Mes récentes relectures des Défis Fantastiques m'ont donné envie de me pencher un peu sur les produits dérivés de la série. La plupart sont passés inaperçus de ce côté-ci de la Manche, mais pourtant, Dieu sait qu'il y en a eu, entre les romans, les jeux de rôle, les magazines, les figurines et, pour en venir à ce qui nous intéresse ici, les jeux vidéo. Je sors un peu de ma zone de confort en critiquant un jeu sorti quatre ans avant ma naissance sur une machine dont j'ignorais jusqu'à l'existence il y a quelques jours de ça, mais même ainsi, du haut de toute mon ignorance de la scène vidéoludique de la première moitié des années 1980, et après y avoir joué pendant à peine un quart d'heure sur un pauvre émulateur qui clignote comme pas possible, j'ose clamer que Forest of Doom, c'est de la merde.
Certes, adapter un livre-jeu en jeu vidéo n'est peut-être pas la tâche la plus évidente qui soit, mais de là à faire preuve d'une telle incurie, ça dépasse l'entendement. Qu'on en juge : après avoir été accueilli par un écran-titre raisonnablement beau vu les capacités de la machine, on arrive sur l'interface de création du personnage, lisible et colorée, c'est plutôt sympa. Simulation de lancers de dés, Habileté Endurance Chance, rien d'inattendu jusqu'ici. J'espère que vous avez bien profité de ce bref moment d'interactivité, parce qu'ensuite, le jeu vous inflige un texte qui défile à une vitesse épouvantablement lente, pendant sept minutes. SEPT MINUTES. Et quel texte ! C'est mot pour mot l'introduction du livre de Ian Livingstone, en gros caractères pixellisés noirs sur un parchemin couleur pisse. SEPT MINUTES. Et inutile de rêver, vous ne verrez pas la carte de Gromollet. Et tout le jeu est comme ça. C'est toujours le texte du livre qui s'affiche à l'écran, mot pour mot, lettre après lettre, comme l'annonce de votre mort prochaine. La seule différence avec le livre, c'est que le jeu a la décence de gérer lui-même les combats, et il vous offre même des illustrations hideuses aux couleurs radioactives des monstres que vous affrontez. C'est trop, il ne fallait pas.
Je ne vois pas comment le dire autrement : ce jeu me laisse sur le cul. Expliquez-moi qui voudrait s'infliger cette horreur à la place du livre ? Qui préfèrerait subir un texte défilant à la vitesse d'une plaque continentale sur un écran moche au lieu de lire à son rythme le texte de Livingstone sur du beau papier blanc ? Qui préfèrerait des bouillies de pixels aux jolies illustrations en noir et blanc de Malcolm Barter ? Même moi, qui suis le plus gros flemmard du monde quand il s'agit de jeter les dés, je préfère encore ça à l'idée de subir ce « jeu » une seule seconde de plus.