Alicia, une petite fille qui est en train de vivre dans son sommeil un horrible cauchemar. En tant que compagnon de repos, Teddy se doit d'éliminer la menace, mais a-t-il seulement vu le complot qui se met en place dans les ombres des mauvais rêves ?

Pas plus de spoil !


Car au premier abord, s'il semble que nous avons en face de nous une histoire classique à base d'éradication pure et simple de démons mangeurs de rêves, on se rend au fur et à mesure que notre quête initiale a été détournée pour un final surprenant (bien que, malheureusement pour moi, je venais de terminer un jeu qui employait le même rebondissement final, ce qui m'a un peu déçu sur le coup car je voyais déjà les ficelles narratives se mettre en place - dans tous les cas, je suis resté agréablement surpris par la direction prise quant à la conclusion de ce jeu).

Ainsi, nous incarnons Teddy, l'ours en peluche tout mignon d'Alicia, se jetant à corps perdu dans les rêves corrompus de sa maîtresses avec, pour objectif, de mettre un terme aux agissements malsains de l'esprit qui sème la zizanie. Chaque esprit - un personnage de conte - fait germer dans le sommeil d'Alicia une peur du monde des adultes. De ce fait, on joue ici sur la transition entre la jeunesse naïve et innocente vers la maturité de l'âge adulte, enclin aux sacrifices et à la perte d'intérêt pour les bonheurs futiles mais nécessaires pour l'âme d'enfant. Le but de Teddy est alors de réconforter le sommeil de sa maîtresse en massacrant les auteurs de ces troubles du sommeil. Et c'est toujours bien vu de remettre sur le devant de la scène les moralités et les sous-textes délivrés par les contes populaires, de mettre en lumière les préventions mises en avant... de revenir en somme à la base : un conte sert à préparer l'enfant à l'âge adulte en lui offrant réflexion, connaissances, libre arbitre... afin de ne pas tomber dans les pièges singuliers et pourtant omniprésents du vrai monde. Un scénario fort plaisant sur fond moralisateur, sublimé par les points qui seront développés dans un moment et, bien évidemment, par les innombrables références aux personnages, situations, événements tirés des contes et autres romans de jeunesse du même gabarit. Une fois encore, c'est vraiment sympathique de revenir aux sources des contes en exagérant l'aspect horrifique de leurs histoires, personnages...


Et bien évidemment, que serait un jeu, une histoire comme celle-là sans des personnages tout à fait taillés pour ce genre d'aventure ? Teddy est tout bonnement délicieux dans son rôle de nounours abandonné par sa maitresse grandissante, éloignant de ce fait tous les accessoires que l'âge tend à nommer de "ringards", de trop enfantins ; tendance qui va dans un premier temps le faire choisir l'inaction, par vengeance quant à l'abandon dont il est la victime. Mais ce n'est que poussé par une petite luciole qu'il va finalement en venir aux mains avec les étrangetés envahissant le sommeil de sa maîtresse. Et bien sûr, entre un nounours grincheux et une luciole avide de protéger la pauvre Alicia, la relation ne peut être d'exquise : ils se complètent à la perfection et leurs interactions ne laissent pas indifférents, nous lâchant plusieurs sourires amusés ; ce qui fait, en un sens, que ce ne sont pas les ciseaux que Teddy use par pourfendre les ombres oniriques qui sont les plus tranchants et efficaces contre ces ennemis, mais bien son verbe, sa manière de décrire les ennuis qui se montrent à lui et sa répartie sublime, à la fois blasée mais tellement juste.

Concernant les antagonistes que sont les différents personnages de contes, force est de constater que dans l'ensemble, ils ont de bons arguments, que ce soit dans leur style vestimentaire, leur manière d'être et d'agir mais surtout sur l'aspect "moralisateur", étant donné que chacun semble incarner un point, une situation, un défaut lié au développement d'un enfant face au monde véritable.

