Skyrim, on ne va pas se mentir, je t'ai défendu avant ta sortie, j'ai voulu croire en toi, au renouveau de la traditionnelle écriture insipide de tes auteurs et j'ai même espéré passer de longues heures épiques en ta compagnie. Mais tu t'en doutes - vu qu'il y a un mais - je ne suis pas content et si je t'en parle, c'est pour te faire réaliser pourquoi notre amour est impossible, pourquoi nous ne resterons pas amis et pourquoi je veux t'oublier en espérant ne plus jamais te revoir ni toi, ni les autres dans ton genre.
Contrairement à l'une de tes conquêtes affirmant avoir eu peur de "déposer les armes au bout de cinq heures" avant de t'encenser dans un indécent étalage de flagorneries, je n'ai pas réussi à dépasser ce fameux cap des cinq heures. C'est d'ailleurs exactement le temps consacré à t'explorer avant de me rendre compte qu'au sein de ton univers, j'avançais avec l'enthousiasme du condamné à mort grimpant sur l'échafaud. Allons-y franchement, j'ai moins eu l'impression de passer une épreuve de résistance à l'ennui en lisant la trilogie du Seigneur des Anneaux voire même Le Silmarillion (tu réalises la portée de la comparaison, là ?) qu'en parcourant tes décors ternes, en croisant tes personnages creux comme des trous noirs et toutes tes petites histoires futiles à la qualité narrative proche de ces romans écrits en quinze jours pour contenter les indulgents affamés d'Heroic-Fantasy.
Tes dragons cache-misère ne fonctionnent pas sur moi, tes nombreuses quêtes et la liberté offerte n'y changeront rien, il me suffit de penser une seconde à l'idée de retourner mourir d'ennui dans tes décors déprimants pour avoir la nausée. On me parle de tes premières heures, unanimement pénibles et nécessitant un gros effort. Au nom de quoi, exactement devrais-je lutter plus de cinq heures dans un jeu censé me transporter, m'enivrer, me donner d'irrépressibles envies d'y revenir à toute heure du jour et de la nuit ? Ca ne marche pas comme ça, je ne marche pas comme ça et toi tu voudrais me voir transformer un supposé plaisir en effort.
Le pire ? Tu n'as rien appris. Tu sembles toujours te complaire dans une époque révolue en pensant que m'envoyer un peu partout chercher ci, chercher ça, ramener ceci ou ramener cela (vas-y dis le... je suis ton chien) va suffire à faire passer la pilule. Tu pourras me répondre que ce sont des codes historiques, que tu ne fais que les respecter et moi je me vois obligé de te dire la triste vérité : quinze ans à vomir les mêmes mécaniques en les emballant à chaque fois dans un nouvel écrin plus séduisant - mais toujours aussi mal animé - que le précédent, ne peut fonctionner sur moi. J'ai besoin d'émotion, de vibrations, de sensations, de me sentir plongé au milieu d'enjeux complexes (et pas ridicules, si tu vois ce dont je parle) tout en croisant des personnages riches et hauts en couleur. J'ai envie d'évolution, de me sentir partie prenante d'une histoire sur laquelle je peux avoir une influence réelle. J'ai envie que chaque décision prise soit suivie de conséquences nettes, j'ai envie de ne pas avoir le temps de réfléchir à une action avant de la prendre afin de devoir en assumer toutes les conséquences par la suite, j'ai envie de...
J'ai envie d'un autre jeu que toi. Un qui ne me demande pas de m'inventer ma propre histoire (et vu qu'on en parle je me suis moins ennuyé en jouant aux Sims, tu comprends ?) et pas un jeu qui me promet déjà de nouvelles heures d'ennui profond lors d'un prochain épisode affublé, une fois de plus, des mêmes défauts et qui, une fois de plus, me poussera plutôt à descendre les poubelles, passer l'aspirateur, tailler une haie ou sombrer dans un coma profond pour ne surtout pas avoir à le relancer.
Il fallait que ce soit dit.
Adieu.