Première partie ici.
The Darkness II est bancale. Aussi vrai que la série Batman Arkham par Rocksteady s'appuie sur l'imagerie populaire du personnage plus que sur les nombreux comics Batman, la série vidéoludique The Darkness se base sur le titre de Starbreeze de 2007 plus que sur le comics. La nouvelle équipe de développement veut retourner aux sources du comics mais ne peut, voir ne veut, s'écarter complètement du premier opus qui a charmé nombre de joueurs de jeux vidéo.
The Darkness II, c'est un peu comme si Schumasher n'avait pas voulu mettre les films de Tim Burton à la poubelle pour construire Batman Forever. Le problème fondamentale vient du fait que Jackie Estacado est un personnage méconnu du grand publique. Le problème fondamentale vient du fait que la ré-personnification d'Estacado par Starbreeze est passée inaperçue.
Quel est le point commun entre les Batman de Burton, Schumasher et Nolan ? Bruce Wayne, le milliardaire beaugosse et charitable qui s'oppose à Batman le vengeur masqué (une réinterprétation de Zorro ?). Chaque titre Batman populaire se base sur ce concept. Qui sont The Darkness et Jackie Estacado ? Peu de gens sont capables de répondre à cette question, la cause profonde de l'échec de The Darkness II.
Starbreeze
Si on se base sur le jeu Starbreeze, Jackie Estacado est un jeune voyou au grand coeur toujours prêt à aider son prochain (conféré side quest) recruté par une famille de mafieux à l'adolescence (conféré main quest). Le jour de ses 21 ans, il est possédé par le Darkness, une puissance maléfique surpassant nos plus abominables cauchemards. Starbreeze dépeint le Darkness comme une entité Chtuluienne, une menace que l'on ne peut pas combattre. Une malédiction dans tous les sens du termes, pour l'humanité entière, son porteur inclus (Jackie).
Comics
Le comics The Darkness est très différent. Jackie Estacado est à la fois plus simple et plus complexe que le personnage de Starbreeze. C'est effectivement un jeune voyou recruté par un baron du crime à l'adolescence. Un mafieux capable de tout pour protéger ceux qu'il aime à l'image de celle qu'il considère comme sa petite soeur depuis l'orphelinat : Jenny. Mais Jackie est aussi un beaugosse badass aux costumes hors de prix, un homme à femme enchainant les conquêtes féminines, un gangster macho dans tout ce qu'il a de plus caricaturale et rebutant.
Le personnage du comics n'est pas aussi "likable" que celui de Starbreeze pour une raison simple : Jackie Estacado n'a ni été conçu comme un héros, ni comme un anti héros. Jackie Estacado a été conçu comme un antagoniste d'une héroïne. Définition d'antagoniste : menace qu'on peut combattre ? ^^
L'héroïne en question : Sara Pezzini aka The Witchblade. Les comics Top Cow posent un équilibre simple. Il y a le bien, l'Angelus. Elles sont femmes, elles sont multiples, et puisent leur puissance dans la lumière. Il y a le mal, le Darkness. Il est unique, parasite un corps d'homme (Estacado à l'ère du comics), et puise sa puissance dans l'obscurité. Il y a la justice, c'est la Witchblade, elle parasite Sara Pezzini (à l'ère du comics).
A partir du volume 10 de Witchblade, le spin off The Darkness commence, faisant, par lien de cause à effet, de l'antagoniste de la Witchblade (The Darkness plus qu'Estacado) un anti héros (de The Darkness) d'où l'introduction de Jenny (créant de l'empathie pour ce gangster). Tout ceci a surement été pensé de façon commerciale, les comics s'intercroisant parfaitement en terme de chronologie (jusqu'à ce que j'ai arrêté de suivre en tout cas). Pour résumer, Jackie Estacado devient le Darkness le jour de ses 21 ans le privant par la même de sa plus grande passion : coucher avec des belles femmes. Belles femmes dont les comics WitchBlade et Darkness regorgent. Belles femmes qui complexent la pauvre Jenny qui rêverait d'être dans les bras de Jackie. Belles femmes qui sont la passion de Top Cow productions.
Sonatine confronts Jackie with the fact that he can no longer have sex. Eventually Jackie decides to discuss matters with Sonatine because he kidnapped Jenny but is attacked by the Angelus.
Synopsis de The Darkness Volume 3 "Almost an Angel"
Source
Digital Extrême Dilemna
The Darkness II essaie donc de revenir au comics en proposant une atmosphère chaude et colorée chère à Top Cow, et en installant les factions majeures posées par les premiers numéros du comics (la confrérie du Darkness et l'Angelus). Il choisi néanmoins de passer à la trape la Magdalena du vatican (ce qui peut s'expliquer) la Witchblade (ce qui peut difficilement s'expliquer) et la thématique des bonasses à gogo (coincé par l'opus de Starbreeze). Vous l'avez compris, le Darkness n'est pas une entité chtuluienne inattaquable (Starbreeze / Mass Effect 1 Reaper), mais une entité maléfique qui regorge d'ennemi(e)s potentielles (Witchblade, Angelus, Magdalena). Après tout, que serait Batman (Witchblade) sans le Joker (The Darkness) ? ^^ Batman Arkham Knight anyone ?
Le jeu Starbreeze mettait l'emphase sur la peur et la terreur avec une voix off brillante permettant de symboliser l'entité maléfique soutenu par un gameplay pataud parfois "infiltration" parfois aventuresque (semi hub et side quest). Une réinterprétation passant à la trape le gore et le fun du comics. Le jeu Digital Extreme décide d'ouvrir les vannes sur la violence et le trash, car c'est à peu près le seul point sur lesquels Starbreeze ne les a pas handicapé. Le jeu est plus bourrin (comme le comics) mais aussi plus intéressant dans son battle design (enemy placement, type d'ennemis, super pouvoirs / vulnérabilité, arbre de progression, weapon set etc). Un jeu linéaire et confiné (hélas) mais non dénué de scénario (beaucoup plus proche du comics) et de parti pris intéressant (la confusion de la réalité).
L'echec de Digital Extreme
Ils n'ont pas cherché à retravailler Jackie Estacado (et les personnages en général) ne procurant aucune bonne raison au joueur du premier opus d'accepter leur parti pris. A l'exception du Darkling (et je salut le travail de Digital Extreme pour nous avoir fait sortir cette adorable dégueulasserie de sa planche de BD, là où Starbreeze avait échoué), tous l'univers à un relan de "sous-Starbreeze sauce comics". Ca donne une oeuvre bâtarde. Personnellement, la dernière fois que j'ai eu ce genre de goût amer, c'est en jouant à Mass Effect revu et corrigé par Electronics Arts (sous Bioware sauce EA). Un Shepard qui devient Bloody Icon pour rien, un Shepard qui bosse pour des terroristes sans que l'auteur ne cherche à expliquer pourquoi. Un auteur qui donne l'impression de chier sur l'opus précédent par sa structure linéaire orientée action, dénuée de toute atmosphère civilisée/politique que procurait des lieux comme la Citadelle ou Noveria. The Darkness II essaie de revenir au comics pour lui rendre hommage, mais ne s'en donne pas les moyens par manque d'ambition et par la prison construite par l'Estacado de Starbreeze (un bon petit gars). Un shooter jouissif, plaisant, mais surtout oubliable.