Sachant qu'il ne faut bien évidemment pas se fier aux apparences et que chaque personnage offre, au fur et à mesure du jeu, une double identité, une double lecture... ce qui ajoute à la narration et à la tension scénaristique encore plus de piquant pour une expérience de jeu véritablement prenante.


Concernant la technique maintenant : nous sommes sur un jeu de plateforme, ce qui implique pas mal d'allers-et-retours et surtout de nombreux essais pour passer les différents obstacles qui se présentent à nous. Le jeu est loin d'être insurmontable, néanmoins, force est de constater que certains passages se révèlent ardus comme pas possible... Teddy débloque au cours de l'histoire de nombreuses compétences (et armes) qui lui permettent d'arriver à bout des ennuis et des niveaux mais on en vient toujours à trouver l'ennemi agaçant au possible (pour ma part, les chauves-souris aux paternes incompréhensibles ou les petits pinocchios qui m'ont bien frustré) ou aux passages verticaux où la moindre erreur te fait redescendre les innombrables étages de la tour que tu escaladais... Cependant, en ôtant ces aspects là, force est de constater que le jeu emprunte une difficulté croissante convenable, offrant comme déclaré précédemment des compétences et des armes permettant d'anéantir la difficulté (et à ce propos, le fusil est complètement pété !). On n'est jamais perdus, que ce soit dans les parcours à faire ou les ennemis à combattre - certains boss resteront quelque peu fumeux quant à la manière de les abattre mais on arrive toujours, avec plus ou moins de mal, à les finir après maintes essais (de mémoire, la Belle au Bois Dormant fut mon cauchemar personnel, au même titre que la Petite Sirène).

Dans ce paragraphe, on peut aborder les graphismes qui sont fort sympathiques avec une touche bien morbide pour de nombreux décors ; mention spéciale à ceux du Petit Chaperon Rouge qui, d'entré de jeu, nous donne la couleur et la tonalité de cette aventure. Un beau travail donc sur les couleurs, les lumières et l'ambiance pesante et violente.

Pour ce qui tourne autour des combats, on nous offre de nombreuses compétences et armes pour me répéter encore une fois et si certains mouvements sont difficiles à faire (généralement liés à un succès ; coucou Steam !), après deux ou trois essais, on parvient à prendre le coup de main. Les affrontements, aussi contre les adversaires mineurs que contre les boss, sont dynamiques et fluides et les duels finaux (contre les boss donc) sont assez inventifs et plaisants à faire.


Concernant les décors et les lieux, je vais répéter ce qui a été en parti dit précédemment : l'aspect horrifique donné aux différents lieux tirés des contes populaires est l'un de meilleurs points du jeu. C'est riche, coloré et malsain en de nombreux moments, ce qui donne une véritable identité à ce jeu aux abords mignon. Sans parler des innombrables références visuelles qui parsèment les différents niveaux !


Pour les musiques, je dois avouer être un peu déçu : quelques titres sont fort sympathiques mais pour le reste, on demeure sur des notes qui ne restent pas suffisant longtemps en tête ou qui ne surprennent pas assez longtemps. Ce qui est dommage pour un jeu jouant vraiment sur l'aspect sanglant et horrifique des contes populaires, une alliance visuelle et auditive semblait la chose à ne pas manquer. Malheureusement, pour ma part, je n'ai pas été réceptif aux efforts et accords proposés...


The Darkest Tales est une bouffée d'air frais dans le monde des contes populaires dans le sens où, si l'on a bien évidemment des œuvres qui se permettent de jouer avec la facette malsaine des contes, l'on reste encore attaché aux regards bienveillants et enchanteurs des créations issus des studios Disney. Prenant pour ses situations, ses personnages et ses rebondissements, je ne peux que chaudement recommander ce jeu qui mérite sincèrement d'être essayé et fini ; une expérience comme celle-là, ça ne se manque pas !

Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
8
Écrit par

Créée

le 23 nov. 2023

Critique lue 18 fois

PhenixduXib

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