Episode attendu par un grand nombre de joueurs, car mettant en scène l’époque de Meiji et Sherlock Holmes, The Great Ace Attorney n’est malheureusement pas encore sorti sur le sol européen. Cependant, je vais essayer de livrer mon avis après avoir fini le jeu en 32h, le tout garanti sans spoil.
Cet épisode garde tout ce qui fait le charme de la série (personnages, affaires, OST, mise en scène) et j’ai donc pris plaisir à le faire de bout en bout. Mais ce spin off cumule deux déceptions qui auront aussitôt fait de rebuter pas mal de joueurs : les défauts de la saga sont toujours là (incohérences qui nous mènent au game over, personnages trisomiques qui mettent 1h à comprendre un truc évident et qui nous emmènent dans un blabla long et inutile), et les promesses (Meiji, Sherlock Holmes) ne sont pas respectées.
D’abord l’ère Meiji – époque extrêmement intéressante du fait des changements drastiques dans tout le système judiciaire du Japon – n’est absolument pas exploitée. D’une part parce que le jeu se passe aux 3/4 à Londres, mais surtout parce qu’à aucun moment l’époque n’a une influence sur les phases au tribunal (contrairement au cross over avec Layton qui avait reussi à incorporer la logique Laytonienne aux tribunaux). Vous allez jouer exactement de la même manière qu’aux précédents épisodes. Ensuite Sherlock Holmes, qui n’est présent….à 100% que dans une seule affaire (la moins bonne…) et furtivement dans 2 autres cas.
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Heureusement, les rares phases avec ce grand homme sont amusantes. Le personnage prend un rôle assez comique, et vous aidera à élucider certains cas. En clair, plusieurs fois dans le jeu, Shelock Holmes va tenir un raisonnement superbement mis en scène (et accompagné d’une OST qui arrache) afin de résoudre un mystère. Le hic, c’est qu’il va raconter à peu près n’importe quoi, et votre but sera donc de « corriger légèrement » son raisonnement, amenant une phase de jeu intéressante et nouvelle utilisant notamment les décors.
Mais l’art de la guerre, ce sont les affaires. Et là soufflent le chaud et le froid. Le scénario met un temps fou à décoller, on peut même dire que seule la dernière affaire est importante (car avant cette dernière affaire on a jamais conscience que le scénario évolue), le tout pour partir en un grand n’importe quoi d’incohérence sur les 2-3 dernières heures de jeu (pourrissant le contenu d’une superbe affaire précédente en la rendant incohérente).
De plus, le système de jury (à 6) est repris du cross over. Quand tout le monde vote en défaveur de l’accusé, il vous faudra comparer les raisons du vote de chacun pour y trouver des contradictions et « renverser » grandement le cours des événements (d’où le titre de « Dai Gyakuten » = grand retournement de situation). Cette phase de jeu critique, au bord de l’échec, est intéressante voire passionnante mais pas crédible car très vite, on se rend compte qu’en fait l’un des personnages du jury est « comme par hasard » connecté à l’affaire et vous donnera LA CLEF pour compléter le puzzle. Du coup, chaque tribunal se jouera sur le fait qu’en réalité l’un des personnages du jury est lié à l’affaire sans le savoir (alors qu’ils sont censés être des randoms) et a en plus une preuve qui ressort comme par magie, renversant totalement la situation. Rageant.
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The-Great-Ace-Attorney-10Autre défaut, l’avocat censé nous donner du fil à retordre n’est pas tres mordant. En réalité il ne parlera que très peu durant les phases de tribunal nous laissant faire tranquillement notre travail. Et lorsqu’il intervient, c’est généralement pour sortir des contres prévisibles (que l’on connait bien avant) qui ne sont jamais nés d’une réflexion particulière. Il n’y aura peut être que 2 ou 3 moments dans tout le jeu où il arrivera à nous mettre en difficulté en sortant une preuve ou en imposant une théorie intéressante. La bataille se fait surtout entre les témoins et le personnage principal, à base de démélage de mensonges et de contradictions.
L’histoire se suit sans lassitude, les personnages sont tous très intéressants et parfois drôles, et la tension est toujours présente aux moments critiques, toujours bien mis en scene grâce à un jeu sonore toujours d’excellente qualité (que ce soit l’OST ou les moments de silence bien placés). Malheureusement les mécaniques menant à la conclusion de chaque tribunal sont mal agencées, et le jeu souffre d’un manque de réelles nouveautés et de travail sur l’univers présenté. Bref, si vous êtes fan de la série vous pouvez foncer, mais si la lassitude vous a déjà plombé sur le 5, alors cet épisode risque fortement d’être celui « de trop ». The Great Ace Attorney est un jeu sur lequel j’ai pesté mais sur lequel j’ai aussi pris mon pied, d’où un avis plutôt mitigé.